Se développer tout en essayant de conserver sa ruralité,
tel est le leitmotiv du mandat de Christian Simon. L’objectif est ambitieux et le chemin n’est pas tout tracé, loin de là. De la loi S.R.U. à la redistribution des compétences, depuis quelques années, sa tâche d’élu ressemble à un chemin semé d’embûches. Tous ces obstacles, le maire de La Crau compte bien les contourner. Un par un.
Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Chaque commune a ses problèmes. Ici, nous sommes pénalisés par un pan de la loi SRU*. On force les gens à s’empiler les uns sur les autres. Avec le pourcentage de logements sociaux obligatoires, on ne tient pas compte de la vie des gens. On veut faire les mêmes erreurs que dans le passé avec des barres d’immeubles. Ce qu’aiment les Craurois c’est la place, le marché, les déplacements à vélo. Laissez-nous faire à notre rythme en tenant compte de nos spécificités. Si j’écoute l’État, je devrais prendre des terres agricoles de bonne qualité pour construire ces logements. De un, c’est du gâchis et de deux, elles permettent l’absorption de l’eau lors d’épisodes pluvieux intenses. Cela nous protège des inondations. En plus de ces difficultés, mon budget est impacté. Nous écopons de 850.000 euros de pénalité. Nous perdons également une prime de 550.000 euros, la “dotation de solidarité humaine”. Nous l’avons toujours perçue jusqu’à ce que le quota de logement sociaux intègrent les critères. Nous sommes perdants dans tous les cas.
Comment se porte le commerce dans la ville de La Crau ?
Les villes moyennes proches des métropoles ont toutes du mal là-dessus.Je suis ancien commerçant et fils de commerçant. La première solution passe par le stationnement. A La Crau, nous avons mis beaucoup de moyens. On compte 1300 places de parking gratuites, dont une partie en zone bleue. Elles permettent et permettront aux commerces de se développer. Notre parc, non loin du centre, regroupera bientôt 2,2 hectares. On souhaite faire des activités dans le centre-ville. La faute est souvent rejetée sur les centres commerciaux. Moi, ce qui m’inquiète le plus, c’est internet. Les gens achètent beaucoup là-dessus. Je l’ai fait également mais il faut changer de comportement. Ayons tous cela à l’esprit sinon on tue notre lien social.
Que vous apporte la métropole ?
Nous avons la chance d’être regroupés seulement sous 12 communes. Avec quelque 430.000 habitants cela reste une métropole à taille humaine. Nous avons la chance d’avoir Hubert Falco comme président de TPM. Il était maire de Pignans et reste très attaché à la ruralité.
A l’inverse, quels sont les points négatifs ?
Je suis un fervent métropolitain mais, telle qu’on doit la mettre en place, c’est une vision technocratique de l’état qui de mon point de vue met en difficulté la ruralité. On doit s’adapter. Nous avons donc mis en place un plan de développement avec 12 antennes, c’est-à-dire une par commune. J’ai peur qu’avec les prochaines élections, nos orientations changent.
Etes-vous favorable au grand débat ?
Je suis d’accord sur le principe. En revanche, j’ai déjà écrit deux lettres au président. La première fois, une tierce personne m’a répondu. En revanche, ma seconde lettre n’a jamais reçu de réponse. Je veux bien débattre avec Emmanuel Macron mais, avant, il faudrait déjà qu’il réponde à ceux qui lui écrivent.
Pour finir, comment définiriez-vous votre rôle ?
Le maire doit être un bon gestionnaire mais il doit aussi rester à l’écoute des gens. Il se doit d’être là dans les moments de plaisirs comme les mariages. A chaque naissance, j’envoie un mot de félicitation aux heureux parents. Avant de venir faire cet interview, j’étais à un l’enterrement d’une Crauroise. On se doit d’accompagner nos administrés dans les moments difficiles.
Propos recueillis par Laura Berlioz
* Article 55
les communes de plus de 3.500 habitants (1.500 en Île-de-France) qui appartenant à des agglomérations ou intercommunalités de plus de 50.000 habitants et comprenant au moins une commune de plus de 15.000 habitants doivent ainsi disposer de 25% de logement social.