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Terrier confiné, Omerta

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Omerta confinée

Née le 5 Août 2018 au cœur de l’Elevage du Destel, c’est une vraie personnalité douée d’une vraie intelligence. D’apparence calme, mais très nerveuse, hyper affectueuse et entière, l’œil brillant avec un regard qui peut tout te dire, elle est devenue la mascotte de Limpact. En cette période de confinement elle nous apporte une analyse sympa et caustique de la situation.

Comment vas-tu ?
Bien, pas trop mal, si l‘on peut dire. Je suis bien choyée par mon entourage que je dirige au doigt et à l’œil. Ça a été une vraie formation, mais maintenant c’est top. Et puis, j’ai un petit jardin avec piscine dans une “copro” et tout le monde est aux petits soins pour moi, dès le matin et jusqu’au soir. Nourrie, logée, blanchie, mon capitaine, un vrai bonheur. Bon, y’a un peu les chats, mais ils sont au diapason, c’est devenu mes potes. En plus, je suis élevée comme un dogue, car mon père adoptif a toujours eu des dogues allemands, tu sais, les grands noirs à taches blanches. Maintenant, il m’a, moi et tout le monde dit que ça le rend plus humain.

Comment tout ça a-t-il commencé ?
Simple mais pas banal. Je suis issue d’une portée de quintuplés et comme j’étais toute petite, j’ai failli ne pas survivre. Mais quand l’histoire doit s’écrire, elle s’écrit. Mon père, de son côté, avait fait croire qu’il allait adopter un dogue allemand, tout en sachant qu’il m’avait choisie. Tu imagines la différence avec ces colosses. Voilà, d’une blague est née une grande histoire entre lui et moi et tout notre entourage. Il pensait tellement à moi que ça m’a boosté pour survivre et le jour de notre première rencontre, après quelques réticences, je me suis jetée dans ses bras et je me suis endormie comme une princesse.

Tu es née en confinement, j’imagine ?
Oui, je suis issue de l’Élevage du Destel, un endroit magique avec de la musique douce où tout est prévu pour nous. Il y a la maternité où seul le personnel autorisé peut entrer, avec toutefois les précautions d’usage. Chaque portée a son enclos, pas de mélange ; les aides-soignantes viennent nous contrôler, nous chouchouter… avec masques, gants, blouses… Il y a aussi le vilain monsieur, celui qui te retourne dans tous les sens, sadique avec sa flèche piquante si t’es malade ou pour le vaccin. Il est terrible mais c’est pour notre bien.

Comment ça se passe, le confinement ?
C’est cool, tu ne fous rien, juste un peu de télétravail : dormir, manger, boire, jouer, dormir, manger, boire, jouer… Alors tu grossis, tu as les poils qui poussent partout, tu tournes en rond et tu attends que la situation se débloque. Mais ici, par contre, tout est sous contrôle, y’a un vrai dirigeant avec de vraies règles. Y’a pas une multitude de beaux-parleurs, chacun avec sa définition des règles. Ici c’est simple, quand tu ne sais pas, tu te tais. Et surtout, tu respectes les règles, tu sais ce truc simple que t’a appris ton père. Parce que respecter les règles, c’est être en règle et dormir avec la conscience tranquille. Ce que je fais 20 heures par jour, ça m’éclate, c’est trop bon.

Tu as l’air d’en connaître un bon bout sur le confinement ?
Pas plus qu’une autre, c’est juste une question d’éducation et dans votre cas, de civisme. Comme je te l’ai dis, nous respectons les règles qui vont réguler notre vie. Et puis, ce n’est pas long, parce qu’après quelques semaines, et à jour de nos vaccins, nous commençons à sortir, à nous promener, à faire connaissance avec les plus grands. C’est sympa mais avec des règles, sinon y’a le chef qui te remet en place. Ici, y’a pas de passe-droit ou de loustic qui fraude, nous sommes une fratrie et nous avançons ensemble. N’oublie surtout pas que nous descendons du loup.

Justement, vous êtes de plusieurs ethnies et de plusieurs âges ?
Ça te dérange ? Moi, pas du tout ! Et je suis bien placée pour en parler avec ma petite taille. Nous sommes tous différents, mais nous ne formons qu’une et unique communauté. Parce que nous avons compris que l’union fait la force. Ici, tu as les nouveau-nés, jusqu’à dix semaines environ, puis les ados, puis les grands, puis les vieux, puis les handicapés… Tous ceux qui n’ont pas la chance d’avoir trouvé de famille aimante sont ici et vivent aimés dans le respect de chacun. Comme pour nos vieux par exemple : c’est plus cool que pour vous, pour eux, comme pour vos enfants, c’est comme l’amour, c’est tout gratuit.

Finalement, pour toi, le confinement, ce n’est pas négatif ?
Pas du tout. C’est de l’éducation civique, comme je le disais précédemment. C’est apprendre les règles de respect et vous remettre les pieds sur terre, cette belle terre si maltraitée. Le confinement a pour vertu d’imposer des limites, donc une fois que tu les connais, c’est top. Nous, on connaît ça depuis des millénaires. Ce confinement a surtout réappris les bases de l’organisation familiale. Certains se sont même aperçus qu’ils avaient une famille. Ça te permet aussi de voir qui sont les nuisibles à recadrer. Il permet de voir ton réseau de plus près et de mieux le considérer. C’est comme après une bataille, tu fais le point.

Un dernier mot ?
C’est toi mon maître, mais c’est moi qui commande et nous deux c’est de l’amour.

Propos recueillis par Manouk B.

Péchés et vertus confinés

Ce confinement, plutôt péché ou plutôt vertu ?
Très bonne question, car effectivement il peut se décrire par les péchés capitaux ou de vertus d’ailleurs. Et en plus cette question doit t’arranger car tu la pose souvent. Pour en revenir à ta question effectivement je veux bien répondre par des questions, mais dans mon ordre à moi. Avec mon raisonnement de canidé et n’oublie pas que je pèse 1,6 kg donc avec un cerveau proportionnel à ma taille et donc en moyenne 45 fois plus petit que le vôtre.

LA LUXURE : parce que vous étiez dans une société pratiquement établie sur ce format du plus pauvre au plus riche chacun à son niveau ?
L’AVARICE : parce que chacun de vous a pris l’habitude de parer au plus pressé et de ne plus réparer mais changer pour ne pas se confondre en explications.
LA COLERE : que tout s’arrête vous a mis intérieurement en colère, parce que vous ne pouvez plus maîtriser la situation.
L’ORGUEIL : il en a pris un coup, parce que vous avez été privés de votre liberté et de décider ? Ça ressemble au permis à points ; et hop, t’as l’air d’un couillon avec ton téléphone ; moins 3 points.
LA GOURMANDISE : parce que renfermé, tu t’es jeté sur le frigo et les placards et que tu as oublié que tu devais aussi plaire à ta femme et tes enfants ?
LA PARESSE : enfin plus personne pour te chronométrer, pour te juger, pas de réveil, pas d’obligation, pas stress, pas de panique, pas de … ?
L’ENVIE : c’est peut-être ce qui vous manque le plus, je crois ; vous avez envie d’être, de paraître. Vous me faites rire avec toutes vos envies désuètes.

Bon ok on n’est pas tous comme ça heureusement, nous avons j’espère des vertus ?
Bien sûr que ouiiiii ! Et heureusement car vous ne seriez pas des Hommes autrement. D’ailleurs, c’est ce qui fait la beauté humaine ; et dans toutes choses, malheur est bon, comme vous dites. Ce qui caractérise l’Homme, c’est sa bonté de départ et son engouement à faire le bien. Malheureusement, après, y’a le business, la politique, l’appât du gain et là, ça se corse. Et maintenant, je vais te répondre comme je vous ressens et c’est plutôt vertueux.
LA FORCE D’ÂME : le courage. Vous en êtes pourvu à ne plus savoir qu’en faire et à l’heure actuelle, vous en fournissez (pour certains) la meilleure preuve.
LA TEMPERANCE : la modération ou retenue de soi. C’est ce qu’il va falloir mettre en œuvre à la sortie du confinement et vous en êtes capable.
LA CHARITÉ : l’amour de l’autre. Vous en avez à revendre et vous là donnée chacun à votre manière et avec vos moyen pour le plus grand nombre.
LA PRUDENCE : un concept. Elle vous énerve autant qu’elle vous habite. C’est souvent aussi une excuse qui vous sert à ne pas faire de mal à l’autre.
LA JUSTICE : morale ou juridique, c’est grâce à elle que vous régissez ou réagissez. Elle est en place pour le bien de la communauté. Sans elle, ce serait l’anarchie.
L’ESPÉRANCE : l’attente de la bonne nouvelle. Aujourd’hui, elle vient des Hommes qui se battent au quotidien pour le bien-être des Hommes. Que le business ne s’en empare pas.
LA FOI : avoir confiance. C’est le plus dur à faire accepter lorsque l’on n’a pas les tenants et aboutissants, ce qui est le cas à l’heure actuelle. Mais moi j’ai foi en vous.

Propos recueillis par Manouk B.

Confinement présidentiel

Omerta Présidente, tu fais quoi ?
Ouaf ! Là tu me colles un peu. Moi, je ne fais pas de politique, je n’ai pas de plan de carrière ou de cumul sur cumul. Tu sais, la politique, avant, c’était des convictions et un engagement. Aujourd’hui, je pense que c’est un plan de carrière et de communication. De toute façon, ça n’intéresse plus grand monde et c’est quand même dommage. Tu imagines le Général De Gaulle en 2020 (Ouaf, Ouaf) je pense qu’il se pend, entre tous ces comiques… heu… pardon, ces communicants.

Mais imagine-toi quand même Présidente ?
Bon, ok, mais tu m’engueules pas si mes mesures te déplaisent. D’abord, tout le monde vote pour moi (ouaf ouaf) et avec obligation sinon, c’est 135€ d’amende. Par contre, je prends tous les votes en compte et comme ça, chaque fois que quelqu’un rouspète, c’est normal car il a voté. C’est important de voter, chez nous on élit un chef et tous ensemble, que ça nous plaise ou non.

D’accord, tu es donc élue. Tu fais quoi avec 100% des suffrages exprimés ?
En premier, la base, c’est important. Liberté, égalité, fraternité. J’analyse et je prends les meilleurs là où ils sont et non pas des potes ou despotes, pour que tout le monde avance avec moi. Bon, avant d’attaquer les réformes en quelques exemples, prends un bol d’air parce que ça va déménager.

Premier exemple : je débranche l’ordinateur central et je perds tous les papiers pour redémarrer à zéro ou si tu veux je crée la VIe République avec mon gouvernement et mes compatriotes. D’entrée, j’annonce que je ne me représente pas et on se met au boulot à fond les manettes. Tu crées, tu bosses, tu es démuni, tu es jeune, tu es handicapé, tu es vieux… Je t’aide. Mais tu n’as pas intérêt à me trahir.
Deuxième exemple : tous à égalité avec le même régime social, famille, maladie, retraite… Toutefois, comme le permis à points, je distribue des points supplémentaires en fonction de la pénibilité du travail de chacun. Donc si tu bosses, tu gagnes, si tu restes à la maison, ça craint avec ton revenu universel. Et si je te choppe à bosser au black, alors là…
Troisième exemple : augmentation du temps de travail légal à 40 h et du salaire de travail en net 15% et diminution du pourcentage de charge sur le travail 15%. Base smic 8.03€ + 15% = 9.24€ net x par 174 h = 1607€ net pour 1 h de plus par jour, c’est cool. Mais tu restes libre de travailler moins si tu veux. Le travail, c’est l’offre et la demande : tu rentres, tu gagnes mais tu peux sortir aussi.
Quatrième exemple : refonte totale des régimes de couvertures sociales en une seule entité. Avec l’informatique, moins de monde dans les bureaux et plus sur le terrain pour aider les entrepreneurs avant de les réprimander ou contrôler les fraudeurs. Mise en place de régimes privés sous surveillance et pour que chacun puisse faire le choix de son avenir à court, moyen, et long terme.
Cinquième exemple : refonte du système de santé à tous les niveaux. Les urgences deviennent des urgences, pour les bobos, t’appelles ton médecin ou un organisme à distance. Les laboratoires passent par une centrale d’achat, nous sommes même capables de leur dire combien coûtent leurs produits. Comme la grande distribution, si tu veux être référencé, propose ton meilleur prix. J’suis un chien mais j’suis pas con à ce point-là, quand même.
Sixième exemple : refonte totale du système fiscal. Abandon de l’impôt sur le revenu, des niches fiscales, des défiscalisations sur l’art… Augmentation des impôts direct : TVA, immobilier, capitaux, taxe sur la robotique qui remplace un humain (une caisse sans caissière). Tout ce qui travaille rapporte et tout ce qui dort paye.
Septième exemple : nationalisation des banques (je n’oublie pas 2008, on les a sauvé avec notre argent), de l’énergie, de l’eau… Pour développer, nous devons détenir les éléments essentiels.

Bon, allez, j’arrête. Je ne serai jamais présidente, je suis trop libérale, conservatrice, despotique et surtout, pas politique du tout. Je te laisse dans ton monde en restant dans le mien, en espérant qu’il va tourner du bon côté.

Propos recueillis par Manouk B.

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