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Deux écrivains Varois

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Ils sont moins médiatisés que les écrivains “parisiens” et pourtant… Nombre sont ceux qui sont plus talentueux que certains auteurs édités dans la capitale. Le problème est qu’en province, les éditeurs n’ont souvent pas les moyens de leurs ambitions et ne savent pas communiquer. Alors l’auteur se débrouille tout seul. C’est ainsi qu’on passe trop souvent à côté d’eux.
Nous avons décidé de remédier à cet état de fait et pour commencer voici deux auteurs que nous vous conseillons de découvrir.

tom savel

Tom Savel : “La pâleur de l’aube” (Ed Velours)
Avec pour sous-titre “Le guet-apens de Calonges”, le Toulonnais Tom Savel romance une histoire vraie qui s’est déroulée lors de la dernière guerre.
Jean-Paul, dit “le Corse” (il est de Calenza), va rencontrer Jo qui est de St Etienne. Faits prisonniers pour des peccadilles, ils vont activement participer à cette guerre qui a fait tant de morts, tant chez les soldats que chez les Juifs ou les francs-maçons. Ils vont lutter de toutes leurs forces contre les nazis, ils vivront la vie de prisonniers avant de pouvoir s’échapper et s’engager dans les FFI et se retrouver dans la première compagnie de Bir-Hakeim.
Une longue histoire, passionnante, superbement écrite où Tom Savel, pour son premier essai, nous offre un coup de maître tant l’aventure est palpitante, digne d’un grand film d’aventures, par cette amitié entre les deux hommes, les actions décrites avec précisions et détails, tout en tenant à chaque fois le lecteur en haleine. C’est très cinématographique.
Tom est Corse et les descriptions qu’il fait de “son pays” sont superbes et dans son héros, il y a certainement des réminiscences familiales. Les recherches historiques qu’il a très poussées donnent un accent de vérité à cette histoire palpitante. Ses deux héros, surnommés “Les Marseillais”, sont de vrais héros de tous les jours, qui ont des convictions et les défendent avec acharnement et on s’y attache très vite, suivant leurs péripéties qui sont nombreuses, dramatiques mais où ils ne lâchent jamais rien.
Ce roman est judicieusement écrit comme un polar et nous tient en haleine jusqu’aux dernières pages.

Dominique Bruno

Dominique Bruno : “Brandade” (Presses du Midi)
Dominique Bruno est une agricultrice de Pignans. Une paysanne. Et lorsque j’écris “paysanne”, ce n’est surtout pas péjoratif par car c’est un des plus beaux métiers du monde qui est peut-être mal connu et pas assez considéré car il devient de plus en plus difficile. Mais Dominique s’en accommode avec joie et elle a une autre passion : écrire. Elle nous avait déjà proposé un très joli et très poignant roman “Vivre de les aimer”. Elle récidive avec “Brandade” qu’elle situe dans son village, avec toutes les couleurs et les senteurs de notre Provence à laquelle elle est si attachée.
Brandade est le surnom que le village à donné à cette jeune femme que l’on voit laide et que l’on croit incolore, inodore… Une fille que l’on ne rejette pas ouvertement mais dont on se moque. Eperdument amoureuse de Patrick, jeune et bel étudiant, elle se donne à lui la veille de son départ pour Paris. Evidemment, elle se retrouve enceinte. Mais son barbare de père lui a déjà trouvé un paysan vieux, rustre, buveur, violent et avec lui elle vivra des moments difficiles. Elle aura d’ailleurs un deuxième enfant un soir de beuverie et de viol.
Malgré tous ces malheurs, Brandade relève toujours la tête et, debout grâce à son courage et l’amour de ses enfants, elle affrontera tous ses drames, toutes les humiliations avec une détermination inouïe, aidée par deux hommes magnifiques :  Vincent, un paysan mal marié qui l’aime en secret avec un cœur gros comme ça et Stanislas, un vieil original homosexuel qui a connu pour cela les camps de concentration. Tous marqués par le destin, ils s’épaulent, se soutiennent, s’aiment. Elle trouve aussi de la tendresse auprès de la mère de Patrick qui a compris que son premier enfant est le fils de son fils.
C’est du Pagnol, n’ayons pas peur des mots. Un grand roman dramatique sous le soleil de la Provence, une bouffée d’air avec des personnages attachants et le portrait sensible d’une mère courage et d’une femme exceptionnelle. Les dernières pages nous apportent un souffle d’émotion extraordinaire et, avouons-le, nous avons les larmes au bord des yeux.
Tout, dans ce roman, est réuni pour nous offrir une histoire belle dans la grande tradition provençale, une Provence profonde dont le soleil cache souvent bien des drames.

Jacques Brachet