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Anggun – La voix de l’Eurovision

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France 3 a choisi Anggun pour représenter la France au concours Eurovision de la chanson 2012, qui se tiendra en mai prochain en Azerbaïdjan.
Depuis plusieurs années, France 3 choisit, dans des genres totalement différents, des artistes, qui sont de véritables ambassadeurs internationaux de la culture musicale française.
Cette année, le choix de France 3 s’est porté sur Anggun, l’une des plus belles voix féminines actuelles. Une voix qui a séduit de grandes stars comme Peter Gabriel, Michael Bolton, Zucchero, Bryan Adams, Pras des Fugees etc…
Anggun par ses origines franco-indonésiennes, est aussi le reflet d’une diversité qui, par ses  différentes influences musicales, enrichissent  la culture musicale française.
Indonésienne, devenue française et vivant dans notre pays, Anggun est la gagnante de nombreux prix faisant d’elle l’une des artistes francophones les plus appréciées. Il y a quelques années, elle a chanté le générique du film « Le Transporteur II » produit par Luc Besson qui a atteint la 1ère place du box-office des USA. Son précédent album « Luminescence » a été certifié double disque d’or en France et sa nouvelle chanson « mon meilleur amour », extrait de son tout nouvel album « échos », sorti il y a quelques jours,  était, récemment, la chanson française la plus radiodiffusée à l’international.
Anggun est  également une artiste engagée. Pour son combat pour la francophonie dans le monde, elle a été intronisée Chevalier des Arts et des Lettres et nommée Ambassadrice de bonne volonté pour l’Organisation des Nations Unies pour les programmes de lutte contre la faim dans le monde.
Lorsqu’on la rencontre, Anggun nous offre sa beauté, son sourire et sa sérénité. Dans le backstage, pas le moindre stress. Son équipe est sympa, souriante et à l’heure dite, on entre dans la loge de la star, cocon intime et rafraîchissant.
Le sourire est ravageur, encadré de longs cheveux soyeux. Elle est belle et je suis sous le charme. Elle s’exprime dans un français magnifique, employant toujours le mot juste et peut donner sans crainte des leçons à quelques chanteuses… françaises !
Cette conversation s’est faite en deux temps, puisque nous l’avions commencée voici quelques mois sur un gala et nous l’avons poursuivie au téléphone ces jours-ci pour parler de ce disque et de l’Eurovision bien sûr.

Anggun, Indonésienne et chantant en anglais et en français, pourquoi avoir choisi de faire une carrière en France plutôt qu’en Amérique ?
Je n’ai jamais eu le rêve américain en moi, l’Indonésie est déjà bien trop américanisée, cet idéalisme d’un pays surpuissant me fatigue et je n’ai jamais eu l’envie, comme les filles de mon âge, d’aller conquérir les USA. Pour moi, vivre
ailleurs c’était vivre en Europe. Mon pays est lourd d’Histoire et aller aux USA ne m’aurait pas appris grand chose. Même leur anglais est américanisé ! Ils ont quatre cents mots de vocabulaire, c’est peu. En Europe je savais que j’apprendrais beaucoup plus de choses et la langue française est riche.
Et puis, je n’irai jamais dans un pays qui légalise la peine de mort !

Vous avez aussi été à bonne école avec votre père ?
Mon père était un homme de lettres, un écrivain, l’ambiance à la maison était
empreinte d’art, on y recevait des écrivains, des peintres, des musiciens. Toute l’intelligentsia passait chez nous et j’étais donc baignée par tous ces gens magnifiques. Il y avait une forme de communication pertinente. Et puis chez nous, en Indonésie, on grandit avec la musique et la danse. Ce n’est pas considéré comme quelque chose de sérieux mais c’est en nous, ça fait partie de nous. Là-bas, je ne suis considérée que comme quelqu’un qui donne du bonheur en chantant. Je ne sauve pas des vies, je ne suis pas admirable mais je vis à travers et autour de la musique.

Vous qui maîtrisez si bien la langue française, avez-vous envie d’écrire vos textes aujourd’hui ?
Très envie mais ce n’est pas parce qu’on parle français qu’on peut écrire en
français, surtout des paroles de chansons. Je suis encore handicapée car je ne la maîtrise pas encore assez pour l’écrire. J’écris donc en anglais et je fais traduire, presque mot à mot, par des
paroliers qui le font mieux que moi. C’est une langue belle mais difficile, je suis très critique envers moi-même et je reste très timide.

Avec qui avez-vous abordé la littérature française ?
Avec Boris Vian que j’idolâtre et qui est pour moi un scientifique des mots. Lorsque je suis arrivée en France, j’avais 20 ans et j’étais très pressée d’apprendre le français car j’ai toujours eu un énorme besoin de communiquer. J’ai donc attaqué la littérature très vite et l’on m’a offert « L’écume des jours ». Ce fut un choc. Je ne comprenais pas toute la subtilité des mots, chaque sémantique mais ça a été pour moi un véritable révélateur.
Vous êtes très éclectique en musique, puisque vous chantez aussi bien avec Diam’s que Serge Lama, les Hallyday père et fils, Zucchero, Tri Yann…
Et Peter Gabriel, ne l’oubliez pas, ça a été le plus grand moment de ma carrière. Vous savez, je n’aime pas les étiquettes, j’aime brouiller les pistes. Etre « chanteuse de variété française », c’est très réducteur et dans mon cas ça ne veut rien dire. D’abord je ne suis pas française et je pense que, comme le dit Aznavour, il y a deux sortes de musiques : la bonne et la mauvaise. Alors j’aime aller d’un style à l’autre, découvrir des univers différents, chanter avec des artistes très différents…

Dont les deux Hallyday, ce qui est rare !
Et magique ! Durant huit ans, avec Johnny, nous nous sommes croisés sur des plateaux télé. Pour moi, c’était un Himalaya d’intimidation. Et puis le jour où il m’a dit qu’il aimait ce que je faisais et qu’il me voulait en tournée je n’en suis pas revenue ! Cette tournée des stades a été magnifique.

Et David ?
Nous nous sommes rencontrés sur le spectacle des Restos du cœur, nous avons sympathisé et on nous a proposé de faire un duo pour une télé. Etant perfectionniste, il a voulu entrer en studio avec ses musiciens… C’est un vrai pro car peu d’artistes auraient fait ça pour une émission éphémère.  Je trouve qu’il a un énorme talent de mélodiste qui n’est pas assez reconnu. J’aimerais qu’il m’écrive des chansons… J’envoie le message !

Sur votre nouveau disque “Echos”, deux noms reviennent :  Vincent Baguier et Marie Bastide…
Un garçon, une fille… Deux rencontres magnifiques. Pour Marie, ça m’intéressait car à part Evelyne Krall, je n’avais jamais vraiment travaillé avec une fille. Quant à Vincent, c’est un véritable coup de foudre artistique. Je l’ai vu en spectacle, je l’ai trouvé très drôle, à tel point que j’ai chanté avec lui sur scène. Je trouve son écriture très incisive, avec beaucoup d’autodérision, un certain décalage. ça m’a plu de mêler son univers à celui de Marie, plus romantique et mélancolique. Chez Marie je me suis retrouvée 100% femme… Souvent, j’ai moi-même du mal à me comprendre !

Marie étant la compagne de Calogero, n’avez-vous pas eu envie qu’il participe à l’aventure ?
D’abord il y a son frère Gioacchino Maurici qui y participe, quant à Calogero, il a été omniprésent. S’il ne l’était pas artistiquement, il y était… officieusement ! On lui faisait écouter les enregistrements et il nous donnait son avis. Sa présence a été importante.

Alors, parlons d’une autre aventure, l’Eurovision 2012 !
Ça a d’abord été pour moi une grande surprise qu’on me propose de représenter la France. D’autant que certains artistes avaient postulé mais que l’idée ne m’avait même pas effleurée. Après quoi j’ai été heureuse et honorée et j’ai vite dit oui. C’est plus tard que j’ai réalisé l’ampleur de ma décision.

Pourquoi ?
Eh bien, si dans certains pays, l’Eurovision est un événement musical important, en France l’image est très différente. En Angleterre, en Suède, par exemple, c’est un rendez-vous à ne pas manquer. En France, ça garde un côté ringard…

Vous savez pourquoi ?
Oui, je pense que la France est un pays plus littéraire que musical. On peut s’en rendre compte par exemple à la télévision où il y a de moins en moins d’émissions de variétés. Il y a peu de place pour la musique. En Indonésie, par exemple, dès le matin vous avez de la musique en live… En France il y a aussi le choix de l’artiste, soit un jeune inconnu qui a l’occasion de se faire connaître, soit un artiste qui veut relancer sa carrière… ce qui n’est pas votre cas, vous qui êtes une artiste internationale… Effectivement, tout comme l’était Patricia Kaas. Nous n’avons rien à prouver et donc l’importance est surtout le choix de la chanson. Il faut trouver une chanson susceptible de gagner !

Alors, comment allez-vous la choisir ?
Déjà beaucoup de propositions me viennent d’un peu partout. J’ai croisé quelqu’un qui m’a proposé une chanson au débotté et même un chauffeur de taxi qui m’a dit qu’il avait “ma” chanson !  Je trouve cet engouement très touchant. Mais ce sera une décision commune entre l’équipe de France Télévision, celle de ma maison de disques, la mienne et… moi qui aurai le dernier mot car c’est quand même moi qui vais la défendre !

En Français ou en Anglais ?
J’aimerais que ce soit 70% en Français et 30% en Anglais. Français parce que c’est notre identité et Anglais pour que ce soit accessible au maximum de gens qui parlent et comprennent cette langue”.

Avec une telle star… peut-être finirons-nous par le gagner, ce fameux prix Eurovision !!!
A noter qu’on pourra découvrir Anggun sur scène le 10 février au Dôme de Marseille sur une tournée intitulée “Stars Story Party 2012” aux côtés d’Amel Bent, Jean Roch, Inna Modja, David Vendetta, Baptiste Giabicconi et quelques autres présentés par Ariane Brodier.

Anggun  “ Echos “ (Warner)
Tout est somptueux chez elle : le physique, la voix, le sourire… Un régal pour les yeux et les oreilles et en plus, elle est d’une gentillesse et d’une simplicité que peu de jeunes artistes possèdent aujourd’hui.
Voici “Echos”, un de mes coups de foudre de cette fin d’année car les mélodies sont belles, portées par des paroles originales et poétiques qui sont de vrais bijoux dans l’écrin qu’est sa voix, à la fois forte, délicate et sensuelle.
Ainsi nous offre-t-elle un panel de très belles chansons dont le très efficace et rythmé “Psychomaniaque”, la très prenante “J’ai appris le silence” qui parle de femmes opprimées avec tendresse et émotion, la très celtique “Mon meilleur ami” et le duo devenu incontournable avec Gérard Lenorman “Il”; et enfin, pour ne pas oublier qu’elle est une des chanteuses les plus internationales, deux titres en anglais “Buy me happiness” et “Weapons”.
En fait une grande et agréable surprise de cette fin d’année que nous fait la belle Anggun.
Anggun "Echos"