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Surdoué de l’image, Kilian Fragu

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Kilian Fragu Photographe - Limpact

Animée ou fixe, l’image est quelque chose qui l’a toujours fasciné depuis tout petit avec le cinéma, ses parents qui regardaient des films (qu’il voulait voir mais n’avais pas forcément l’âge pour les regarder). Il développe cette passion de manière pratiquement inconsciente et, au fur et à mesure qu’il prend des photos, il se rend compte que ça ressemble à tel film ou telle pose.

Quel est le film qui t’a donné envie de faire ça ?
Je n’ai pas de film préféré en soi parce que ça va être plus des ambiances, des séries de films ou des réalisateurs qui ont un style bien particulier. J’aime beaucoup Scorcèse, réponse classique on va dire, parce qu’il a fait des films comme Les Affranchis ou Casino qui sont des monuments indémodables. Après il y a une série de films qui m’a marqué quand j’étais plus jeune, c’est Le Parrain. Ils m’ont inconsciemment parlé dans les teintes, les ambiances particulières qui se dégagent de ces films.

Donc tu aimes les ambiances particulières au niveau de l’image.
Oui, quand j’ai commencé à faire de la photo, j’allais trop loin dans les retouches, dans le fait de pousser les contrastes de vouloir créer trop en fait. Au fur et à mesure, avec la maturité comme c’est le cas de toute personne qui travaille dans l’image, quand on regarde ses travaux d’avant on voit forcément les erreurs qu’on faisait.

Bryan Habana par Kilian Fragu - Limpact

Tu as fait une école ?
J’ai toujours été bon élève jusqu’à la première où j’ai «découvert la vie». Mes notes ont chuté parce que c’était les potes, les sorties, les copines… donc l’école passait après. En plus de ça j’ai eu une période très vidéo où je jouais sur internet dans des équipes, je faisais des compétitions. Ça m’a appris certaines choses et ça m’a permis de développer un avis critique sur le montage pur, le montage rythmique, clip… C’est donc à partir de là que ça m’a donné envie de jouer, de faire de la vidéo parce que j’avais plein d’actions que j’avais envie de mettre en scène. Donc je les ai enregistrées et j’ai fait des montages. C’est comme ça que j’ai commencé à mettre les doigts dedans en autodidacte.

Sans formation ?
Après le Bac, j’ai choisi de faire une formation où il y avait ce qu’on appelle du multimédia. Ils nous apprenaient le graphisme, la communication, du marketing, du code de développement web… et je me suis spécialisé dans le graphisme, l’image, la photo, la vidéo. Donc tout ça a cadré pour que je puisse augmenter mes compétences et mon “portfolio” dans mes études en me spécialisant dans l’image.

Photo de mariage par Kilian Fragu - Limpact

Pour ton expérience on peut mentionner que tu es passé par le RCT, entre autres.
Après ma licence, j’ai postulé pour un stage de 6 mois au RCT et j’ai été pris. Finalement ça a débouché sur un job et j’y suis resté 5 ans dans les années les plus fastes du club, lorsqu’on a fait Champion d’Europe ; l’année d’après Champion d’Europe et Champion de France, le doublé ; ensuite Champion d’Europe à nouveau, donc 3 années de suite, d’où les fameuses 3 étoiles. Pendant ces années j’ai pu m’exprimer et surtout affûter mes compétences en termes d’image, de montage. J’ai découvert le monde de l’entreprise également. C’est assez atypique de faire ça dans un club de sport de haut niveau comme l’est devenu le RCT. J’ai pu vivre la période du club la plus intéressante professionnellement parlant.

LE RCT par Kilian Fragu - Limpact

Dans quelle branche trouves-tu ton plaisir ? Image, vidéo, montage, réalisation…?
En fait, chaque étape présente des aspects intéressants. Par exemple quand je vais écrire le déroulé d’un clip ou que je vais commencer à imaginer, à me transposer dans ce que je vais faire c’est là où ça va être intéressant. Quand vient le jour du tournage, c’est autre chose, on l’aborde différemment parce que si le travail a été bien fait, il va être surtout une question de régler les problèmes sur place qu’on n’avait pas prévus.

C’est un travail de réalisateur ça ?
Le travail d’un réalisateur, c’est avant tout de répondre aux questions pour faire en sorte qu’à la fin le job soit fait. Là où je peux souffler, forcément, c’est quand on arrive sur la partie montage. Je peux me poser un peu et commencer à créer en regardant les images. C’est une fois le projet terminé, finalisé et envoyé au client, qui est potentiellement satisfait, qu’on peut prendre du recul et se dire que c’était sympa à faire.

The Wayners par Kilian Fragu - Limpact

Dans ce que tu fais, quelle est l’action que tu préfères ? Filmer du sport, une famille, une personne, de la musique ?
Dans certains aspects de mon travail, j’arrive à combiner tout ça. Le clip, c’est quelque chose qui me plaît beaucoup, parce qu’on peut créer des ambiances et on se rapproche du fait de créer un contenu qui va s’apparenter à «une trame narrative». Il y a surtout le contact humain avec les acteurs que l’on va diriger et faire en sorte qu’ils se donnent en discutant avec eux, en créant une relation de confiance et de partage. Le fait de faire des images réussies, c’est aussi une question de partage que ce soit dans l’image animée, l’image fixe.

Tu as des projets ?
Etant indépendant, on a tout le temps des projets. Il y en a un que je me «traîne» depuis des années, c’est celui de créer une web-série que j’aimerai bien réaliser mais forcément ça demande du temps, de l’argent… ça reste un projet plaisir passion. On va dire que j’arrive à avoir des projets quand je rencontre des personnes avec qui je peux pousser la réalisation ou le contenu comme sur les clips où des groupes veulent avoir des images qui sortent de l’ordinaire. Un groupe aura besoin de quelque chose d’original qui va servir leur image tout simplement donc c’est là où on va essayer de créer une relation de travail et c’est là où les projets peuvent s’avérer un peu plus intéressants.

Jonny Wilkinson par Kilian Fragu - Limpact

Comment vois-tu la vidéo dans les années qui arrivent ?
Question difficile… C’est comme la photo finalement, maintenant tout le monde y a accès avec son smartphone. Le réalisateur français Michel Gondry a réalisé un film avec un iPhone 7. Steven Sorderbergh avec un iPhone 8 pour un budget ridicule. Finalement, la différence ne sera pas au niveau du matériel, mais dans les idées. On peut avoir le meilleur matériel du monde, si on n’a ni les idées ni l’œil, ça ne marche pas.

Propos recueillis par Manouk B.

Kilian Fragu Photographe - Limpact