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Tout va basculer François Lenglet

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Pouvoir d’achat, dette, déficit, zone euro… Autant de termes économiques qui peuvent paraître barbares. Le journaliste économique François Lenglet les vulgarise dans le 20h
de TF1 ou encore dans la matinale de RTL. Il est venu à Toulon présenter son dernier livre “Tout va basculer” devant des entrepreneurs puis des étudiants à qui il a apporté son éclairage sur plusieurs sujets.

Les régions face à Paris
Avant la fusion, les régions étaient plutôt la déclinaison des administrations nationales. Selon François Lenglet, les patrons des régions impulsent maintenant de véritables identités. Entre deux villes aux mêmes caractéristiques, certaines réussissent plus car elles ont réussi à trouver des spécialités économiques pour se différencier. Ce qui importe pour un investisseur, c’est cette différentiation. Il va s’installer dans une région pour ses infrastructures, son climat favorable, un tissu d’entrepreneurs etc. “Là, la Provence a un atout”, explique le journaliste.

La situation économique en France
“En surface, le pays ne va pas trop mal”, commente le journaliste. Il entre dans les détails avec son niveau de croissance “au-dessus de la moyenne européenne, pour la première fois depuis décembre 2012”.
Changement d’analyse pour le chômage, le déficit et la dette. La situation est plus inquiétante. Il explique cela par deux problèmes. D’abord, une base productive insuffisante. Si nous divisons les heures travaillées en France par le nombre d’habitants on arrive à 630 heures. Cela veut dire qu’un Français sur trois est à plein temps pendant que les deux autres ne travaillent pas. Une durée des carrières et une semaine courte ou encore un nombre élevé de jours fériés expliquent cela. “Nous voulons un État providence pour la santé gratuite, les minimas sociaux et une retraite décente. Or, le déficit persiste car nous avons besoin de prélever pour redistribuer”, précise-t-il.
Deuxième problème : la question du pouvoir d’achat monte tandis que nous n’avons pas réglé le problème de compétitivité. “On a l’impression qu’il faut aider le pouvoir d’achat mais je pense qu’il faut se concentrer sur la production, notre capital humain est mal formé. Les présidents subventionnent le pouvoir d’achat avec du déficit”, conclut-il.

Les Français et les riches
Sur ce sujet, François Lenglet donne le ton. “On n’aime pas la richesse et la réussite en France”. Le journaliste poursuit avec un exemple concret : “Carlos Ghosn et Kylian Mbappé gagnent la même chose. Il y a en a un qu’on aime, l’autre qu’on n’aime pas. Les gens n’ont aucun doute sur le fait que si Mbappé gagne 13 millions, il les vaut. Pour Ghosn, on a un doute. Il a fait de Renault-Nissan le premier constructeur automobile mondial mais “l’idée que les patrons doivent leurs salaires à leurs relations persiste”. Pour étayer son propos il fait un parallèle avec la réforme de l’ISF, qu’il a toujours préconisée. Il a depuis découvert un autre aspect de cet impôt : “J’avais sous-estimé une chose : l’ISF avait le rôle de faciliter le consentement économique à l’impôt. Il faut qu’on entende les riches se plaindre de l’impôt pour accepter de le payer“. Une situation qui n’a pas servi le président de la République : “l’ISF avait donc une vraie fonction politique. Emmanuel Macron en a fait les frais. Il l’a supprimé tout de suite mais tandis que pour les classes moyennes, c’est rendez-vous en 2021“, analyse-t-il.

La montée des populistes en Europe
Marine Le Pen, Matteo Salvini ou encore Viktor Orban. Les visages populistes sont de plus en plus nombreux en Europe. Le programme européen, c’est l’abaissement des frontières pour la libre circulation des hommes, des biens, des services et des capitaux. Le journaliste explique que le besoin de liberté est bien rempli mais pas le besoin de protection. Une situation que n’entendent pas les dirigeants : “Ils ont laissé le magasin à protection aux populistes. Ils disent vouloir continuer dans la même lignée donc, les Européens sont allés vers ce que vendent madame Le Pen ou encore monsieur Salvini”, conclut-il.

Propos recueillis par Laura Berlioz
Crédit photos : Céline Dauvergne