Peintre naturaliste exposé dans le monde entier, Denis Ribas viendra accrocher ses toiles aux murs du château de Solliès-Pont à partir du 18 août. Nous l’avons rencontré sur place pour qu’il nous parle de son métier « d’écrivain d’images », comme il le nomme lui-même. Portrait d’un artiste atypique, au franc parler, avec une vraie signature.
Vous avez un parcours singulier : des études de médecine, le sport de haut niveau, l’enseignement, le secrétariat particulier et finalement la peinture. C’est ce qui vous différencie des autres ?
Cela en fait partie effectivement. Je dirais que j’ai un regard particulier sur l’art. Chaque artiste a son monde et le fait découvrir à travers ses œuvres. La finalité étant, à mon sens, de rendre les gens heureux. Il faut se méfier de la passion que peut générer l’art. Je préfère partager. J’aime donner. C’est ce qui nous rapproche le chanteur Cali est moi, en plus de nos origines catalanes communes. Etre artiste c’est donner. Je n’ai pas une peinture intellectuelle et je ne souhaite pas qu’on l’intellectualise. Je peins la nature. C’est un endroit où tout le monde se sent bien et c’est ce que je veux apporter à travers mes toiles. Revenir à l’essentiel. En cela l’art est intemporel.
Contrairement à ce que l’on peut penser, la peinture n’est pas ma passion. C’est un vecteur pour les rencontres, les voyages et voir les gens heureux. J’aime regarder les yeux des gens devant ma peinture et rentrer le raconter aux miens à la maison. Je ne veux pas qu’elle fasse de moi un objet mercantile ou de séduction. Ça ne m’intéresse pas. Cela peut me rendre un peu méfiant, mais j’ai ma famille et un cercle de vrais amis autour de moi, comme mon agent Bernard Thomel.
La peinture est aussi quelque chose qui me permet de donner un sens à l’instant présent. J’ai du mal à être heureux au présent. A posteriori je peux dire j’ai été heureux, je peux me projeter dans l’avenir et dire ça va être super, mais l’instant présent c’est plus compliqué.
Vous avez un attachement particulier à la Chine. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
La Chine est le premier pays où j’ai senti cette communion entre la nature et l’homme. Moi qui peins en pleine nature, c’est quelque chose qui me touche. Il y a là-bas un lien profond et indestructible entre l’homme et la nature. Ma base est là : la nature. C’est là que je me ressource. L’Ecosse me procure aussi cette intensité d’émotion. D’ailleurs, chaque année la ville d’Edimbourg m’accueille pour un festival.
Vous exposez à partir du 18 août à Solliès-Pont. C’est un exercice qui vous gêne ?
Non, j’aime beaucoup les expositions en solo. J’expose ainsi dans plus de 40 pays dans le monde. Par contre, il est vrai que je me sens moins à l’aise dans les gros salons. Donc, le 18 août aura lieu une soirée privée, le 19 août l’exposition commencera, il y aura un vernissage public le dimanche 28 et tout cela prendra fin le 2 septembre.
On parle beaucoup d’égo chez les artistes, qu’en pensez-vous ?
Un jour quelqu’un m’en a fait le reproche et j’en ai parlé à mon père car j’étais contrarié par ces propos sur moi. Mon père, écrivain, m’a fait la réponse suivante : tu peins pour être exposé, tu veux que tes toiles entrent au musée. J’ai réfuté son analyse mais il a continué : si, ta peinture le veut en tout cas, mais toi reste à l’entrée du musée comme une statue de sel. Tu n’entres pas au musée. Si quelqu’un, qui ne fait pas partie de tes amis, veut te connaître et entrer dans ton intimité renvoie-le à ton œuvre, ne t’épanche pas, ne parle pas avec les inconnus. J’ai trouvé ça extraordinaire de bon sens. Ma femme m’aide aussi en ce sens. Elle ne s’intéresse pas à tout ça. Elle m’évite de me perdre. C’est d’ailleurs le rôle des femmes de nous éviter de nous perdre, non ?
Pour en savoir plus sur Denis Ribas
www.denisribas.fr
Propos recueillis par Karine Perrier