Accueil Uncategorized Laurellène Sturtzer, Laully Tattoo

Laurellène Sturtzer, Laully Tattoo

349

Une petite princesse au pays des tatoueurs, une réconciliation avec un monde qui s’ouvre à la communication. Le tatouage remonte à la nuit des temps, mais fini les marquages plus ou moins réussis, les tatoués militaires, voyou… Aujourd’hui le tatouage est mode, ornement, réfléchi, de bonne facture… Rencontre avec Laully, graphiste de métier et tatoueuse par passion.

Pourquoi le tatouage ? Comment cela t’a-t-il pris ?
Ça m’est tombé dessus. C’est le résumé de tous mes efforts en illustration. Un tatoueur sur Marseille a vu mon travail pendant à peu près 4 ans et il m’a envoyé un message en me demandant si je voulais faire partie du monde du tatouage. Comme il reprenait une galerie d’art, au début j’ai cru que c’était pour faire des dessins et pas du tout, c’était pour tatouer. Je lui ai dit que je ne faisais pas partie de ce monde-là, que je n’y connaissais rien, ni artiste, ni technique, et il m’a dit : «c’est pas grave, je t’apprends». C’est une méthode assez rare pour rentrer dans le monde du tatouage, parce que c’est très fermé, et du coup j’ai saisi cette chance en 2018. Ça fait deux ans et demi que je suis dans le métier.

C’est une passion ?
Aujourd’hui, je bosse et je mange pour le tatoo, et ce qui est amusant c’est que c’est devenu une passion du jour au lendemain. J’adore dessiner, je voulais être illustratrice et graphiste. Je ne pensais pas faire du tatouage.

Laully Tattoo - Limpact

Qu’aimes-tu dessiner ?
Presque tout, par contre je n’aime pas dessiner les visages, l’humain, la morphologie humaine parce qu’on peu très vite se tromper. Un oeil mal placé, un regard souriant qui passe bien et en tatouage on peut passer d’une expression de quelqu’un d’heureux à quelqu’un de débile. Ce que j’aime dessiner, c’est tout ce qui est végétal et animalier marin ou terrestre, insectes… La faune et la flore. J’aime beaucoup aussi les crânes animaliers.

Tu aimes la nature ?
La nature est belle dans ce qu’elle est, les insectes ont une géométrie presque parfaite, ce sont de petits bijoux tout comme les fleurs qui sont aussi complexes que jolies. Quand je dessine les ossements animaliers, il n’y a pas le côté morbide. Un crâne de perroquet ou de morse, je vais le rendre joli et on ne voit pas la mort dedans. Ça fait un peu cabinet de curiosité aussi.

Quel tatouage aimerais-tu réaliser ?
J’ai une superbe pièce de dos que j’aimerais réaliser, c’est un crâne d’ours avec un casque de samouraï, tout en points.

Laully Tattoo - Limpact

Quelle personnalité aimerais-tu tatouer ?
Eric, celui qui m’a initié au dessin depuis toute petite. C’est mon premier maître de stage d’études quand on est au collège. Il m’a appris le dessin au moment de la 5ème et il sait un peu ce que je suis devenue aujourd’hui par son apprentissage. Il devrait passer sous mes aiguilles dans l’année.

Pas de stress ?
Je ne tatouerais jamais ma maman. Quand j’ai commencé, j’ai passé un moment à l’hôpital à cause du stress. Le tatouage n’est pas un acte anodin, on marque les gens à vie et je me suis dis si je me rate, c’est encré à vie sur la personne. Donc oui aussi bien pour moi, que pour la personne, c’est un moment à bien réfléchir. J’ai mis une bonne année pour m’enlever le stress, même s’il y en a toujours une part à chaque tatoo parce qu’on ne connaît pas la personne, ni sa réaction ou sa peau.

Laully Tattoo - Limpact

Comment positionnes-tu le tatouage ?
C’est un acte fort. C’est un métier où on est dans le paraître, le tatouage c’est un bijou, un ornement de corps, mais on est aussi un peu dans le côté psychologique parce qu’on parle beaucoup avec les clients. Et souvent le tatouage les aide à affronter certaines choses, à se libérer d’autres choses, à oublier ou à marquer. Hormis l’effet de mode qui existe aujourd’hui, je le vois plus dans l’aide à la personne.

Il reste quand même des bons moments ?
J’ai une cliente qui s’était fait tatouer il y a plusieurs années pour oublier quelque chose et au contraire ça n’a fait que lui rappeler jour après jour et je l’ai aidée, en recouvrant son tatouage, à oublier et à ouvrir une nouvelle page de sa vie. Ce sont des petits moments comme ça qui sont plaisant. C’est plus qu’un dessin, j’ai aidé la personne à passer un cap.

Propos recueillis par Manouk B.

La Fabrique Laully - Limpact