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Le souffle des profondeurs, Michel Nox

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Dans le monde de l’apnée, Michel Nox est un OVNI. Nox c’est un pseudo hérité de l’enfance pour préserver son identité. Il faut dire que cet ancien triathlète ne fait pas l’unanimité. Il réalise des performances hors-normes, en dehors de tout circuit professionnel… S’il plonge sur des épaves à 80 m, c’est pour réaliser des vidéos et faire rêver les gens. Fin août, le Varois de 46 ans traversera la Méditerranée à la nage, de Hyères à Calvi, un périple de 220 km, pour sensibiliser à la pollution de la Grande Bleue. Rencontre avec ce passionné, attachant et autodidacte.

Michel Nox, une passion : l'apnée - Limpact

Une passion récente.
J’ai été triathlète de haut niveau, j’ai participé aux championnats de France de natation, de BMX, de trial… J’en ai eu assez, j’ai voulu pratiquer une activité pour le plaisir, et en testant la chasse sous-marine il y a 5 ans, j’ai découvert l’apnée. C’est devenu une passion !

Un amoureux des épaves.
Descendre pour descendre ne m’intéresse pas, il me faut un objectif. Les épaves ont une histoire, y’a une ambiance incomparable. Et ça foisonne de vie, les petits poissons viennent s’y cacher attirant les plus gros. Tu peux y rencontrer des espèces difficiles à observer, des requins Peau bleue, des raies manta… Et dans une épave à 40 ou 50 m de profondeur, le corps se sent en danger, on ressent une adrénaline forte, tandis que le mental lutte pour apaiser le corps, ralentir le rythme cardiaque.

Michel Nox, un amoureux des épaves - Limpact

Des performances.
Je peux rester 11 minutes 45 en apnée statique, 10 secondes de plus que le record du monde. Mais surtout, je peux descendre à 80 mètres, évoluer dans une épave 4 à 5 minutes, tout en me filmant : ça donne un sentiment d’immersion total aux spectateurs. Je ne suis donc pas concentré à 100% sur l’apnée. On est très peu au monde à pouvoir faire ça.

Une tête de mort sur le logo.
Je ne suis pas un professionnel, je ne fais pas de compétition, l’apnée c’est ma passion, je suis électricien de métier. Or mes vidéos sont beaucoup regardées, je fais de l’ombre aux autres apnéistes, je fais des jaloux, certains me traitent d’inconscient, parce que je plonge souvent seul, d’autres m’accusent de trafiquer mes performances…
Ce sentiment d’être seul contre tous, d’être un pestiféré des mers, quoi de mieux pour l’illustrer que le symbole des pirates ?

Michel Nox, une tête de mort sur le logo - Limpact

Le plaisir avant tout.
Les apnéistes professionnels font de l’apnée pour eux, le dépassement de soi, la maîtrise intérieure… La majorité porte un pince-nez, descend le long d’un bout, touche le fond et remonte. Moi, j’emmène les gens visiter les profondeurs, les épaves, je veux les faire rêver. J’ai pensé à faire des compétitions pour faire taire les mauvaises langues. Mais ce ne sont pas des records que je veux laisser dans l’histoire. Laird Hamilton est une légende du surf, pourtant il ne s’est jamais frotté à la compétition.

Des plongées en solo.
Au début, je m’entourais d’apnéistes, de chasseurs sous-marins pour assurer ma sécurité, mais souvent ils repoussaient leurs limites pour me suivre… Résultat, j’en ai remonté plus d’un en syncope à la surface. Au final, je m’inquiétais plus pour eux que pour moi. Le monde à l’envers. De fait, 60% du temps maintenant, je plonge seul.

Michel Nox, des plongées en solo - Limpact

Une préparation intense.
Comme je plonge seul, je n’ai pas le droit à l’erreur. Je ne suis jamais dans le rouge, quand je remonte d’une apnée, il me reste toujours 15 à 20% de réserves dans les poumons. Je m’entraîne 6 jours sur 7. VTT, course à pied avec alternance de respiration et d’apnée, pour forcer l’organisme à résister au CO2 et décupler ses capacités de récupération… Et jamais d’entraînement dans l’eau, la préparation est difficile et je ne veux pas que mon corps assimile l’idée d’une souffrance dans le milieu aquatique.

Des sensations fortes.
Seul, de nuit, sur une épave, au large… la peur me saisit. C’est une sensation que je recherche, je suis un freediver, j’aime l’aventure. Mais à chaque plongée, à 15 m, je fais le point, niveau de stress, rythme cardiaque, si je ne le sens pas, je remonte à la surface. Je ne suis pas en compétition, rien ne m’oblige à poursuivre.

Michel Nox, freediver qui aime l'aventure - Limpact

Un entourage inquiet.
Ma fille de 15 ans, ma mère, ma famille… ils sont terrorisés à l’idée de la plongée de trop. Mais ça n’arrivera pas, je ne recherche pas la performance, je suis dans le ressenti, dans le partage.

Une capacité pulmonaire hors-norme.
J’ai eu un accident, un seul. On m’avait prêté un loco-moteur, un propulseur sous-marin, pour en faire la promotion. J’ai enchaîné 8 descentes et remontées à grande vitesse, avec des apnées de 7 minutes au fond. Résultat, j’ai accumulé beaucoup d’azote et une fois sur le bateau, ce fut le noir, l’hélitreuillage, l’hospitalisation pendant 15 jours à Sainte-Anne, l’hôpital militaire de Toulon. J’avais un oedème d’azote énorme au cerveau. Les médecins n’avaient jamais vu ça. Ils craignaient que je ne remarche pas ou que j’ai d’autres séquelles. Mais rien, le lendemain, l’azote avait disparu. J’ai passé des batteries d’examens, fait des ponctions lombaires… On m’a découvert une capacité pulmonaire de 14 litres, contre 5 pour le commun des mortels et 10 pour les sportifs de haut niveau ! Mon cas intéresse les militaires, et je sers régulièrement de cobayes pour leurs études.

Michel Nox, écolo dans l'âme - Limpact

Traverser la Méditerranée.
Pendant le confinement, on a tous été privés de la mer, mais si la pollution s’accentue, un jour, on pourrait en être privés définitivement. Pour sensibiliser les gens et faire le buzz, il fallait un défi de taille : fin août, je rejoindrai Calvi à la nage depuis Hyères, ça représente 220 km : 8 h de natation par jour pendant 10 jours. J’ai des sponsors côté matériels, mais pour tout le reste, je m’autofinance… j’ai d’ailleurs lancé une cagnotte*. Les deux derniers jours du challenge, Patrick Poggi, un apnéiste professionnel corse, nagera à mes côtés. C’est un premier pas du monde de l’apnée vers moi !

Ecolo dans l’âme.
Je l’ai toujours été, et en diffusant mes images sur les réseaux sociaux, je suis devenu lanceur d’alertes.
Ce qui m’a valu les foudres de certains, et un procès pour diffamation suite à un reportage de l’émission Envoyé Spécial, mettant en cause la station d’épuration de Cassis. Un an devant les tribunaux, à me retrouver injustement à la barre. J’ai été acquitté. C’était dur, mais je le referai, c’est le seul moyen pour faire bouger les lignes.

*www.leetchi.com/c/medinox

Propos recueillis par Isabelle Ferrière