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Elisabeth Buffet, L’humour au féminin

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Energique, électrique, en phase avec son temps, Elisabeth Buffet est en tournée dans toute la France avec son dernier spectacle et s’arrêtera au Pasino d’Aix en Provence le 5 novembre. Proche de son public, la jolie blonde dit tout, sans aucune retenue ni tabou, elle ne mâche pas ses mots et est bien la preuve que le ridicule ne tue pas.

C’est en 2005 qu’Elisabeth Buffet se fait repérée au Festival Juste pour rire de Montréal où elle sera nommée « Révélation comique Française », après de nombreuses représentations, elle est invitée en 2008 à partager la scène avec Florence Foresti et en première partie de Franck Dubosc au Palais des Sport. C’est la révélation, les spectacles s’enchaînent, le public, de plus en plus nombreux répond présent à chacune de ses représentations, les sketchs piquants d’Elisabeth Buffet rencontrent un succès inattendu mais bien mérité. Entre chorégraphies endiablées, gymnastique rythmée, phrasé osé, l’humoriste ne s’arrête jamais, elle livre sur scène une performance dont elle seule a le secret, elle dévoile ses folies, ses pensées, ses doutes et ses angoisses, elle a créé un personnage sur mesure qui lui ressemble étrangement, bref, Elisabeth Buffet propose un répertoire nouveau que l’on ne peut qu’apprécier…

Qui est Elisabeth Buffet sur scène ?
J’entends souvent les gens dirent « cette fille est folle », je pense que cela résume bien ce que je suis, une femme énergique, je suis la bonne copine qui raconte sa vie, son quotidien parfois excitant, parfois chaotique, les bons et les mauvais côtés de son célibat, je m’éclate à parler de moi devant des gens que je ne connais pas mais que je les considère chaque soir comme de bons vieux potes. Le rythme de mon spectacle est très soutenu, c’est mon sport à moi ! Rires.

Elisabeth Buffet - Limpact

Comment vous est venue l’idée de ce personnage célibataire endurcie, festive, qui a peur de vieillir mais qui n’a finalement jamais grandi ?
C’est horrible à dire mais ce personnage c’est moi ! Rires. Ce spectacle est plus authentique que le précédent, c’est une sorte de suite avec le temps qui passe et mon célibat qui ne me lâche pas. Je revendique ma liberté, une liberté que beaucoup m’envient au quotidien, mais j’affirme aussi que toute liberté se paye. Il y a un manque qui se fait ressentir parfois, alors j’en viens à me questionner et à partager ces interrogations devant mon public.

Etes-vous la même sur scène et dans la vie quotidienne ?
Globalement je dirais que oui. Bien sûr, je grossis le trait sur scène, je crée l’effet comique en exagérant la situation. Dans la vie de tous les jours je suis très énergique, presque autant que sur scène. Je crois que la scène transforme, je pourrais faire tout et n’importe quoi dès mon entrée sur scène… ou presque ! Rires.

Quelle est votre plus grande angoisse ?
Vieillir me fait peur, sérieusement je trouve cela dommage de vieillir… Je pense que c’est lié à la séduction qui se perd avec le temps, les dégradations irrémédiables du temps m’angoissent, si j’avais une famille avec homme et enfants, la pilule passerait mieux, mais là évidemment je ne pense qu’à ça. En fait, mon personnage est pathétique sur scène, il ne sait plus quoi faire pour ne pas vieillir alors cela va dans l’ordre des choses.

La scène vous permet-elle de combattre vos peurs ?
Oui surtout lorsque j’écris mes propres textes, je les exprime sur le papier puis sur scène, devant un public qui partage souvent mon ressenti, je peux me confier à lui librement, lui qui est témoin de mes déboires chaque soir… Rires

Le rire est-il le meilleur des remèdes ?
Oh que oui ! C’est une armure, une défense et à la fois le moyen d’éradiquer tous mes tracas quotidiens. Je suis moi-même un très bon public, je rigole plus en une journée que certains en 10 ans !

Elisabeth Buffet - Limpact

Etes-vous d’accord avec le dicton : « le ridicule ne tue pas » ?
Heureusement ! Ce dicton me correspond entièrement, je serais mal barrée sinon. Je me promène en petite culotte au début du spectacle, si ça ce n’est pas ridicule ! Rires. Je vous rassure, je ne le ferais nul part ailleurs que sur scène.

C’est important pour vous de laisser votre empreinte parmi cette grande famille d’humoristes français ?
Je prends tout cela avec beaucoup de distance, je préfère rester humble, j’essaye de délivrer des messages qui me tiennent à cœur sur scène mais toujours avec humour et légèreté. Quant à laisser une trace de moi, j’aimerais en effet que le public se souvienne de moi dans 10 ans, ce serait une belle preuve de reconnaissance.

Les femmes humoristes s’affirment de plus en plus ces dernières années, pensez-vous qu’elles aient pris une longueur d’avance sur les hommes ?
Chez les femmes, je trouve que le langage est libéré, les sujets sont plus frais et plus novateurs que ceux des hommes. Nous avons moins l’habitude de voir des femmes humoristes mais elles ont généralement un gros potentiel. Les garçons, eux, sont plus en retraits, ils continuent à parler de leur plan drague, même si certains le font très bien et me font marrer.

Y a-t- il une humoriste que vous admirez particulièrement ?
Dernièrement, je suis allée voir le spectacle de Muriel Robin et je n’ai qu’une chose à dire « Bravo l’artiste » ! Je l’admire beaucoup, je suis restée sans voix, elle maîtrise la scène à la perfection, elle fait preuve de sensibilité et d’humanité, j’ai été très impressionnée.

Aujourd’hui, on peut le dire vous êtes épanouie ?
Oui, même si à chaque marche que l’on gravit, on se rend compte que d’autres, toujours plus hautes apparaissent, je suis bien dans mes baskets, mon métier me comble.

Elisabeth Buffet a-t-elle trouvé le grand amour ?
Et non toujours pas ! Je crois que je ne le cherche pas bien en fait. Rires. On ne dirait pas comme ça mais je suis très timide, il faut du temps pour aborder quelqu’un. Peut-être qu’un jour… mon prince viendra.

Propos recueillis par Marine Astor
Crédit photos : Rebecca Josset