81,7 milliards d’euros. C’est le montant dépensé par les Français avec le e-commerce, en 2018. Un engouement qui n’est pas sans impact sur les petits commerces, quel que soit leur emplacement. Delphine Montabonnet est comptable à Ollioules. Des magasins en centre-ville à ceux des grandes surfaces, elle suit leur évolution et connaît leurs difficultés.
Comment se portent les commerçants à Ollioules ?
Selon moi, on distingue deux catégories. Ceux qui travaillent sur leur communication se portent plutôt bien. Les autres ont beaucoup de difficultés. Les commerçants implantés depuis plus de 30 ans peuvent se passer des réseaux sociaux, ils ont leur clientèle. Sinon, ils doivent les utiliser, surtout si leur emplacement leur fait défaut. Je parle ici des échoppes traditionnelles. Pour les artisans, c’est différent. Ils fonctionnent plutôt avec le bouche-à-oreille.
On oppose souvent les petits magasins aux grandes surfaces. Or, les boutiques qui les composent rencontrent aussi des difficultés. Lesquelles ?
Les problèmes des petits commerçants ollioulais et ceux des grandes surfaces ne sont pas si différents. Prenons le cas d’un vendeur en centre-ville qui se sent menacé avec l’apparition d’une grande surface. Eh bien, cette dernière le sera aussi si un autre centre commercial plus grand, voit le jour. On parle d’une guerre d’emplacement et de taille mais il ne faut pas oublier la concurrence d’internet. Les promotions et facilités de livraison, proposées sur la toile, font beaucoup de mal aux commerçants.
Internet est-il devenu leur ennemi numéro un ?
Incontestablement. Avant cela, un boutiquier pouvait se démarquer avec ses prix bas par exemple. Aujourd’hui, c‘est impossible. Il ne sera jamais aussi compétitif que certains sites qui proposent la même chose.
Comment peuvent-ils lutter ?
En proposant un service qu’on ne trouve pas sur la toile. Les gens aiment beaucoup l’humain. Par un exemple, un caviste doit multiplier les efforts pour fournir du conseil à ses clients. Autre astuce, il faut se servir d’internet comme d’un allié. D’abord par la communication. Ensuite, certains commerçants vendent leurs produits sur internet, en plus du magasin. Cela élargit leur cible et leur apporte plus de visibilité.
De plus en plus, les magasins ferment au bout de quelques semaines ou quelques mois d’existence. Peut-on expliquer cela uniquement par le commerce en ligne ?
Pas seulement. Je pense qu’aujourd’hui les gens ont plus peur. Ils ont conscience du mal que peut leur faire le e-commerce. Dès les premières difficultés, ils vont se poser des questions sur leur longévité. Avant, ces vendeurs s’attendaient aux périodes difficiles. Un commerce florissant pouvait avoir ses moments de faiblesse. Certains avaient même l‘habitude de rester quelques mois sans se dégager de salaire. Maintenant, cela inquiète. Les gens abandonnent plus vite, par peur de se retrouver dans le rouge.
Propos recueillis par Laura Berlioz
Delphine Montabonnet
Experte comptable à Ollioules spécialisée dans les Toutes Petites Entreprises.
04 94 02 90 90