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Christian Simon, La politique pour le bien d’autrui

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hristian Simon, le Maire de La Crau, est un enfant du pays. Sa commune, il la chérit et cela se sent dans ses propos. Ses délégations à TPM et, plus récemment, au Conseil Régional sont des cordes supplémentaires à l’arc dont il se sert déjà quotidiennement pour soutenir les initiatives locales et notamment celles des agriculteurs. Nous l’avons rencontré afin qu’il nous fasse partager sa passion du terroir ainsi que ses projets et vœux pour 2016.

Une nouvelle année commence pour votre commune. Quels sont les grands projets de votre équipe pour 2016 ?
Ils sont nombreux. Mais nous allons déjà finir ceux que nous avons mis en œuvre en 2015. Suite aux intempéries qui ont endommagé notre commune, nous sommes en train de faire une étude d’eaux pluviales et de risques d’inondation. Elle devrait aboutir mi 2016. Nous pourrons alors engager des travaux. Le changement climatique amènera sans doute ces incidents à se reproduire et nous devons absolument protéger les biens des Craurois.
Nos priorités s’établissent en fonction de nos recettes qui, elles-mêmes, varient en fonction de ce que l’Etat nous alloue comme financement et de ses réformes. Il est donc difficile de faire des prospectives. Cependant, cela ne nous empêche pas de travailler.
Nos réalisations en 2016 vont donc être l’agrandissement du Parc du Béal sur un terrain que nous avions acheté, il y a quatre ans, au centre ville de la Crau. Nous avons aussi le projet de créer, sur l’ancien stade stabilisé Louis Palazy, un complexe de salles omnisports qui comprendra une salle de boxe et une salle de tennis de table, ainsi qu’un grand parking. Initié en 2015, il aboutira en 2017. Ces travaux correspondent à des tranches fermes et nous avons prévu par ailleurs des tranches conditionnelles, comme le réaménagement des tennis et du stade Palazy engazonné, qui seront soumises au montant de nos recettes.
Parallèlement à tout cela, j’ai engagé, lors de mon premier mandat, un plan de requalification du centre ville que je poursuis sur mon deuxième. Ainsi, l’avenue de la Libération et l’avenue du 8 mai sont deux artères du centre-ville qui nécessitent d’être rénovées. Nous allons lancer les études de ces travaux pour une réalisation en 2017.

Travaux de réaménagements sur la commune de La Crau - Limpact

Votre père était maire de La Crau avant vous. Certains seraient effrayés de jouer ce rôle très exposé. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’endosser les mêmes responsabilités ?
Je suis tombé dedans lorsque j’étais petit. Ce qui m’attire ce n’est pas la politique, c’est l’altruisme auquel cela fait appel. Mon père était président du syndicat des commerçants avant d’être maire. Il s’occupait du comité des fêtes à La Crau. Ensuite, en 1969, il est devenu l’adjoint de M. Palazy, puis il est devenu maire en 1989. Il travaillait énormément pour la commune et, moi, enfant, je le suivais partout. Je suis né sur cette commune et j’y suis très attaché. J’ai eu presque le même parcours que lui. En effet, j’ai, moi aussi, travaillé au comité des fêtes, j’ai été président du ski club. Mais la plus belle de mes réalisations en tant que bénévole fut la création en 1994 du JIS (Jeunesse Inter Services). C’est une association qui s’occupe de l’enfance et de la jeunesse. Au début, nous organisions des sorties pour les adolescents, puis nous nous sommes occupés du périscolaire et enfin du centre de loisirs. Cette association s’est énormément développée, elle continue d’exister et je la soutiens aujourd’hui en tant que maire. L’envie de faire pour les autres, pour ma commune, est ce qui me guide, donc je ne me sens pas exposé. Il est certain que lorsqu’on prend des décisions, que l’on fait des choix, on s’expose à la critique. Je ne la fuis pas, car elle peut être constructive. Les échanges d’idées nous font avancer. C’est pour cela qu’il faut passer du temps sur le terrain, même si l’essentiel de mon travail se fait dans mon bureau, lorsque j’étudie les dossiers. Chaque matin, je suis heureux de venir à la mairie. D’ailleurs, je prends très peu de vacances. Mon plaisir c’est ma commune.
Mon rôle à Toulon Provence Méditerranée me procure aussi beaucoup de satisfactions, car c’est du concret. Nous mettons des moyens en commun, nous échangeons et faisons des projets. J’aime ce débat constructif. C’est pour cela que j’ai hésité à me présenter pour les élections régionales. Cela régionalise la problématique et on entre davantage dans le débat politique. Mais, cela représentait une nécessité pour mieux remplir ma fonction de maire. En effet, si nous n’avons pas la région avec nous, des projets tels que construire une gendarmerie, des stades ou concevoir des maisons de la culture deviennent impossibles à réaliser. Si les élus locaux de terrain ne s’y investissent pas, ils passent à côté de beaucoup de possibilités. Pour l’instant, c’est une expérience nouvelle pour moi, car, dans ma commune, je suis extrêmement présent et donc connu grâce à des contacts réels avec mes administrés. A contrario, en tant que conseiller régional, je n’ai pas d’identification géographique et j’ai l’impression d’être un numéro.

« La plus belle de mes réalisations en tant que bénévole fut la création en 1994 du JIS (Jeunesse Inter Services) » Christian Simon, maire de La Crau - Limpact

Vous verrez-vous confier des missions particulières au Conseil Régional ?
Lorsqu’à TPM j’ai pris ma première délégation, je me suis occupé de la pêche et de l’agriculture et notamment de l’horticulture et du maraîchage. Ce sont donc des sujets que je connais très bien. Christian Estrosi m’a accompagné sur le terrain pendant la campagne électorale des régionales. Il a rencontré les horticulteurs et les agriculteurs de manière générale. Il a pu ainsi constater que j’étais particulièrement sensible à tous ces sujets et qu’il serait opportun de me confier l’une de ces responsabilités. Bénédicte Martin en a déjà la charge, mais il va sans doute falloir territorialiser. Rien n’est décidé à ce jour et je ne peux pas vous en dire davantage. Par contre, il a été demandé aux conseillers régionaux d’indiquer trois sujets qu’ils aimeraient traiter. Je peux vous communiquer les miens. Il s’agit de l’agriculture/horticulture/pêche et l’aménagement du territoire qui en découle. J’aimerais notamment prendre des responsabilités à l’EPFR (l’Etablissement Public Foncier Régional) qui a pour mission d’acheter du foncier pour la construction ou pour le développement économique dont l’agriculture est un acteur. Enfin, mon troisième choix s’est porté sur la commission d’aménagement du territoire. Ces trois sujets sont liés. Je n’en souhaite pas plus. Deux de ces délégations me suffiraient d’ailleurs amplement, car je veux continuer à m’occuper de ma commune et de TPM. La pire des choses à mes yeux serait de délaisser mes mandats de proximité au bénéfice de mandats plus généraux. Il ne faut pas perdre le lien avec le terrain.

Est-ce que vos nouvelles fonctions au Conseil Régional ainsi que la vice-présidence de TPM vous aident à prendre davantage soin de votre commune ?
Effectivement, lorsque nous faisons partie d’une collectivité dont nous connaissons les rouages, nous défendons nos dossiers avec plus de force. D’autre part, lorsque nous travaillons sur des thèmes à forte problématique comme, par exemple, les logements sociaux, si la région est unie face à l’Etat elle peut peser sur sa décision. Paris n’est pas la France et il faut parfois adapter la loi aux contraintes locales. C’est pour cela que j’ai demandé de préférence à pouvoir m’occuper de l’agriculture. Je pense qu’il faut qu’il y ait une cohérence entre nos délégations à la région et les dossiers que nous traitons sur nos communes. Je ne joue pas deux rôles différents, je m’occupe de mêmes problématiques, mais à deux niveaux différents. En effet, les agriculteurs et notamment les horticulteurs se sentent abandonnés. L’horticulture est un fleuron de notre pays et doit être un marché porteur pour notre économie. Pourtant, de moins en moins d’aides leur sont octroyées, les contraintes phytosanitaires les empêchent de se développer et l’emploi de saisonniers devient draconien. La spéculation sur le foncier de notre région est une autre difficulté. Le travail de la collectivité se situe à ce niveau. Si la région est forte avec de vrais projets, elle pourra capter des fonds européens et leur venir en aide. Il va falloir monter des dossiers solides. Mais je suis très confiant, car le monde de l’horticulture est très bien organisé, motivé et cette envie de réussir est la base de tout.

Commémoration du 71ème anniversaire de la Libération et inauguration du nouveau mémorial de La Crau - Limpact

Comment voyez-vous La Crau le 31/12/2059, a priori pour vos cent ans ?
J’aimerais qu’elle garde cette image que je porte haut : celle d’une belle ville, accueillante et active, à la campagne, avec ses zones agricoles florissantes, ses forêts. Si mes successeurs la transformaient en un grand centre urbain, je serais malheureux pour mes petits-enfants et arrière petits-enfants. Je voudrais qu’elle garde ce terroir qui correspond à notre logo : l’eau avec le Gapeau et le Réal Martin, le soleil, le Fenouillet avec la forêt et le slogan : « la force d’un terroir ». Etre attaché à la terre, c’est important. Et enfin, il y a le jaune et le noir qui étaient les couleurs du maillot lorsque je jouais au foot. La Crau c’est tout ça et c’est comme ça que je l’aime.

Jaune et noir sont aussi les couleurs du maillot de hand de la Crau. Pouvez-vous nous en dire un mot ainsi que du sport en général ?
Enfant, j’étais plutôt un « footeux ». Mais beaucoup de mes copains jouaient au hand. Je suis un supporter de tous les sports. Sur ma commune, les dirigeants de clubs sont des gens formidables. Ils se battent. Ils ont envie que leurs clubs brillent. Je leur rappelle cependant souvent que ma priorité ce sont les écoles de formation pour les jeunes. Il faut donc des joueurs de bon niveau pour avoir des clubs performants, mais dans la perspective de tirer les plus jeunes vers le haut. C’est la philosophie que nous partageons avec les clubs et toutes les associations de la commune.

Quels sont vos vœux pour 2016 ?
Tout d’abord, je nous souhaite de vivre en paix et dans un climat plus apaisé. Aujourd’hui, les gens expriment beaucoup de colère. Ils mettent le négatif en exergue. Evidemment, la crise est là avec son lot de souffrance et de misère qu’il ne faut pas ignorer. Et nous devons nous battre pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. Mais il y a beaucoup de bonnes énergies, de gens volontaires et le rôle des élus est d’être des « facilitateurs ». Ce n’est pas le cas aujourd’hui. On met beaucoup d’entraves, de normes, qui sont des barrières à l’initiative et au développement. Mon vœu pour 2016, c’est qu’on libère ces énergies. D’autre part, je souhaite que nous retrouvions de la stabilité, avec moins de réformes, dans une période de crise telle que celle que nous traversons. Pour finir, je souhaite aussi remercier mon équipe municipale. C’est une équipe très unie, qui travaille dur et sans dissensions dans l’intérêt des Craurois. Je suis extrêmement fier d’eux et je nous souhaite une belle année 2016.

Propos recueillis par Karine Perrier
Crédit photos : Ville de La Crau