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La SICA Marché aux Fleurs d’Hyères, Michel Gueirard

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Michel Gueirard, PDG de la SICA Marché aux Fleurs

Implantée dans le Var, au cœur du principal bassin de production français, la SICA Marché aux Fleurs d’Hyères concentre près de 95% de la production du département. Aujourd’hui, plus de 400 producteurs lui confient la commercialisation de leurs produits. La société développe son activité sur 4,5 hectares de terrain dont 2,5ha de bâtiments. Chaque semaine, 300 acheteurs grossistes, expéditeurs et fleuristes s’approvisionnent sur le site et distribuent sur l’ensemble du territoire national. Michel Gueirard, PDG de la société depuis 2014 nous parle de son métier.

Comment se sont passées ces 6 années à votre poste de PDG ?
Super rapidement. On dirait que 6 ans, c’est long et finalement, ça m’a paru très court tellement ça a été intense. Sans faire d’autosatisfaction, ce qui me réjouit, c’est qu’on a pu mettre en place ce qui avait été envisagé en début de mandat. C’est notamment une meilleure image du marché aux yeux de la production et un développement de nouveaux services en direction de nos clients.

Cadran Marché aux Fleurs de Hyères - Limpact

On est en 2020, on attaque une nouvelle décennie. Le Marché est-il prêt pour ça ?
Tout ce que nous avons mis en œuvre doit mieux nous préparer aux futures échéances. Mais vous savez, nous intervenons sur une filière dont le commerce est totalement mondialisé. Et si le Var est le 1er producteur de fleurs coupées sur le plan national, il demeure un faible opérateur sur la scène internationale. Une concurrence de plus en plus agressive et des charges qui pèsent toujours plus sur nos exploitations, c’est dans ce contexte que devons préparer notre avenir. Autant dire qu’il n’y a rien de facile. Nous faisons en sorte de prendre les bonnes décisions stratégiques pour rester un opérateur significatif sur le marché.

Quels ont été vos investissements au cours de cette année ?
Nous avons créé une unité de conditionnement de 2400m² afin d’abriter les 2 stations spécialisées dans le conditionnement de la pivoine. Nous y traitons plus du 1/3 de la production du département. Au-delà du service que cela apporte à nos producteurs, c’est une véritable réussite sur le plan commercial en termes d’anticipation et de réactivité sur les commandes.

Pivoines SICA Marché aux Fleurs de Hyères - Limpact

Qui sont vos principaux concurrents ? Les Pays-Bas peut-être ?
Je le répète, le commerce de la fleur est totalement mondialisé, et les Pays-Bas représentent une plateforme logistique hégémonique qui reçoit plus de 60% de la production mondiale, sans aucune règle de limitation, sans aucun quota, et même, la majorité du temps, sans droit de douane particulier. Autant dire que la concurrence est à notre porte avec les fleurs d’origine sud-américaine comme l’Equateur, la Colombie, ou Africaines comme le Kenya ou l’Ethiopie. Vous imaginez les conditions socio-environnementales auxquelles nous sommes confrontés.
Pour trouver notre place dans cet échiquier international, notre horticulture varoise s’est orientée au cours de ces dernières années vers des productions de plus en plus spécifiquement méditerranéennes telles que les anémones, renoncules ou pivoines et, de manière générale en élevant toujours plus ses exigences qualitatives. Mais ce qu’on peut réduire à quelques lignes, vous imaginez bien toute la souffrance que cela peut représenter pour nos horticulteurs.

Quelle est l’attitude du consommateur face à ces évolutions ?
On note une évolution sensible dans l’attitude des consommateurs. Ils sont de mieux en mieux informés et les jeunes générations prennent clairement position pour une consommation vertueuse et respectueuse de l’environnement. Certains commerçants s’orientent également dans cette direction, en privilégiant les circuits relativement courts, en respectant la saisonnalité des productions.
Aujourd’hui, les principales règles environnementales auxquelles sont soumis les horticulteurs visent à protéger les ressources en eau, la qualité des sols et de l’air, à protéger la santé et la sécurité des producteurs et des riverains, d’assurer une gestion raisonnable de l’énergie et des déchets, et enfin à favoriser et protéger la biodiversité.
Bien évidemment, il n’y a pas de place aux excès, mais un juste milieu qui doit permettre à tous d’y retrouver ces valeurs. Mais il est clair que l’horticulture varoise a déjà relevé les enjeux de demain.

La SICA travaille également sur des labels de qualité ?
Nous avons développé notre marque commerciale « Hortisud » qui définit certains critères de qualité. Aujourd’hui, nous sommes également labellisés Fleurs de France. Les futures échéances passeront vers une IGP (Identificatioin Géographique Protégée) voir même une certification environnementale.
Sur le plan environnemental, La SICA s’illustre également par son toit photovoltaïque
C’est exact, nous sommes la première centrale photovoltaïque en région PACA zone urbaine, aux alentours de deux hectares couverts, ça représente à peu près 5000 foyers de fourniture.

Le Président est heureux alors ?
Oui et non, car il y a certaines choses qui sont trop longues à se mettre en place. Malheureusement, ça ne tient pas qu’à nous. Je ferai quelques reproches à l’administration qui coupe les cheveux en quatre avant de pouvoir nous laisser faire quelque chose. Je prends que l’exemple de la mise en place de la zone horticole à La Crau, on m’a dit tu vas en avoir pour 12 ans, on en est à 10 et les installations sont en train de se faire. Bon, l’important c’est d’y arriver. Là-dessus je remercie TPM qui nous a toujours soutenu et qui est partenaire de l’opération, mais ils se sont heurtés, comme nous à des complexités administratives. On est dans un pays où l’administratif devient trop compliqué et on n’avance pas. J’aimerais que nos services administratifs soient des facilitateurs, des incubateurs de projets, mais ça… c’est pour plus tard !

Propos recueillis par Manouk B.

SICA Marché aux Fleurs de Hyères - Limpact