Après un premier dossier (que nous avons traité dans notre précédent numéro) sur le bien vivre à La Valette, nous poursuivons avec Thierry Albertini, le Maire de cette commune à propos du bien respirer et du bien circuler. Une vrai bataille dans un dédale de voies et de constructions qui n’arrange pas les choses. Mais quand on rencontre un problème, on trouve toujours une solution.
La qualité de l’air ça va aussi avec la qualité de déplacement ?
Dans cette qualité de l’air, il y a aussi les modes de déplacement doux que nous sommes en train de développer. Nous allons faire une piste cyclable qui va longer complètement l’avenue de la Libération. C’est une grande avenue, au Nord de La Valette et la piste cyclable se fera dans un espace vert qui la jouxte. Elle sera donc totalement sécurisée et ne sera pas en bord de route. Cela permettra de rejoindre, par le biais de plusieurs rues, le centre-ville en toute sécurité.
C’est un premier élément positif donc ?
C’est le premier élément d’un travail qui se fait avec les Valettois puisque nous avons créé une commission de travail pour les modes doux avec des usagers du vélo, des présidents d’associations de marche, de marche nordique… Pour permettre de créer des circuits pédestres, des circuits vélo sécurisés. Et surtout, le problème, c’est qu’il faut changer les habitudes, on en a parlé avec plusieurs maires car je n’y arriverai pas tout seul.
Le vélo c’est bien, mais les voitures ?
Quand on voit le nombre de voitures qui arrivent par l’est pour aller travailler sur notre ville, centre de la Métropole, en moyenne elles transportent 1,35 passagers. Si on passe à 2 passagers par voiture, c’est-à-dire avec un minimum de covoiturage, on réduit d’un tiers la circulation. C’est énorme.
Et si l’on rajoute des voies ?
Des voies vont être rajoutées, c’est une évidence. Parallèlement, pour fluidifier, il faut trouver un moyen de diminuer le nombre de voitures car cela entraîne de la pollution. Surtout que nous sommes à l’entrée du tunnel de Toulon, quand il y a des embouteillages, les voitures “stagnent” au niveau de la ville de La Valette et nous en subissons la pollution.
Que représente cette pollution ?
C’est une bande d’à peu près 100m de chaque côté de l’autoroute qui est plus atteinte par le dioxyde de carbone des voitures. En 2004, il y avait un certain nombre de voitures qui roulait sur l’autoroute, par conséquent il y avait une émanation de dioxyde de carbone. Aujourd’hui, il y a 40% de plus de voitures qui roulent, bien que la concentration de dioxyde de carbone soit 40% moins importante qu’en 2004, parce que les voitures se sont modernisées et les émanations sont différentes. Il ne faut donc pas non plus penser que plus de voitures crée plus de pollution, il faut donner la réalité des chiffres. Il est facile de faire peur aux gens avec la pollution.
Quelles sont les solutions ?
Il y a un faisceau de propositions et de solutions qui peuvent être faites en travaillant avec les villes avec des parkings relais, du covoiturage, des navettes… Il existe d’ailleurs un site qui s’appelle Covoit83. C’est un site que l’on doit aider à être mieux connu et surtout qu’on doit aider avec des parkings relais qui soient plus judicieusement placés, pour que les gens ne perdent pas de temps. Il y a le train aussi, parce que si la gare de la Pauline, par exemple, accueille plus de passagers et que les horaires de train sont plus fréquents ; ça permettra aussi de dégager les entrées de la ville de Toulon et la circulation, évidemment. Il faut arriver à donner des habitudes différentes aux usagers de la route.
Les transports en commun aussi ?
On parle de transports en commun, de site propre, bien sûr c’est important. Aujourd’hui, il y a le Réseau Mistral qui a un très bon réseau avec des bus hybrides, des bus électriques et il faut pouvoir exploiter aussi les possibilités que nous avons. Or on s’aperçoit qu’il n’y a pas assez d’usagers sur le réseau par rapport au gain que l’on obtiendrait avec ce réseau-là. Si on prend comme exemple la ville de La Valette, au centre-ville devant la mairie, je gare ma voiture au parking souterrain et je décide d’aller faire une course sur l’avenue de l’Université, je mets 20 minutes pour y aller à pieds et zéro émission de carbone. J’y vais en vélo, je mets 6 minutes, zéro émission carbone. J’y vais en bus, je mets 6 minutes, un peu d’émission carbone mais moins qu’en voiture. J’y vais en voiture, en moyenne avec un peu de circulation, en cherchant une place pour se garer, je mets 20 minutes avec un émission carbone beaucoup plus importante.
Finalement c’est mieux à pieds ?
C’est pourquoi nous allons mettre des panneaux indicateurs à certains points de la ville pour essayer d’expliquer aux usagers de la route que finalement, marcher à pieds ou prendre le vélo, ce n’est pas plus mal, prendre les transports en commun, ce n’est pas plus mal non plus. Il faut abandonner la voiture quand on peut le fair car je ne suis pas un utopiste non plus. Je comprends bien que certaines personnes n’ont pas d’autres choix et je ne peux pas dire à quelqu’un qui va faire ses courses pour la semaine dans une grande surface d’y aller désormais en bus.
On construit, on parle d’air et pourtant on abat toujours plus d’ arbres…
Il y a un deuxième élément, c’est qu’à chaque fois qu’on fait un projet immobilier, qu’il y a une artère passante, il faut mettre des arbres. La Région va nous donner la possibilité d’acheter un million d’arbres, donc je pense que La Valette va en profiter aussi. Nous avons déjà 6000 arbres d’alignement à La Valette, ce qui n’est pas rien. Un arbre, ça absorbe le gaz carbonique et ça rejette de l’oxygène, c’est donc aussi un moyen pour nous aider à lutter contre la pollution. C’est pour cela qu’il faut qu’ils soient en grande quantité, de plus que la verdure est toujours plus agréable à regarder qu’un trottoir vide.
Comment gérer cette réimplantation ?
Il est important dans l’avenir aussi de créer des plantations d’arbres partout où c’est nécessaire et partout où on peut le faire. Surtout au niveau des groupes d’habitations, sur les parkings, les voies passantes. De plus en plus d’urbanistes nous parlent de mails (dans une ville, allée plantée d’arbres) avec des arbres, de parkway (route paysagère à plusieurs voies) avec des arbres, donc tout ça c’est important de le penser et de le mettre en place pour l’avenir.
Avant, il y avait beaucoup de platanes chez nous et ils ont presque disparu.
Aujourd’hui il y a des variétés d’arbres à feuilles persistantes qui permettent justement d’améliorer encore cela. Donc je pense que, ce n’est pas un arbre qui va l’améliorer, ce n’est pas un covoiturage, ce n’est pas un vélo, c’est un ensemble et ça passe par une rééducation de l’usager. Il faut qu’on arrive à trouver de nouvelles habitudes et qu’on perde celles de l’époque où on était tout voiture.
Sur La Garde et La Valette, il y a un problème d’évacuation d’eau à cause du sur-bétonnage. Pourquoi l’emplacement de la voiture ne serait-il pas en terre dans les parkings ?
Les parkings perméables, ça existe. Ce qu’il y a aussi, c’est que, par exemple, le dernier permis que j’ai accordé, il y a deux lots de terrains, sur chacun des lots il y aura un bassin de rétention dont un qui fait 6000m2. Donc ce n’est pas un bassin de rétention en rapport avec ce que l’immeuble va fournir comme eau, il va permettre de retenir les eaux qui ruissellent du Coudon pour éviter d’inonder en aval. On travaille avec le Syndicat de l’Egoutier, avec ce qu’on appelle le PAPI (Programme d’Actions de Prévention des Inondations) pour améliorer cela. On impose aujourd’hui de gros gros bassins de rétention et on impose surtout des surfaces perméables d’au moins un tiers obligatoire sinon le permis n’est pas accordé.
Cet entretien nous rassure mais qu’est-ce qu’on fait pour les fêtes ?
On prépare des fêtes familiales avec les deux places principales de la ville occupées par des spectacles, l’arrivée du père Noël… C’est avant tout un Noël familial, pas commercial.
Propos recueillis par Manouk B