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Rien que pour vos yeux, Christel Forestier

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71 % des Français portent des lunettes. Une paire pour la vue ou pour le repos. Tous ne peuvent pas se déplacer chez leur opticien, c’est le constat dressé par Christel Forestier. Depuis 2012, en plus de son cabinet d’optique, elle se déplace avec ses présentoirs et ses appareils pour consulter les patients. Les personnes isolées, pensionnaires d’EHPAD, ou encore des prisonniers bénéficient de ce cabinet mobile.

Concrètement, comment se déroule une consultation ?
J’ai un véhicule mobilisable avec tout le matériel notamment un sac optique avec un présentoir et ses outils. En tout, j’ai une centaine de montures à montrer. Tous les verres sont “made in France” ainsi qu’une partie des montures. Il faut prendre un premier rendez-vous pour que je puisse faire le diagnostic, il y a ensuite un deuxième rendez-vous pour que je vous porte les lunettes. Ce qui est bien, c’est que le client à toujours affaire à moi.

Pourquoi avez-vous adopté cette organisation ?
J’étais directrice de magasin d’optique, cela ne me correspondait plus du tout. En base arrière on me demandait des exigences de chiffre sur telle ou telle chose. A cause de cela, les opticiens sont trop souvent considérés comme des vendeurs de lunettes. Il faut remettre de la déontologie là-dedans. C’est de la santé publique, pas du commerce. Beaucoup de personnes sont en incapacité de se déplacer en cabinet. Quand je me rends en maison de retraite, je vois bien que les patients n’ont pas tous de la famille à proximité pour les aider. On doit répondre à cette demande.

Vous vous rendez dans des lieux très différents les uns des autres, même à la prison de la Farlède. Racontez-nous.
J’ai vraiment hésité à accepter. Cela fait 6 ans à peu près. Cela se passe globalement très bien. Les détenus sont très polis. Je n’ai eu que deux personnes désagréables et de toute façon, j’ai un bouton ceinture pour ma sécurité. On travaille avec l’unité médicale de la prison, mon rôle est d’apporter une réponse de santé publique.

Dans toutes ces activités, laquelle vous plaît le plus ?
Honnêtement, c’est un équilibre. Je ne pourrai pas passer mes journées avec des détenus. De même, en milieu hospitalier on voit vraiment des choses terribles, il faut avoir le coeur bien accroché. Je ne m’en sens pas capable au quotidien. J’aime aussi le cabinet, d’ailleurs j’ai acheté une ancienne clinique vétérinaire à La Farlède pour en faire un pôle santé.

Si ces personnes sont isolées, elles ne doivent pas avoir seulement besoin d’un opticien…
Effectivement, je le constate sur le terrain. Je me suis également lancée dans les prothèses auditives. J’avais constaté le besoin lors de mes déplacements. Ensuite, lors de mes passages en EHPAD, j’étais au contact des professionnels et je me suis moi-même renseignée pour proposer ce service. Il y a beaucoup à faire dans les soins à domicile.

Propos recueillis par Laura Berlioz

Optic Synergy : 06 61 76 38 69