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Patricia Kaas, dans les pas de Piaf

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Patricia Kaas a déjà 25 ans de carrière. Piaf, elle, nous a quittés voici presque 50 ans… J’oserai dire aussi : déjà.
Si on l’a souvent comparée à Piaf, Patricia avait depuis longtemps dans la tête de lui rendre hommage. Mais elle n’osait pas.  Aujourd’hui, alors qu’elle est devenue l’une des rares chanteuses françaises à pouvoir se targuer d’être internationale, elle a pris de l’aplomb, de la sûreté… enfin, un peu, dit-elle et sa stature de star peut lui permettre de s’attaquer à ce monument de la chanson qu’est toujours Piaf.
Une belle rencontre au MIDEM, fin janvier, où elle nous a accordé une interview.
La veille elle avait reçu des mains du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, l’insigne de Chevalier des Arts et Lettres et avait participé aux NRJ Music Awards.

patricia kaas

Patricia, cet insigne ?
C’est impressionnant ! Je suis très flattée d’être reconnue et de pouvoir représenter la France dans de nombreux pays.

Ce projet autour de Piaf, c’est un rêve que vous avez depuis longtemps ?
Oui mais il a fallu du temps car je ne voulais pas le faire sans me sentir prête. Il me fallait, je crois, un certain vécu, avoir confiance en moi et ça ne s’acquiert qu’avec l’âge et le métier et surtout, j’ai pu franchir le pas après avoir écrit mon livre* qui a été une véritable thérapie.
Il y a eu aussi la tournée “Kabaret” avec laquelle j’ai traversé 50 pays. Ça m’a rassurée. Après tout ça, je me suis sentie prête. C’est le bon moment.

patricia kaas en concert

C’est un projet très ambitieux !
Bien sûr car lorsqu’on touche à une artiste comme Piaf, on n’a pas le droit de faire n’importe quoi. De plus, je suis très perfectionniste. Donc ça va être un travail exaltant, même si c’est un énorme travail.

Comment s’est fait le choix des chansons ?
Je dois vous avouer que, ne voulant rien laisser passer, j’ai écouté les 435 chansons que Piaf a enregistrées… pour en garder 25. Il y a les incontournables mais surtout celles qui m’ont touchée plus que d’autres, soit par le texte, soit par la mélodie. Et puis, j’ai aussi dû choisir en fonction de la scène et du son symphonique que je désirais avoir. Sans compter que j’ai encore eu un flash avec cette chanson que j’avais ratée et dont m’a parlé Serge Lama : “Avec le soleil”… Mais d’ici mai-juin, avant que je n’entre en studio, ça aura encore pu évoluer !

Patricia Kaas au midem

L’adaptateur est Abel Korzeniowski. Quels sont les critères qui vous l’ont fait choisir ?
Là encore, j’ai écouté beaucoup de compositeurs mais j’avais, dès le départ, l’idée de choisir un compositeur de musique de films pour avoir un souffle, un élan car je voyais quelque chose de beau et de grand. J’avais donc quelques noms dans ma tête et lorsque nous nous sommes rencontrés, j’ai tout de suite aimé sa subtilité. Nous avons longuement parlé ensemble. Il est très drôle et il m’a beaucoup touchée par sa sensibilité. Il m’a tenu le discours que je désirais entendre.

Parlez-nous du spectacle.
Il est encore à l’état d’ébauche et je tiens à préciser que ce ne sera pas une comédie musicale et que je n’incarnerai pas Piaf. C’est avant tout un hommage que je lui rends, je ne veux en aucun cas l’imiter. Ce sera son histoire en chansons. Je pense déjà qu’il y aura un écran sur lequel on passera des photos et des bouts de films inédits. Il y aura des textes entre les chansons, certaines chansons seront réarrangées par de jeunes musiciens de la génération électro comme Woodkid qui est déjà d’accord. Il y aura un côté théâtral auquel je tiens, peut-être un comédien ou un mime. Il y aura des programmations musicales, un piano, un violon… Bien sûr, tout cela est encore flou mais va s’imbriquer peu à peu. Par contre, j’aimerais que le spectacle se termine avec elle, qu’elle reste la dernière sur scène…

Le spectacle s’intitulera : “Deux voix, deux destins. Un hommage”. Hormis la comparaison que l’on fait souvent entre elle est vous, qu’avez-vous en commun ?
Nous avons, c’est vrai, quelques similitudes, même si ma vie est je crois plus simple et plus jolie que n’a été la sienne. Comme elle, je viens d’une famille modeste, je me suis aussi beaucoup battue dans la vie. Pour chanter ce qu’elle chante, il faut avoir un certain vécu.
Il faut aussi avoir vu les gens s’émouvoir ou sourire, touchés par ce que l’on chante. Par contre, elle a eu plus d’hommes dans sa vie que moi… Notez que… je peux encore la rattraper !

Où enregistrerez-vous l’album ?
Normalement, à Londres.

Patricia Kaas chante Piaf

Londres, justement, où débutera la tournée des capitales où Piaf à chanté ?
(Elle rit) Vous voulez déjà me mettre la pression ? Je pense que ce soir-là, au Royal Albert Hall de Londres où elle a triomphé, j’aurai la maxi-pression même si je serai aussi excitée et ravie. Mais aujourd’hui je ne me rends pas encore bien compte. Il est certain que peu à peu la pression va monter mais ça fait partie du métier et je dirai : heureusement car c’est un sentiment humain. Ce sera pareil pour l’Olympia et les autres capitales et pour les 35 pays que je traverserai avec ce spectacle.

Après 25 ans de carrière, avez-vous des regrets ?
Je ne regrette pas du tout d’avoir la vie que j’ai menée même si quelquefois, lorsque je suis fatiguée, je peux regretter de ne pas être chez moi plus longtemps. Mais chez moi, je m’ennuie très vite car j’ai envie de bouger, de me sentir créatrice, même si la vie n’est pas tous les jours facile. Et aujourd’hui, je peux me permettre de m’arrêter quand je veux.

Si vous deviez vous définir ?
Je suis une femme exigeante et je crois qu’il faut l’être pour réussir car le talent ne suffit pas. Il faut beaucoup travailler et se nourrir de ce que les gens vous donnent. J’ai aussi une certaine fragilité qui fait que je ne suis jamais sûre de moi. Mais c’est ce qui me fait avancer et ça me permet de garder les pieds sur terre. Tout cela vient, je crois, de mon éducation. J’ai toujours des doutes, je me pose beaucoup de questions. Mais ça me permet de me perdre un peu, de revenir sur mes pas et de continuer…”

Patricia enregistrera son disque au printemps. Il sortira le jour de son premier concert à Londres le 5 novembre. Suivront Berlin, Paris, New York, Montréal, Genève, Bruxelles, Amsterdam, Séoul, Moscou. 2013 la verra traverser 35 pays dont l’Allemagne, la Russie, la Corée, la Chine, la Turquie, la Pologne, les Etats-Unis… avant une tournée en France et un passage à l’Olympia

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

* “L’ombre de ma voix” – Ed Flammarion

assassinée sur france 3 le 8 mai

sur france 3, le 8 mai : “assassinée”
Après l’expérience Lelouch devant les caméras dans “And now, ladies and gentlemen”, qui date de 2002, Patricia Kaas n’avait pas repiqué au jeu du cinéma. La revoici pour un rôle grave, sombre et dramatique dans un polar que vous pourrez découvrir le 8 mai sur vos écrans, qu’elle a tourné pour France 3 : “Assassinée”, réalisé par Thierry Binisti (La bicyclette bleue) sur un scénario d’Olga Vincent (Marie Besnard), avec Serge Hazanavicius.
Un coup de fil qui va bouleverser sa vie… On l’attend au commissariat pour identifier un corps… Sa fille. Le comble de l’horreur et puis les questions : qui ? pourquoi ? comment ?

Patricia, vous n’avez pas choisi la facilité pour revenir devant les caméras ?
C’est vrai et j’ai mis un certain temps pour me décider car le scénario est très dur. Mais j’ai toujours aimé me mettre en danger et je préférais ça à un rôle de chanteuse qu’on m’a souvent proposé. C’est un vrai grand rôle où j’ai quelque chose à prouver alors qu’il y a moins de danger à monter sur scène et chanter… Quoique, avec Piaf…

Comment se prépare-t-on à un tel rôle ?
J’avais un coach car en plus, il y avait beaucoup de texte à apprendre et je suis de presque toutes les scènes. Ça me changeait du film de Lelouch où je n’étais pas l’interprète principale et n’avais que peu de dialogues. Je me suis investie à fond,  j’ai voulu m’isoler afin de ne pas être perturbée par les situations du quotidien. J’avais à jouer simultanément des sentiments divers comme la souffrance, la colère, la tristesse, le désespoir, la peur… c’était difficile, j’ai dû puiser dans ma vie intime pour exprimer certains sentiments. N’étant pas mère, j’ai beaucoup pensé à la mienne. Je me suis beaucoup investie afin de ne pas lâcher le rôle… J’ai frôlé la déprime ! Mais Thierry Binisti et Serge Hazanavicius m’ont beaucoup aidée.

Photos Bernard Barbereau

patricia kaas dans assassinée sur france 3