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Ferdinand Bernhard Sanary : l’heure du bilan

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En juillet et en août, la ville de Sanary n’est pas en vacances. L’équipe municipale, les commerçants et les pêcheurs veillent au grain pour offrir un été inoubliable. Tous les ans, touristes et locaux sont au rendez-vous. Ferdinand Bernhard revient sur les festivités d’été et le travail accompli durant l’année.

Le port piéton a été mis en place l’été dernière, qu’en est-il pour cette saison ?
La même chose. Le port sera fermé tout l’été comme il l’est pendant tous les week-ends de l’hiver. Progressivement on veut qu’il soit fermé définitivement, hormis le temps des livraisons le matin. Je pense que c’est un espace qui mérite la tranquillité et la sérénité. Il n’y a aucune raison d’y faire passer des voitures, puisqu’elles ne peuvent pas s’y arrêter. Il n’y a pas de stationnement. C’est donc inutile de polluer un espace qui est tout à fait magique. D’ailleurs au fil du temps, on se rend bien compte que ceux qui étaient contre sont de moins en moins nombreux. Pour moi, c’est du bon sens.

Du bon sens pour vous et un gros impact sur la sécurité, en général.
Oui mais je pense que c’est la tranquillité qui l’emporte. La sécurité c’est au moment de gros événements. Effectivement, ça réduit un peu les risques. Le plus important, c’est que les familles puissent s’approprier l’espace. Les personnes qui viennent doivent être tranquilles, sans se soucier que leur enfant soit fauché par une voiture, une moto ou un vélo. Il y a des personnes qui sont, malheureusement, dangereuses quel que soit le mode de locomotion.

Pour les commerces, comment cela se passe-t-il ?
Ils manifestent souvent leur désaccord vis-à-vis des décisions municipales, j’y suis habitué. Cependant, je viens d’avoir une étude qui a été faite par la Chambre de Commerce. Une référence très sérieuse. On se rend compte que le commerce à Sanary se porte beaucoup mieux qu’ailleurs. Il y a beaucoup moins de locaux ou commerces vacants, comme dans la plupart des villes comparables.

En plus de ces magasins, l’activité sur le port (pointus, sorties…) reste un gage de qualité.
Il y a plus de 25 ans, on me disait qu’il fallait faire venir des yachts sur le quai. J’ai répondu : « Non, Sanary c’est Sanary ! ». J’ai donc entrepris cette démarche, avec des bateaux de tradition sur le port de Sanary. Il faut toujours trouver l’adéquation entre ce qu’est la ville et ce qu’on y fait. Je pense qu’aujourd’hui il y a une réelle animation sur notre port. On est certifiés à l’accueil c’est donc important que les gens qui viennent ici soient bien accueillis. D’ailleurs quand on va sur les sites où les personnes commentent leur visite de la ville de Sanary, on se rend compte que c’est quasi l’unanimité.

Sanary sur Mer Port piéton - Limpact

Beaucoup de centre-ville ont des difficultés, celui de Sanary est bien perçu. Le marché occupe une place centrale dans l’attractivité ?
On ne peut pas parler d’une seule chose pour faire une ville. Aujourd’hui, Sanary c’est plus de 500 activités dans le centre. Il a fallu faire des choix. Le premier est de ne pas avoir développé une zone d’activités avec des commerces. Quand on veut protéger son centre-ville, on ne construit pas des hypermarchés, des galeries marchandes tout autour. Ça, c’est signer la mort du centre ancien. D’autre part, on a maintenu la pêche traditionnelle. Quand je suis arrivé, l’Europe donnait des subventions aux pêcheurs pour qu’ils brûlent leur bateau. Nous, on leur a donné des subventions pour qu’ils ne les brûlent pas.
Après, on a travaillé sur la qualité des marchés quotidien, hebdomadaire et nocturne de l’été. Il y a tout un travail qui est fait par les uns et par les autres. Lorsque tout le monde pousse dans la même direction on arrive à de meilleurs résultats.

« Sanary sous les étoiles » offre pas mal de sorties. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Si vous voulez, on est engagés dans une démarche Agenda 21. Les gens croient que cela ne concerne uniquement que la protection de l’environnement, mais il y a aussi un volet social. J’ai donc souhaité que ceux qui viennent en vacances à Sanary bénéficient de spectacles. Il y en a pour tous les goûts, de la musique classique au feu d’artifice, en passant par la variété et l’humour… Cela permet aux gens du secteur de venir à Sanary le soir pour profiter de quelque chose qu’ils n’ont pas forcément les moyens d’atteindre dans leurs villes.

Il y a aussi des chantiers : l’échangeur et surtout le Casino. Une victoire au bout de quelques années de combat.
Le pont sur la Reppe, entre Sanary et Six-Fours, c’est 28 ans d’attente. L’échangeur c’est pareil. Ma vision du départ finit par être mise en œuvre. Le Casino, ce n’est que 15 ans de combat mais ça y est, tout a été tranché par le Conseil d’Etat. A la fois l’autorisation de jeux ministériel et le permis de construire. Ces chantiers vont créer de l’animation, mais surtout de l’activité. Le Casino surtout aura un impact sur le tourisme et la culture puisqu’il y aura une nouvelle salle de 500 places. Pas un petit détail ! Il va falloir trouver cette complémentarité entre le Théâtre Galli, les animations d’été et les spectacles du Casino. Il y a beaucoup d’autres chantiers. La protection de l’environnement passe par un port propre donc des normes. Au total, sur le port, c’est 24 millions d’euros d’investissement. Si vous rajoutez les 36 millions pour l’assainissement, l’amélioration de station d’épuration… vous vous rendez compte que nous sommes, rien que là, à 70 millions.

Ces travaux annoncent un meilleur développement pour Sanary ?
C’est perturbant pour les voisins, les usagers, mais c’est un signe de bonne santé. Quand dans une ville, il y a des travaux ça veut dire que les choses bougent, qu’on y met les moyens. Les impôts à Sanary sont plutôt beaucoup moins chers que dans toutes les villes de plus de 10 000 habitants en France. Alors, on se dit que, finalement, on a peut-être trouvé de bonnes solutions pour faire de belles choses sans aller taper dans la poche du contribuable en permanence.

Vous avez une grosse activité culturelle. On parle beaucoup de votre engagement vers les personnes âgées or, beaucoup de jeunes sont à Sanary et on en parle peu. Est-ce justifié ?
Il y a un peu un discours réducteur qui consiste à dire qu’à Sanary, il n’y a que des personnes du troisième âge. Chaque maire lève l’impôt, chacun choisit où il investit. J’ai choisi de l’investir d’abord dans la jeunesse, dans différentes actions. Du fait que j’ai la chance d’être président d’une communauté d’agglomération, je peux étendre ce que je fais sur la commune à l’ensemble de la communauté d’agglomération.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ?
Tous les enfants peuvent avoir accès à l’école de la forêt, de la mer, des oiseaux, de l’olivier, du développement durable… On les forme à la citoyenneté, ils deviennent de vrais acteurs. On sait aussi leur faire découvrir des choses tout à fait originales. Par exemple, l’avant dernière semaine de juin, tous les élèves de sixième ont eu droit au baptême de plongée. Je suis allé voir un groupe partir le matin, ils étaient un peu stressés, au retour ils avaient tous le grand sourire parce qu’ils avaient vu quelque chose d’exceptionnel. D’autres étaient au Gros Cerveau en train de faire de l’escalade. Il se passe plein de belles choses.

Comment les encouragez-vous dans leur scolarité ?
Aujourd’hui, tous les enfants à l’école primaire ont une tablette. Toutes les classes ont un tableau numérique. Chaque enseignant a un ordinateur portable et reçoit une formation et une maintenance de tout ce matériel. Ça c’est le côté informatique. On offre des dictionnaires aux élèves qui passent en sixième, au mois de décembre on offre une prime à tous ceux qui réussissent le CAP et le BEP, le Bac, la première année, la deuxième année jusqu’à la cinquième année de Fac. De plus, je voudrais que tous les enfants de Sanary arrivent en sixième en parlant une seconde langue. Donc, je me bats pour pouvoir offrir à l’Education Nationale deux heures de LV dans chaque classe alors que ça devrait être l’inverse.

Dans toute la vie associative, qu’est-ce qui vous satisfait le plus ?
C’est de voir qu’on arrive à bien s’occuper des enfants en situation de handicap. Il y a un an, nous avons ouvert la maison bleue. Elle accueille les enfants différents avec leur famille. On a la chance d’avoir un Institut Médico Educatif à Sanary. De jeunes en situation de handicap ont concouru un championnat de danse. Deux d’entre eux sont champions de France. C’est beau de voir cette générosité chez certaines personnes pour s’occuper, ou de personnes âgées, ou de personnes différentes. La vie de la cité, c’est ça qui en fait la magie. La vie associative est importante parce que c’est en échangeant à travers le sport ou la culture ou l’animation, qu’on se rend compte qu’on partage des valeurs communes et que donc on a des raisons de vivre ensemble.

Que diriez-vous à des personnes qui ne connaissent pas Sanary ?
Moi je ne dis rien. J’ai, par contre, des retours. Un jour, dans les rues de Sanary un monsieur qui m’a interpelé. C’était un Seynois. Il m’a dit : « Monsieur le maire, il faut que je vous dise quelque chose, Sanary c’est le paradis, sauf que c’est mieux parce que nous, nous sommes sûrs d’y être. »

Propos recueillis par Manouk B