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Romain Godeau, un frenchie à Tokyo !

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Comment vous dire ? Romain est en train de devenir le Norman tokyoïte, sans les frisettes… (oui j’ai osé la faire, oui.) Je l’ai quitté un jour de mai 2015, un peu pâlot à l’idée de changer de vie et je le retrouve aujourd’hui toujours pâlot mais déterminé, et épanoui dans sa nouvelle vie là-bas, au Japon.

On se retrouve à Sanary, dans le café où il bossait avant et où je le voyais apprendre studieusement une suite d’idéogrammes, entre deux services. Sauf qu’aujourd’hui il m’apprend qu’il a fait du chemin et qu’il maîtrise maintenant le japonais, comme un enfant de cinq ans (et c’est déjà du génie, 2200 signes quand même) !

Romain a 28 ans. Il y a un an, il a décidé de partir vivre au Pays des cerisiers en fleurs (j’explore les possibilités métaphoriques d’une chronique), après un séjour de deux semaines durant lequelles il est tombé amoureux de la vie nippone (et pas que… mais comme disait l’autre « ceci ne nous regarde pas »). Depuis, il a suivi des cours de japonais sur place avec d’autres expats et il a décidé de faire quelques vidéos pour partager avec nous son expérience sur place. Et mine de rien, il a de plus en plus d’abonnés à sa chaîne Youtube (plus de 6000 !) baptisée sobrement « Romain Godeau ». Modeste en plus le garçon ! Alors comme je suis fouineuse et qu’en plus j’ai peur de l’avion (c’est donc pas demain que j’irai voir par moi-même…), je suis allée regarder quelques-unes de ses vidéos.

Entre deux conseils sur comment bien préparer son départ ou simplifier ses démarches administratives, visites guidées de certains quartiers caméra au poing, Romain nous livre des tas d’anecdotes sur la culture et les croyances nippones. Par exemple, l’importance du groupe sanguin et son influence sur notre personnalité ; ce qui donne des trucs du genre « Hum, tu aimes les fruits de mer et le Paris-Dakar, laisse-moi deviner, t’es A+ toi non ? » ou encore les choses à éviter de faire au Japon comme parler fort, répondre au téléphone dans le métro (jusque-là ça va j’arrive à suivre), se moucher, « oui, au Japon, il est préférable de renifler… » (Là je ne suis plus…), laisser un pourboire ou commander autre chose que ses amis au bar (Je ne suis plus du tout). Heu… Pourquoi ? « Le bien de la communauté prime sur l’individu. Si tu commandes autre chose, tu vas retarder le serveur et tes amis seront servis moins vite. Et c’est vexant de laisser un pourboire : les Japonais considèrent qu’ils sont déjà payés pour leur travail» OK ! Curieusement ça me rappelle une délicieuse anecdote qu’Amélie Nothomb nous livre dans son génialissime « Métaphysique des tubes ».

La romancière qui a grandi au Japon nous y raconte comment petite, elle a failli se noyer sur une plage, devant les yeux de dizaines de Japonais stoïques qui l’observaient. Personne n’avait bougé. Les Japonais considèrent que sauver quelqu’un de la mort serait le contraindre à une reconnaissance éternelle proche de l’esclavage. Et en plus, on ne se mêle pas du destin d’autrui… On apprécie leur sens poussé de la discrétion mais, heureusement pour nous, son frère l’a sauvée ! Je m’égare, revenons à nos Nippons !

« Les Japonais ne se plaignent jamais» me dit-il en avalant son café. « D’ailleurs, le taux de criminalité est le plus bas dans le monde, mais celui des suicides est hallucinant ! » Ah ouais quand même… Mais sinon, ils s’amusent un peu les Japonais ?? Romain me répond : « Ils font des semaines de 60h avec une énorme pression professionnelle, du coup, quand ils s’amusent faut que ce soit trash ! ». Oh yeaah ! Ça va être croustillant ! Ilme révèle alors l’existence de « Beaux gosses café ». Mais qu’est-ce que c’est ? Ben ce sont des bars où les femmes seules peuvent venir boire un verre et se faire servir par des beaux garçons comme des princesses (au sens littéral du terme, avec révérence et tout !) Une sorte de bar à jeux de rôles. Il m’explique qu’une version féminine du concept fait fureur. Les serveuses/servantes sont au service de ces messieurs. Mon p’tit cœur au diapason du féminisme commence à faire des ratés. Le Japon reste une société patriarcale (Et zut ! Je pensais avoir trouvé le Parnasse de la modernité …). Mais je veux du concret, pour être sûre quoi ! « Par exemple, il y a des jeux télé qui consistent à déchiffrer, sous les jupes des candidates, des messages imprimés sur leurs culottes. » Bon. Mais elles ont une culotte quand même… « L’idéogramme qui sert à dire « mari » est le même que pour dire « seigneur. ». Ah ouais, plus de doute…

Notre entretien touche à sa fin, et en deux heures j’en ai appris autant que si je l’avais accompagné sur place ! Ça me console un peu de mon aviophobie (oui, on dit comme ça). Alors si vous aimez le Japon ou juste les cerisiers en fleurs (cf. le début de cette chronique), que vous avez peur de l’avion ou pas, que vous avez envie de vivre l’expérience nippone sur place ou à emporter au fond de votre canapé allez faire un p’tit tour sur la page Youtube de Romain Godeau ! Plein d’autres infos et anecdotes vous attendent !

Et comme on dit là-bas « Arigato » Romain !

Hanna Vernet