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Régis Mailhot, « Avoir le sens de la formule c’est essentiel »

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Chroniques radio, des sketchs dans « la revue de presse », un nouveau spectacle. Et une ligne de conduite. Etre un sniper de l’humour toujours aussi percutant. Il sera au Théâtre Galli à Sanary le 4 mars dans son one-man-show « Citoyen ». De l’actualité et des thèmes plus intemporels. Ayatollah du gluten, professeur de vertus, politiques imperturbables… Autant de moralisateurs que Régis Maillot remet à leur place.

Votre spectacle s’appelle Citoyen. En parallèle, avec les scandales politiques les gens se reconnaissent de moins en moins dans ce mot.
J’avais choisi le titre bien avant les scandales actuels. D’ailleurs il y en a toujours eu. C’est une volonté de remettre l’individu au cœur de la société. Moi qui observe le monde politique depuis longtemps je me fais la même remarque à chaque campagne. On entend la même rengaine des hommes politiques mais pas les Citoyens.

En dehors du fond quelles sont les différences de vos deux spectacles ?
On ne change pas, pour moi l’humour ce n’est pas un produit marketing. L’humoriste a une posture de « sale gosse » qui va gratouiller là où ça ne va pas aller. On nous explique toujours comment penser comment voter et bien moi je vais contre. C’est ça mon humour. La dernière fois à Sanary j’ai joué « Le rapport Mailhot ». Ce nouveau spectacle est plus offensif. Je me radicalise mais la connerie s’est radicalisée aussi. L’humoriste doit suivre.

Vous préférez faire des sketchs sur l’actualité ou sur des thèmes plus généraux par exemple comme les femmes enceintes ?
J’aime bien réagir à chaud car c’est mon métier de chroniqueur mais j’aime aussi prendre du recul. C’est ce qui m’intéresse avec ces sketchs intemporels. Je parle d’un site « adopte un petitnoir.com » je me moque de la manière dont on spectacularise l’adoption. Avec ce genre de sketchs, l’humoriste va conte la moralisation sur l’adoption, la maladie ou encore le handicap.

Entre vos chroniques radio, la revue de presse, le spectacle c’est difficile de ne pas se répéter ?
On se répète toujours parce qu’on est soi-même. C’est intéressant d’aborder un sujet, l’actualité n’est qu’un prétexte. Les thèmes appartiennent à tous, l’important c’est l’éclairage qu’on apporte.

Au niveau de la revue de presse c’est un plaisir, un challenge de proposer de la qualité ?
C’est remettre l’actualité chaude en perspective, c’est plus de boulot mais c’est plus excitant intellectuellement. En revanche, ce n’est pas plus noble qu’un autre exercice. C’est un exercice de style. C’est trouver la petite formule qui provoque un déclic chez le spectateur. L’humour c’est une discipline qui appelle à énormément de figures de style : périphrase, ironie… Du point de vue écriture c’est formidable. Résumer une polémique en cinq mots et entendre les rires du public, on se dit qu’on a réussi. Avoir le sens de la formule c’est essentiel. Quand la phrase claque, l’évidence reste la force de l’humour.

D’autres humoristes sollicitent votre plume. C’est plus difficile d’écrire pour un autre univers ?
On essaye de trouver sa musique. Je crois avoir trouvé mon clown mais le chercher chez l’autre c’est très agréable. Quand les gens viennent me chercher, ils veulent du « Mailhot ».

Propos recueillis par Laura Berlioz
Crédit photo : @ChloeJacquet