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Duos en solitaire, Frédéric Zeitoun

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Chroniqueur musical pour Télématin, interprète, parolier, auteur pour les plus grands de Bertignac à Lorie, Hugues Aufray, Enrico Macias… Ce boulimique de bonne humeur dévore la vie et vous emmène dans sa promenade où l’autodérision en est l’un des piliers fondamentaux, parce que l’humour bien placé commence par soi-même.

Comment se partage ta vie ?
En chanson et je l’exerce de 3 manières. Soit en écrivant pour les autres, ce qui est mon activité depuis 30 ans. Soit en chantant depuis 10 ans mes chansons, puis des spectacles théâtre et chansons dont le premier avec Pierre-Jean Scavino qui m’accompagnait ; et maintenant en musique avec un ou deux musiciens sur scène. Et ma troisième activité, celle du plaisir, je suis chroniqueur à Télématin tous les samedis matins.

Ta vie a été faite de rencontres, on peut dire que c’est une romance en complicité ?
La première vraie rencontre importante c’est Jacques Martin. J’ai travaillé 4 ans pour lui et il m’a mis en télé. Suite à cela, j’ai écrit des bouquins qui m’ont amené à rencontrer William Leymergie. Ce dernier m’a demandé d’être chroniqueur sur Télématin et l’émission de Sophie Davant, qui n’existe plus, “C’est au programme”. Entre temps, j’ai écrit pour plein de gens comme Frédéric François, Carlos, Laurent Gerra, Louis Bertignac, Hugues Aufray, Zaz… Et depuis quelques années, je chante mes chansons.

Si je te dis Sabrina, qu’est-ce que cela veut dire pour toi ?
Sabrina c’est mon épouse. Elle est mon amie, ma confidente, ma maîtresse et mon épouse. Elle fait partie de ma vie depuis 25 ans. J’ai l’habitude de dire 25 ans de vie peu commune parce que nous sommes tous les deux des passionnés. Les Québecois disent une vie de hauts et de pauses. Avec elle ça s’est toujours bien passé, mais la vie n’est facile pour personne. Tu connais des vies faciles ? Et je n’aurais certainement pas fait ce chemin-là sans elle, ça c’est clair.

Les enfants ?
Notre fils, j’en parle dans une chanson qui s’appelle “Depuis que tu m’as adopté”. Tout est dans la chanson. Simon, c’est notre petit garçon et basta. Je peux en parler en privé autant que tu veux, je n’ai aucun tabou. Aujourd’hui, Simon est un adolescent de 12 ans, il a des copains qui lisent des magazines et il sait que la chanson “Depuis que tu m’as adopté” sur mon précédent album est pour lui. Je pense que ce sont les enfants, biologiques ou pas, qui nous adoptent et pas l’inverse. C’est le soleil de notre vie à sa maman et moi.

L’autodérision fait partie de ta vie ?
Complètement, si on n’a pas d’autodérision, on meurt. Faire preuve d’autodérision et d’humour, à commencer par l’humour sur soi, je pense que c’est une question de politesse. Se prendre au sérieux, c’est une preuve de bêtise totale. Avoir un tout petit peu d’humour, c’est, à mon avis, avoir compris deux-trois choses de la vie. Je plains les gens qui n’ont pas d’humour sur eux et d’humour tout court.

Aujourd’hui, l’humour c’est quand même compliqué ?
Très compliqué mais il y a quand même un truc qu’on ne peut pas nous interdire d’avoir, c’est de l’humour sur soi. L’autodérision n’est pas une posture chez moi. Ce n’est pas pour faire le mec simple, c’est parce que je pense que sans humour, on ne peut pas vivre. C’est trop dur. Si on n’a pas un petit peu ça pour se détendre, où va-t-on? Si tu prends tout au premier degré, tu te flingues.

L’humour ça reste un antistress, qu’en penses-tu ?
C’est une arme contre la bêtise. Pour ma part j’ai deux armes, dans un premier temps, c’est l’humour, l’humour, l’humour et la seconde quand la personne ne comprend pas, tu passes à autre chose. Quand tu as une différence affichée, quand tu es en fauteuil roulant que tu entends certains propos stupides, que tu vois certains regards totalement grossiers, vulgaires, si tu n’as pas un peu d’humour par rapport à ça, autant te suicider tout de suite.

Il y a deux choses dans la vie qui font que les gens oublient ton numéro de téléphone. C’est le manque d’argent et la maladie.
Oui et quand tu as les deux, tu es dans la panade. La France intègre peu les différences, d’autres pays européens ont une sacrée longueur d’avance sur nous. Regarde comment on règle mal le problème des émigrés. Au niveau du handicap, on préfère dédommager les gens plutôt que les intégrer. On préfère payer une pension pour ne pas que la personne intègre le monde du travail plutôt que faire en sorte d’obliger les employeurs à l’embaucher. Il y a un vrai problème par rapport à ça. Nous ne sommes pas une population qui intégrons nos minorités, même si ça bouge de loin, doucement et de profil.

Duos en solitaire album de Frédéric Zeitoun

Si on parlait de ton album “Duos en solitaire“…
J’ai écrit rigoureusement tous les textes et fait quatre mélodies : “Comme tout le monde” avec Doc Gynéco, “Le pot de départ à la retraite” avec Oldelaf, “La vie continue” avec Lynda Lemay et “Duo en solitaire” la dernière. Sur “J’ai appris”, c’est Jean-Claude Ghrenassia, le fils de Enrico Macias qui s’est bien approprié Yves Duteil et la musique aussi.
Comment fait-on pour sortir un album aussi éclectique ? Charles Aznavour, Michel Fugain, Marie-Paule Belle, Enrico Macias, Yves Duteil…
Je les ai rencontré et ça s’est fait comme ça. Il y en a beaucoup pour qui j’avais travaillé, comme Enrico Macias ; d’autres que j’avais interviewé. Avec Michel Fugain, on a écrit la chanson ensemble. Yves Duteil, on s’aimait beaucoup et on avait envie de faire des choses ensemble. Ça s’est vraiment fait naturellement. J’ai appelé les gens en leur disant : “Voilà, j’ai une chanson, dites-moi ce que vous en pensez”. Et très honnêtement, neuf fois sur dix, ils ont dit banco.

Aujourd’hui, de toute cette vie, quel est ton meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir, c’est la prochaine chanson, la prochaine rencontre, la prochaine scène. Mais le plus fort souvenir professionnel, à vrai dire j’en ai trois. Il y a trois rencontres qui ont fait ma vie et je voudrais bien qu’on leur rende hommage. Jacques Martin, qui m’a ouvert un coin de possible, il m’a montré que des choses que je croyais impossibles l’étaient. Gérard Davoust, qui est mon éditeur depuis 30 ans et qui est toujours là, c’est lui qui m’a présenté Charles Aznavour, la troisième rencontre. Ces trois rencontres-là sont les rencontres essentielles à ma vie professionnelle.

Propos recueillis par Manouk B
Crédit photo : Pierrick Béquet