Dieu sait si cette année, nous avons cherché des sujets à traiter au MIDEM car, en dehors des sempiternels NRJ Music Awards où tout le monde congratule les sempiternels mêmes artistes qu’on ne peut pas approcher… rien à se mettre sous la dent…
Des Asiatiques tant qu’on veut, des “Nordistes” (Allemands, Scandinaves, Suédois…) à la pelle, des Français inexistants, de moins en moins de stands, de maisons de disques, tout se faisant dans les hôtels… et en Anglais !
Bref, heureusement, il y a eu la Révolution… Non pas celle du MIDEM mais celle des “Amants de la Bastille”, la comédie musicale qui a cartonné quatre mois à Paris et qui part en tournée*.
L’équipe au grand complet avec en prime Dove Attia et Albert Cohen, les deux heureux co-producteurs… et le finaliste de “The Voice”, Louis Delort qui, grosse tête oblige, n’a pas daigné rester à la conférence de presse, ayant certainement d’autres choses à faire plus importantes que de répondre aux journalistes régionaux.
Mais on s’en est très bien passé puisque nous avons pu rencontrer Marie-Antoinette alias Roxane Le Texier, Dove Attia et Albert Cohen, les producteurs heureux de cette Révolution 2012.
Dove Attia : “on vit dans l’angoisse à chaque création”
Comment est venue l’idée de ce sujet ?
Durant la période où je travaillais sur Mozart, je me suis rendu compte combien ce musicien était révolutionnaire. Il dit même à un moment “Bientôt la fin”. Ça a dû rester dans mon inconscient car en voyant aujourd’hui ce qui se passe dans un monde qui devient fou, la crise financière, je me suis dit qu’on arrivait aujourd’hui à la fin d’un monde… comme en 1789… Et j’ai commencé à penser à un spectacle sur la Révolution Française
Vous avez quand même été un peu visionnaire ?
Je crois qu’il faut l’être lorsqu’on crée un spectacle. Il faut savoir anticiper et ne pas se dire “Je vais traiter ce sujet car ça va marcher”… c’est le seul moyen pour que ça ne marche pas ! Mais j’aime trouver des sujets qui ont une connexion avec notre époque. “Les dix commandements” était aussi un sujet qui était d’actualité. Il faut donc toujours essayer d’anticiper, d’autant plus qu’on va imaginer quelque chose qui mettra au moins deux ans à prendre corps.
C’est le temps qu’il faut ?
Oui, il y a au moins une bonne année où l’on est sur l’écriture. Ça prend du temps. Après ça, il y a les castings et en parallèle, la réalisation des costumes, des décors, des lumières et puis, il faut monter le spectacle. Il faut savoir qu’il y a une cinquantaine de personnes sur scène et le double derrière. C’est une entreprise énorme.
Et encore, nous avons la chance d’avoir la même équipe depuis “Les dix commandements”.
Parlez-nous du casting.
Très long aussi car il faut que chaque personnage soit investi dans son rôle, lui ressemble. Si le casting est mauvais, le spectacle échoue. Il nous faut des gens à la fois peu connus mais ayant aussi l’expérience de la scène, qui sache chanter, jouer, se mouvoir sur scène. Il faut qu’ils aient du charisme, de la présence, qu’ils incarnent vraiment leur personnage. Donc le casting doit être très précis. Je dois dire que je suis très heureux de celui-ci car tous sont parfaits, ils ont beaucoup évolué en quatre mois car de jouer tous les soirs devant quatre mille personnes, ça nourrit l’artiste… Ils vont être meilleurs en tournée !
“Les dix commandements”, “Mozart”, “Autant en emporte le vent”, “Le roi Soleil”… Y a-t-il une recette au succès ?
Hélas non, on vit éternellement et à chaque fois dans l’angoisse. Lorsqu’on a monté “1789, les Amants de la Bastille”, c’était en en pleine crise économique et c’est le spectacle le plus lourd qu’on n’ait jamais monté. La mise en scène et la chorégraphie sont signées Giuliano Peparini, ce qui n’est pas rien. On se demandait si le public suivrait et par l’intérêt du sujet et par le côté financier. On a eu de la chance, le public a suivi et de plus, c’est le spectacle le plus beau et le plus accompli… à mon avis.
Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
Nous avons retrouvé la même émotion que sur “Les dix commandements” et on a imaginé le sujet comme une bande de copains qui veulent transformer le monde avec du rire, des larmes, de l’émotion, un texte qu’il faut écouter tant il est actuel tout en correspondant à l’époque. On ne peut s’empêcher de trouver des ressemblances avec notre monde d’aujourd’hui, un monde foutu, sans espoir et pour lequel il faut malgré tout trouver une solution. Et je crois que c’est ce qui a touché le public.
Roxane Le Texier : “je continue de rêver”
“Nous sommes en 1789 et Marie-Antoinette sera décapitée en 1793. Donc pas dans la période qui est racontée. Mais elle existe et représente une belle métaphore de la déchéance. Elle n’est pas représentée comme une icône mais comme une femme et une mère blessée”
Comment vous êtes-vous retrouvée sur ce projet ?
Depuis l’âge de neuf ans, je chante, je danse, j’ai fait partie de troupes amateurs, j’ai donc fait de la scène dès 12 ans, j’ai joué dans des courts métrages puis, à 18 ans, je suis venue à Paris pour entrer au Cours Florent. Entre temps j’ai écrit une pièce que j’espérais monter mais j’ai été sélectionnée pour la comédie musicale. Du coup j’ai arrêté les cours en troisième année car ce projet représente tout ce que j’aime. J’ai aussi joué “Carmen” façon cabaret avec Julie Zenatti. Mon “petit bagage” m’a permis de surmonter tous les castings.
Je continue de rêver !
Quelles sont aujourd’hui vos ambitions ?
Comme tous, je vis le plaisir de cette aventure, à Paris puis en tournée maintenant. Pour moi c’est magnifique car j’ai toujours rêvé de faire ça et de me partager entre chanson, théâtre cinéma. Je n’ai pas abandonné mon projet de pièce. Je finis de l’écrire et j’aimerais la monter comme metteur en scène. Mais je n’y jouerai pas, c’est trop lourd de tout mener. J’adore être chef de projet et ce que je vis aujourd’hui m’apprend beaucoup de choses pour la suite.
Mon attente est très grande de rencontrer le public de province en France… car je suis Belge !
Albert Cohen : “nous n’en espérions pas tant !”
“Nous avons donné 90 représentations à Paris depuis le 29 septembre, et réuni 250.000 spectateurs, ce que nous n’espérions pas par ces temps difficiles. Mais on y est arrivé. Aujourd’hui nous partons en tournée jouer dans une quinzaine de villes françaises mais aussi en Suisse et en Belgique puis retour au Palais des Sports pour y rejouer… Et tout de suite après nous repartons pour une seconde tournée ! Nous n’en espérions pas tant !”
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier et Gauthier Pallancher
le Dôme, Marseille : vendredi 7 juin 20h30, samedi 8 juin 15h et 21h, dimanche 9 juin 14h,
Nikaïa, Nice : samedi 15 juin 15h et 21h, dimanche 16 juin 14h