Tapoter sur son ordinateur ou encore griffonner sur un brouillon. La première étape pour débuter approximativement un récit. Sauf pour Patricia. L’histoire, la sienne, elle la connaissait dans les moindres détails mais ne pouvait l’écrire. A 25 ans, les médecins lui ont diagnostiqué une maladie de la moelle épinière. Tous autour d’elle redoutaient une sclérose en plaques.
Les tests ont démenti cette hypothèse. La tension et les inquiétudes sont retombées.
Pendant 20 ans, aucun souci de santé majeur. Jusqu’à ce jour où elle est tombée dans un fast food. Cette chute a été la première d’une longue série. Les médecins ont envisagé plusieurs pathologies. Les tests se montraient de nouveaux négatifs. Une seule chose était sûre : Patricia devait être opérée en urgence pour ne pas devenir tétraplégique. De la marche à l’écriture, elle a été obligée de tout réapprendre. Des mois et des mois passés en centre de rééducation, elle raconte ce combat dans son premier livre.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous confier dans cet ouvrage ?
Tout le monde me demandait ce que j’avais eu donc je le racontais. Souvent on me disait : “Tu devrais en faire un livre”. J’ai toujours été optimiste et j’ai réalisé beaucoup de progrès. Les gens me soutenaient et me disaient que mon regard sur la maladie pouvait aider les autres. Finalement, cela a été pour moi une véritable thérapie.
Ce projet a été plus compliqué pour vous que pour bon nombre d’écrivains. Racontez-nous.
Le livre est sorti deux ans après mon problème de santé car je ne pouvais plus écrire. Au début, je dictais mes phrases à un ordinateur. Le centre de rééducation m’avait mis à disposition un système vocal. Ensuite, je me suis rendu compte que l’ordinateur n’était pas à 100% fiable. C’est comme lorsque l’on dicte un sms à son portable, il faut bien vérifier derrière. J’ai donc pris le temps nécessaire.
Après la bataille de l’écriture, vous avez mené celle de la publication.
C’était pas gagné. Les maisons d’édition étaient intéressées par mon livre à condition que je leur cède tous les droits ou que je paye car je ne suis pas connue. C’est mon histoire, je ne la cède a personne ! Je me suis donc tournée vers l’autoédition. Le livre est disponible sur Amazon Cultura et Librinova. J’en dépose également à la librairie Charlemagne de La Valette. J’ai écoulé 170 livres, je n’aurais jamais cru arriver à de telles ventes en passant par ce système. Les gens sont réceptifs à mon histoire. Je reçois des messages bouleversants.
“Une autre façon de revivre”, pourquoi avez-vous nommé le livre ainsi ?
J’ai tout réappris. Les médecins me soutenaient pour que j’avance jambe par jambe. Pour l’écriture, c’était pareil. Je mettais le bras dans une machine qui réalisait les mouvements à ma place. Il m’a fallu un moment avant de trouver le titre. Il correspond parfaitement. Chaque jour avec mes progrès, j’apprenais à revivre, différemment.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
J’ai deux façades. Je suis extrêmement positive mais les douleurs sont très compliquées à gérer, malgré les traitements. Je prends une vingtaine de médicaments par jour et je suis au maximum des doses. Avant j’étais très active. Je travaillais et m’impliquais dans beaucoup d’associations sur mon temps libre. Mon mari et moi faisions beaucoup de voyages mais c’est aujourd’hui devenu trop compliqué.
Envisagez-vous d’écrire davantage ?
Oui. Il y aura une suite, préfacée par mon neurochirurgien. C’est lui qui m’a demandé de continuer. Je vais expérimenter un traitement assez inédit. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant mais je raconterai tout dans ce nouvel ouvrage. Avant cela je vais publier tout autre chose. Les aventures de 3 filles en week end à Lisbonne. Il sortira avant la suite de ”Une autre façon de revivre”.
Propos recueillis par Laura Berlioz