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Franz-Olivier Giesbert, Un lien de passion avec le Var

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Journaliste, directeur de journal, écrivain, présentateur télé, polémiste, etc. Franz-Olivier Giesbert est l’une des figures de proue du paysage médiatique français. Il était à Sanary-sur-Mer, le 10 août dernier, pour y présenter son dernier roman sur l’amour, « L’amour est éternel tant qu’il dure » (Flammarion).

Qu’est-ce qui vous a poussé, dans votre dernier roman, à entamer un tour du monde de l’amour ?
Quand je me lance dans un roman, je me rends compte après du sens que j’ai voulu lui donner. Quand je commence un livre, c’est une aventure qui commence, je me cale derrière un personnage. J’écris un peu sous sa dictée. Je sortais d’un livre lourd, que j’avais écrit avec plaisir, mais qui m’avait épuisé physiquement. C’était La cuisine d’Himmler, qui fut un beau succès d’ailleurs. Et là j’avais envie de m’amuser. Parce que je sais que derrière, d’autres projets, tout aussi exigeants intellectuellement, m’attendent. Donc, ce livre fut une forme de parenthèse enchantée.
La construction du roman se fait par petites touches, des petites historiettes qui ont un lien entre elles.
Dans le processus de création, je me suis inspiré de la pièce de l’écrivain viennois Arthur Schnitzler, La Ronde, où les personnages se succèdent et vivent des histoires d’amour avec deux à trois personnages. C’est en écrivant, en marchant en quelque sorte, que le contenu, le sens, se révèlent. Je ne planifie pas.

Le sentiment amoureux, mondialisé, a-t-il changé de visage ?
L’espace de conquête est aujourd’hui mondial, c’est vrai, ce qui change progressivement les mentalités. D’où le succès d’ailleurs du film, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu, où toutes les nationalités se croisent. Je me suis toujours intéressé à l’amour, de toute façon.

Quel amoureux avez-vous été ?
Trop entier, sans doute. Avec des moments tragiques et d’autres plus drôles. L’intérêt de l’amour, c’est qu’il ne ressert que très rarement le même plat. Il y a aujourd’hui encore des amours qui durent très longtemps, même s’ils sont platoniques. L’amour reste la chose la plus importante dans la vie. Pas seulement l’amour du conjoint, mais aussi des enfants, des autres, du monde, de l’art, etc. C’est un mot majeur pour moi. Mais je n’écris pas en m’arrimant à une quelconque théorie. Je suis trop besogneux, je lis beaucoup, mais quand j’écris, je suis le plus authentique, le plus vrai.

On peut trouver là un point commun avec votre activité journalistique où vous aimez bien mettre les pieds dans le plat !
Non, le journaliste est dans une démarche d’explication tandis qu’en littérature, je me laisse porter, de l’absurde à quelque chose de plus sérieux. J’écris parce que j’en ai envie. J’ai toujours rêvé d’être écrivain. J’ai commencé comme localier à Paris-Normandie, j’ai adoré ce contact, cette proximité. Mais je n’ai jamais perdu de vue l’envie de devenir écrivain.

Entre l’écriture journalistique et l’écriture littéraire, existe-t-il des liens ?
Non, il y a d’un côté une technique, une urgence, avec un nombre de signes précis à fournir. L’autre ne m’angoisse pas. Je suis besogneux, je travaille beaucoup mais je n’ai pas l’angoisse de la page blanche. J’écris toujours dans la joie mais si je traverse des périodes de panne. Je m’éloigne de l’ouvrage, j’y reviens…

Cette façon de mettre de la distance avec les choses vous a permis entre autre de mener à bien une carrière journalistique riche en rebondissements ?
Oui, c’est vrai. Mais sans vraiment avoir peur. Quand je passe du Nouvel Observateur au Figaro, j’en ai surpris plus d’un. Je ne me sens ni de gauche ni de droite. Je pense que le modèle économique défendu par la droite est le seul applicable dans les démocraties modernes, avec des entreprises fortes dans leur domaine. Mais je suis très attaché à la redistribution des biens, à la solidarité, au fait que certaines personnes ont plus besoin que d’autres d’être aidées dans cette société. J’ai eu la chance de côtoyer de grands hommes politiques, Mitterrand, Giscard d’Estaing, Chirac, etc. Eux-mêmes, je crois, sont habités par cette double impulsion.

Vous devez apprécier les personnages authentiques…
Oui, j’ai toujours aimé des gars de la trempe de Pasqua ou de Mélenchon. Peu importe de savoir si je suis d’accord ou pas mais ils sont entiers. Mon ami André Frossard du Figaro me disait toujours : on a deux hémisphères dans le cerveau, autant se servir des deux, le droit et le gauche ? Je ne suis pas dans l’hémiplégie mentale ! Je suis à la fois pour une meilleure compétitivité de la France adossée à un consensus social.

La politique vous passionne-t-elle toujours autant ?
Oui mais il y a une colère en moi. J’ai le sentiment que nous sommes gouvernés par des gens qui s’en foutent alors que la classe politique française, dans son ensemble, est de qualité. Mais elle est gangrénée par des intérêts financiers et des gens trop opportunistes.

Quel est votre rapport avec le Var ?
Il est fondamental. D’abord, j’aime beaucoup le Sud. Je vis de nombreuses semaines à Marseille et j’occupe une maison de famille près de Cavaillon. Je loue par ailleurs un appartement à Toulon, une ville que j’adore et qui m’inspire puisque j’y ai écrit la plupart de mes livres. J’adore me promener dans les entrelacs de la ville et faire mes courses sur le cours Lafayette. Puis j’ai souvent loué des maisons de vacances à Ollioules ou Sanary. J’ai un lien de passion avec le Var.

Quelle sera votre actualité de rentrée en septembre ?
Je suis toujours éditorialiste au Point, tout de même. J’y ai mon bureau et les jeunes prennent bien soin de moi (rires). Je continuerai à présenter une émission sur France 5, « Les grandes questions » (ndlr, diffusée toutes les semaines le samedi à 19h), une émission de réflexion avec des experts invités sur le plateau.

Propos recueillis par Stéphane Menu
Crédit photo couverture et article : Hannah Assouline / Opale / Flammarion