Enfin le thermomètre décolle, les cigales se font entendre et l’été débarque dans le sud. Après ce drôle de printemps que l’on a envie de vite oublier mais dont le souvenir hante encore tous les esprits, les beaux jours qui s’installent vont nous permettre de tourner la page. Et en parlant de tourner la page que diriez-vous d’un bon livre pour vous changer les idées ?
Kariba de Daniel et James Clarke – Éditions Glénat
Siku est une enfant que deux chercheurs de trésors, Tongaï et Rock, découvrent un jour au bord du fleuve Zambèze. Si Tongaï se découvre la fibre paternelle et décide d’élever l’enfant, Rock continue sa vie de pirate.
Quelques années plus tard, alors que la petite fille se découvre d’étranges pouvoirs magiques qu’elle essaie de dissimuler, le grand projet du barrage de Kariba déchaîne les passions. Certains y voient le progrès qui facilitera leur vie, d’autres la perte de leur culture et de leur identité. Eternel problème entre modernité et confort d’un côté et tradition et culture de l’autre. Siku va, au cours de l’histoire, découvrir peu à peu sa véritable identité et l’étendue de ses pouvoirs surnaturels. Entre fable, magie, conte et mythologie, Daniel et James Clarke, les auteurs de cet album de 225 pages, vont amener Siku à trouver le fragile équilibre qui servira le bien-être des uns tout en préservant l’environnement des autres.
L’Ecume des Jours de Boris Vian illustrée par Paul et Gaëtan Brizzi – Éditions Futuropolis
2020 aurait dû être l’année de la BD et fêter le centenaire de la naissance de Boris Vian. Un “petit” virus est venu perturber ces beaux projets ; certains éditeurs sont tout de même parvenus à éditer plusieurs albums tirés des romans de cet artiste incroyable à la fois écrivain, musicien, poète et chanteur. Un des ouvrages les plus réussis est la version de «L’Ecume des Jours» illustrée par Paul et Gaëtan Brizzi (qui avaient déjà adapté “L’Automne à Pékin” en BD , il y a quelques années). Le dessin de ce duo à quatre mains, réalisé au crayon à papier, est tout en finesse et met parfaitement en valeur toute la poésie et la douce folie de l’univers de Vian. Une magnifique façon de découvrir ou de re-découvrir ce texte à la fois curieux et inventif, dans une maquette élégante et un grand format qui permet d’apprécier pleinement le travail des illustrateurs.
Black Squaw de Yann et Henriet – Éditions Dupuis
On peut dire que Yann a un vrai don pour trouver les sujets qui collent à l’actualité. Le personnage principal de sa nouvelle série est une femme noire d’origine indienne. Autant dire que dans le Texas à l’esprit colonialiste et ultra conservateur du début du XXe siècle, la vie ne va pas vraiment lui faire de cadeau. D’autant plus que la jeune femme a l’ambition de devenir pilote d’avion. Pour assouvir sa passion, elle n’aura pas d’autre choix que de proposer ses services au roi de la contrebande, Al Capone, en personne. Aux manettes de l’hydravion Loening du terrible bandit balafré, elle va transporter les précieuses bouteilles d’alcool prohibé des îles Saint-Pierre-et-Miquelon jusqu’au Canada. Le trait net et précis d’Alain Henriet colle parfaitement au récit toujours très documenté de Yann et nous donne une nouvelle série d’aviation qui démarre très fort, dans la fureur des éléments et le bruit des moteurs.