L’été est enfin là, avec ses chaudes journées ensoleillées qui imposent les siestes de l’après midi. Sous un parasol, à la plage, à l’ombre du grand arbre du jardin ou bien dans une chambre fraîche aux volets mi-clos, le farniente est de rigueur. Profitez-en pour prendre une belle BD et faire marcher votre imagination pendant que tout le reste de votre corps se délasse.
Des Lumières dans la Nuit – “Hicotea” de Lorena Alvarez
Éditions Vents d’Ouest
Lorena Alvarez est une jeune illustratrice colombienne qui a travaillé pour la publicité et les livres jeunesse. Les deux premiers tomes “Des Lumières de la Nuit” sont ses premiers pas en BD et l’on peut dire qu’ils n’ont laissé personne indifférents puisque nommés aux Eisner Awards, prestigieuses récompenses américaines. Ces œuvres nous montrent l’univers à la fois poétique et onirique de Sandy, jeune élève d’une école très stricte, qui s’évade de sa vie monotone, chaque nuit, en créant de petits êtres étranges qui prennent vie grâce à son dessin. De là à penser qu’il y a une bonne dose d’autobiographie dans la vie de cette jeune et timide héroïne, il n’y a qu’un pas. En tous cas, Sandy va faire de drôles de rencontres lors de ses moments d’évasion. Le graphisme fabuleux de Lorena Alvarez lui permet de rester cohérente dans tout le récit. La maîtrise de la couleur est impressionnante et le trait (imprégné de manga) d’une élégance rare.
Le Dernier Pharaon de Schuiten, Van Dormael, Gunzig, Durieux
Éditions Blake et Mortimer
François Schuiten est un maître incontesté de la BD actuelle et sa mythique série des “Cités Obscures” se doit d’être présente dans toute bibliothèque qui se respecte. Son trait, tout en hachures fines, rappelle les gravures de Gustave Doré ; ses couleurs douces nimbent de mystère son univers visuel, reconnaissable au premier coup d’œil. Pourtant, avec “Le Dernier Pharaon”, il parvient à nous surprendre avec cette histoire qui s’avère être un nouvel épisode des célèbres héros de Jacobs, Blake et Mortimer. Mais ce livre est bien plus qu’un album de plus de ce duo légendaire. Une histoire complexe (inspirée par les notes d’Edgar Pierre Jacobs), qui mêle le “Secret de la Grande Pyramide” aux préoccupations de notre monde contemporain (réchauffement climatique, capitalisme sauvage et invasion du numérique). Quatre ans pour venir à bout de ces 85 planches dans lesquelles le Palais de Justice de Bruxelles, reconstruit par l’architecte Poelaert, est le “personnage” central de l’histoire.
Face cachée de Sergio Toppi
Éditions Mosquito
Sergio Toppi avait commencé sa carrière par l’animation et l’illustration pour la presse jeunesse. Dans les années 70, de nombreux dessinateurs italiens se firent connaître dans l’hexagone grâce à “L’Histoire de France en BD” puis dans une série d’album publiée par Dargaud: “Un Homme, une Aventure”. Mais la reconnaissance du public sera longue à venir. Ce n’est que récemment que l’immense talent de cet artiste, d’une modernité absolue, a enfin été reconnu. Dans ses superbes planches en noir et blanc sur fond de guérilla organisée par les Papous de Nouvelle-Guinée contre leurs colonisateurs allemands, le travail de hachures de Sergio Toppi fait merveille. Des décors grandioses et des protagonistes aux “trognes” incroyables, des cadrages audacieux qui servent l’esthétique et dynamisent la mise en scène. Au moment où l’on considère les planches de BD comme des œuvres d’art à part entière, celles de Sergio Toppi atteignent des sommets dans l’équilibre maîtrisé de leurs compositions.