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Nathasa St-pier : Portrait

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Cette belle Canadienne qui a démarré sa carrière à 8 ans vient de surprendre tout le monde en nous offrant un album composé de poèmes de “Sainte Thérèse de Lisieux”, morte à l’âge de 24 ans de la tuberculose.
“Thérèse, vivre d’amour” (twin music – TF1) en est le titre.

C’est loin d’être un disque anodin et Natasha St-Pier est à ceindre de lauriers car, dans ce paysage du showbiz fait de paillettes et de faux-semblants, il y a certainement plus populaire et plus “banquable” (selon le mot à la mode) mais Natasha a laissé parler son cœur et sa voix sur des textes à l’infinie beauté et ce disque est l’un des plus beaux qu’on ait écouté depuis longtemps, qu’on soit chrétien ou athée car il parle d’amour tout au long de ces chansons. On ne peut qu’être touché par ce chemin difficile que Thérèse a choisi et que Natasha reprend avec une magnifique humanité. “Vivre d’amour” n’est-il pas l’espoir de tout le monde et, dans ce monde insensé que nous vivons, le plus beau voyage qu’on puisse espérer ?
Natasha l’a compris, ainsi qu’Anggun, Sonia Lacen, Elisa Tovati, les Stentors, Le magnifique Michael Lonsdale, les Petits Chanteurs à la Croix de Bois et même le plus “people” des monsignore : di Falco, qui l’accompagnent sur ce chemin de paix. A noter que c’est Grégoire qui en a signé la musique.
Tous ont participé à cette oeuvre – ce chef d’œuvre – profonde, belle, chargée d’émotion, d’amour, d’espoir… Le disque de Natasha est un OVNI dans ce milieu musical fait d’apparences et manquant tristement d’amour… On ne peut que la remercier pour ce beau message…
Et on le lui répètera le 15 juillet à Bandol !
Rencontre avec cette belle canadienne au regard Méditerranée.

Natasha, en ce moment on vous retrouve sur tous les fronts… Vous tenez le coup !
(Elle rit), Je dois dire que mes nuits de sommeil sont un peu courtes mais ça va, je résiste !

Parlons d’abord de ce magnifique album plein d’amour et d’émotion… Est-ce une idée à vous ?
Pas du tout, c’est Roberto Ciurleo qui un jour, tombe sur ces textes magnifiques. Travaillant avec l’épouse de Grégoire, il les lui propose pour voir s’il peut les mettre en musique. Grégoire est très inspiré par ces textes et ils imaginent monter une comédie musicale. Ils proposent l’idée à TF1 qui pense que ça s’adapte plus à un album qu’à un spectacle avec, pourquoi pas, Natasha St-Pier. Voilà comment m’est venu ce projet.

Y avez-vous adhéré tout de suite ?
Oui car j’ai trouvé les textes superbes et les musiques de Grégoire très belles et s’adaptant merveilleusement. J’ai aussitôt dit oui. Ça a vraiment été un coup de cœur. Je ne connaissais pas Thérèse mais ses textes m’ont donné envie d’en savoir plus sur elle. Ce que j’ai fait et j’avoue que sa vie hors du commun m’a passionnée.
C’est très loin de ce que vous avez fait jusqu’ici. Avez-vous alors pensé à la réaction de votre public ?
Tout d’abord, j’avoue que non tant j’ai été prise par ce projet. Après je me suis posé la question mais je me suis dit que tout ce que j’avais fait jusqu’alors et que j’ai aimé faire, leur a plu. Donc j’ai pensé que ça leur plairait.

Ce qui est le cas puisque votre album est très vite monté au top vente. Le choix des artistes qui vous accompagnent dans cette aventure, comment s’est-il fait ?
Nous avons très vite pensé que d’autres artistes devaient intervenir tout en restant moi-même le fil rouge. J’ai donc choisi d’abord des artistes de grand talent comme  Sonia Lacen qui est une amie, Anggun avec qui j’avais déjà fait des duos mais jamais sur disque et Elisa Tovati que j’avais souvent rencontrée en coulisses et que j’appréciais. Les Stentors m’avaient invitée sur leur disque, je pensais que ce serait bien que j’inverse la situation. Quant à Michael Lonsdale, c’est une voix magnifique, un immense comédien qui, de plus, est beaucoup tourné vers l’Eglise et Monseigneur di Falco était un peu la caution de ce disque d’amour, d’espérance et de religion.

Anggun, Natasha St-Pier et Sonia Lacen

Allez-vous en faire un spectacle ?
Oui mais tout va si vite ! Je pense qu’en septembre je ferai d’abord une tournée dans les églises avec ces chansons, d’autres de mon répertoire qui s’adaptent au spectacle comme “Un ange frappe à ma porte” ou “Que mon âme” et des reprises adéquates comme je fais toujours dans mes tours de chant mais il faut que tout soit cohérent.

Et vos acolytes ?
Eh bien, ils me retrouveront selon leur liberté et quelquefois je chanterai toute seule.

Votre concert de Bandol le 15 juillet sera fait de quoi ?
Ce sera mon concert normal avec deux chansons seulement de “Thérèse”.
Alors, parlons maintenant de l’émission “The Voice” dont vous êtes coach pour la version belge !
Et qui vient de se terminer. Mon chanteur, Robin, est arrivé second et ça a été une magnifique expérience.

Quel est le travail du coach exactement ?
Il est là – du moins selon moi, et c’est ce que j’ai fait – pour donner des cours de chant, de théâtre, l’aider à savoir se tenir sur scène, comment se mouvoir, s’habiller et, comme mes artistes étaient mineurs, leur apprendre à répondre aux interviewes, à ne pas dire n’importe quoi, gérer leur stress, savoir choisir des chansons. C’est un gros travail de trois jours par semaine et il faut aussi leur faire comprendre que c’est un vrai métier et qu’il n’y a pas que le côté m’as-tu vu qui compte et qu’il y a beaucoup de travail, de courage, de ténacité derrière une carrière de chanteur.

Ces dernières semaines, vous nous avez encore surpris avec l’émission de M6 “Un air de star” !
Ça m’amuse beaucoup de participer à ces six émissions car ce n’est pas si facile que ça d’incarner une star et physiquement et par la voix et par les attitudes. Mais c’est aussi très excitant car il faut être à la fois chanteur et acteur et plus le personnage est loin de nous, plus c’est excitant.
Mon premier personnage, Nicki Minaj, était très osé à incarner. J’ai dû vraiment sortir de moi pour le faire et après ça, je pouvais faire n’importe quoi !
Il faut dire qu’on est très aidé par les maquilleurs et les habilleurs. Bravo à eux aussi !

Natasha St-Pier

L’Eurovision vient de se dérouler. Vous y avez participé en 2001, représentant la France. Quel souvenir en gardez-vous ?
Le souvenir d’une belle semaine de folie. Arrivant 4ème, j’ai d’abord été déçue mais avec le recul, je me dis que c’est pas mal par rapport à d’autres années et je garde un très bon souvenir. C’est très enrichissant de rencontrer tous ces artistes de tous ces pays. Et ça a été une belle semaine.

Comment voyez-vous ce concours aujourd’hui ?
Il a quelque peu changé car avant, il y avait de grandes chansons et aujourd’hui c’est de plus en plus eurodance. C’est peut-être bien pour les jeunes chanteurs qui ont envie de se faire connaître.

On a dit beaucoup de choses sur les combines de ce concours. Qu’en pensez-vous ?
Lorsque je l’ai fait, je ne sais pas si ça existait mais je peux vous assurer que les concurrents ne savent rien. Si ça se fait ça ne transpire pas et nous sommes tous là à compter nos points et à stresser en se demandant si on va gagner !
En tout cas, avec “Thérèse”, qui pouvait paraître une improbable adhésion du public, elle ne s’est pas trompée en ce moment Natasha vit une belle expérience : vivre d’amour !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Sylvie Renoir