Un animateur vedette, Arnold, qui se la pète en criant sur tout le monde et en fumant comme un volcan (Clovis Cornillac). Un jeune animateur sympa, Alex, qui rêve de faire de la scène (Manu Payet).
Un comédien raté et introverti, lâché par sa copine, Ben, mais qui va se découvrir un talent d’auteur (Douglas Attal). Un baba cool vieillissant, Cyril, qui s’accroche à ses années de teenager avec l’humour pour bouclier (Pascal Demolon).
Quelques autres personnages encore, unis par une émission de la radio number one mais qui, à force d’en faire des tonnes jusqu’à faire passer la radio à la deuxième place, se font “punir” par le patron : ils partiront les deux mois d’été sur les routes pour animer une émission journalière dans la France profonde.
Et l’aventure démarre, c’est le cas de le dire, sur les chapeaux de roues avec aventures et avatars, qui vont faire retomber tout le monde sur terre mais scellera entre eux une profonde amitié. De galères en remises en question, ils finissent par faire remonter la radio.
Arnold mettra de l’eau dans son vin car il comprend que tout est éphémère, que tout “vedette” qu’il soit il n’est pas
intouchable et qu’il est sur un siège éjectable. Alex est le sympa-heureux de la troupe qui veut remonter le moral à Ben en lui présentant des filles et rêve d’être un jour sur scène pour un one man show. Ben, largué entre son insuccès et sa solitude, se rend compte, grâce à Alex qu’il a un sacré talent d’auteur… Et tout cela se terminera au mieux dans le meilleur des mondes du showbiz et de la radio.
Le film est tonique et percutant, plein d’énergie et même si les dialogues sont vraiment très crus, on s’attache à cette bande de Pieds Nickelés en vadrouille, de chenapans qui ne veulent pas grandir, qui ont plein de rêves et de doutes en tête et qu’un bon bol d’air de province fait revenir à la réalité. Le tout se termine en apothéose… au Dôme de Marseille !
C’est un film de mecs, à part l’arrivée tout en douceur de Zita Hanrot, qui joue la petite sœur d’Alex et celle, tonitruante d’Ana Girardot, mégère envahissante d’un rappeur malheureux (si, si, ça existe !)
C’est le premier film de Romain Levy, un film qui sort des sentiers battus, qui apporte une touche nouvelle et originale à un cinéma français académique.
Nous avons eu le plaisir de retrouver “en vrai” quatre de ces chenapans : Romain Levy, Clovis Cornillac, Douglas Attal, Pascal Demolon, dont la complicité est évidente, à la ville comme à la scène.
“J’avais envie – nous confie Romain – de réaliser un film mais pas n’importe comment ni à n’importe quel prix. Mon idée était de réunir une bande de copains autour d’une histoire d’amitié. Mais cette histoire aurait pu se passer ailleurs, dans un autre univers. La radio est un univers que je connais bien pour l’avoir pratiquée, donc c’était plus facile et de plus, c’est aussi l’univers de Manu qui est un ami. Je suis aussi parti du fait qu’on tient son destin entre ses mains mais qu’il faut peut-être un déclencheur quelquefois. Et enfin, je l’avoue, le personnage de Ben c’est un peu ce que j’ai vécu en revenant des Etats-Unis, où j’avais tout raté, en étant paumé et mal dans ma peau.
Comment s’est fait le choix des comédiens ?
Manu, c’était évident bien sûr. Pour Clovis, je l’ai très vite vu dans ce personnage cynique, arrogant et quelque peu caractériel et il m’a tout de suite fait confiance alors que je n’avais encore rien fait. Pascal est un artiste atypique dont j’aime l’humour décalé et dans ce personnage à la fois gentil et chiant, il apporte son énergie. Quant à Douglas, il n’est pas du tout comédien et n’en avait pas du tout le désir, je l’ai un peu poussé… – C’est vrai – poursuit Douglas – je me sens mieux derrière les gens, derrière une caméra. Je suis avant tout réalisateur, metteur en scène. Mais j’ai fait ça pour m’amuser et ce qui m’a séduit, c’est le scénario aussi atypique que le réalisateur qui a une énergie qui vous pousse. Et puis cette ambiance potache avec toute l’équipe a été un vrai grand plaisir.
Alors Clovis, commente entre-t-on dans un tel personnage ?
Avec jouissance et bonheur même si je me souhaite de n’être jamais comme lui ! Je trouvais d’abord intéressant d’aborder ce métier que je ne connais que de l’autre côté. C’est-à-dire que je fréquente les radios pour y être interviewé et j’avais envie de savoir comment ça se passait. C’est une des joies de mon métier que d’aborder des personnages, des styles différents. J’ai trouvé le scénario très fort, d’une grande modernité et je m’y suis plongé en espérant que le film réalisé serait de la même force, ce qui est le cas. Ce qui m’a plu aussi c’est que ce n’est pas un film sur la radio mais avant tout un film humain où les personnages sont des gens qu’on peut rencontrer tous les jours. J’ai aussi aimé ce personnage car derrière toute cette mascarade il y a un homme qui comprend que la célébrité n’est pas tout, qu’il vieillit, qu’un jour il sera remplacé et qu’en fin de compte, ayant construit sa vie sur du vent, il n’a rien d’autre après. C’est en ça que, même s’il est quelquefois odieux il est aussi humain et émouvant.
Romain, n’avez-vous pas eu peur de heurter un certain public car le dialogue est assez “hard” !
Oui peut-être que ça peut heurter les âmes sensibles mais d’abord c’est un langage d’aujourd’hui et puis… on ne peut pas plaire à tout le monde ! Mais je crois que, même si les mots peuvent choquer, ce n’est jamais vulgaire dans les comportements. Il n’y a pas de perversité car il y a la manière de le dire, avec un certain humour, même une certaine élégance. C’est de l’ordre de… la déconne !
– Et puis – renchérit Clovis – c’est quelque part jubilatoire de se sentir coupable, d’avoir honte mais de le faire quand même. De penser transgresser quelque chose comme un enfant qui sait qu’il ne faut pas dire de gros mots mais qui le fait avec délectation parce que, justement, c’est interdit.
Pascal, qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à cette aventure ?
L’audace, la liberté de ton, l’humour et même une certaine grâce dans le rôle que je joue. C’est un cadeau pour moi que de recevoir un tel rôle.
Le film est pensé, porté et n’est jamais consensuel et possède une certaine force. Romain sait frapper au cœur. Et puis partager un film choral c’est toujours très agréable, si ça se passe bien, et évidemment c’est ce qui a été le cas. J’ai vécu cette aventure à merveille… et ça continue .”
C’est vrai que l’on sent, à les voir rigoler ensemble, une très grande complicité qui perdure, et certainement, perdurera après le film. Dans le film, d’ailleurs, on sent cette grande complicité, ce qui en fait aussi sa force.
“Un dernier mot – tient à préciser Romain – pour Alain Attal qui est le producteur du film car, alors que je n’avais rien à montrer, il m’a fait une confiance totale. Il a eu également, durant toute la préparation et le tournage du film une implication de tous les instants et s’est vraiment investi alors qu’il plongeait dans l’inconnu. Sa confiance, sa générosité, son amour du cinéma font de lui l’un des plus grands producteurs français… sinon le plus grand !”
C’est dit !
Propos recueillis par Jacques Brachet