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Ayo – Couleurs urbaines

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Après avoir conquis le public du monde entier à travers un style musical qui n’appartient qu’à elle, mélange de folk et de soul, la sublime Ayo est de retour sur scène pour présenter son quatrième album « Ticket to the world ». L’artiste à fleur de peau, se livre sur ce disque, une sorte de thérapie musicale, un retour aux sources qui lui tient particulièrement à cœur.

Ayo est une passionnée, elle le crie haut et fort, la musique c’est sa vie, une vie idéale et rien ni personne ne pourra bousculer cet épanouissement personnel.
La jeune femme avait marqué les esprits en 2006, avec la sortie de son premier album « Joyful » et le titre incontournable « Down On My Knees », depuis, ce ne sont pas moins d’1,5 millions d’albums vendus à travers le monde qui ont fait d’elle une musicienne accomplie. Ses compositions aux sonorités folk et soul se nourrissent de ses rencontres, ses expériences de vie, ses voyages et ses nombreuses influences. Un doux mélange qui donne lieu à des mélodies qui lui ressemblent et qu’elle défendra quoi qu’il advienne.
Citoyenne affirmée, ses disques sont une sorte de passerelle vers la liberté, un hommage à ses racines qui la rend plus forte.
Ayo suit son chemin comme elle le ressent, aux quatre coins du monde. Son quatrième album, « Ticket to the world » est un retour à l’essence même de son style, d’un point de vue personnel mais aussi musical, elle y exprime des sentiments puissants, chargés en émotions et pimente ses titres d’un rap acoustique qu’elle maîtrise à la perfection.

Comment décririez-vous l’univers de ce quatrième album « Ticket to the world » ?
L’univers de ce disque est très profond, peut-être plus accompli que mes précédents albums. Il y a davantage de couleurs et de sonorités musicales, quant au message il est plus global et un peu moins personnel que ce que j’avais l’habitude de proposer. Musicalement, c’est la première fois que l’on trouve du rap sur un de mes disques, alors que c’est un style qui me suit depuis mes débuts. J’aime beaucoup ce que le rap dégage, on peut faire passer des messages forts très percutants.

Cet album marque-t-il un tournant dans votre carrière ?
Oui on peut le dire ! Je pense que tous les albums marquent le début d’une nouvelle histoire, en tant qu’artiste, j’ai la chance de pouvoir exprimer mon point de vue sur la société actuelle autour de cet art qu’est la musique. Cet album permet à tous ceux qui me suivent de me découvrir sous une autre facette, dans un autre registre musical. C’est toujours stimulant d’enregistrer un nouvel album, quand on est passionné on a envie de faire plaisir et rien ne peut nous arrêter, je suis une grande passionnée.

Le titre « Fire » que vous interprétez en duo avec le rappeur Youssoupha est une sorte de critique sociale, vous pouvez nous en dire un peu plus ?
« Fire » est en effet une critique sociale à propos du futur de nos enfants et du monde dans lequel nous vivons. Ce titre parle aussi de tout ce qu’il se passe mais que personne n’entend ou ne veut entendre, tout ce que personne ne voit. Je crois que le problème vient surtout du fait que personne ne sait comment changer les choses. C’est un titre qui me tient particulièrement à cœur.

Ayo, une grande passionnée - Limpact

Racontez-nous votre rencontre avec Youssoupha ?
J’ai découvert Youssoupha sur Internet par mes proches, j’ai tout de suite beaucoup aimé ce qu’il faisait et les sujets qu’il traitait. Parfois les rappeurs n’accordent pas vraiment d’importance à ce qu’ils interprètent, Youssoupha c’est tout le contraire. Ses sujets sont sensés et profonds, il sait de quoi il parle. En fait, j’ai appris qu’il avait l’intention de me demander de faire un titre avec lui avant même que je lui fasse la propostion, on avait le même projet en même temps sans se connaître.
La rencontre s’est faite naturellement, c’est quelqu’un d’entier avec qui j’ai vraiment pris plaisir à travailler.

Peut-on dire que « Ticket to the world » est une invitation au voyage ?
Oui mais c’est encore plus fort qu’un voyage, c’est un visa pour un monde meilleur que le sien. Je me suis inspirée de ma vie et de celle de mes proches. J’ai eu la chance d’avoir le bon passeport, une sorte de bonne étoile au-dessus de moi, ce n’est pas le cas pour tout le monde, ma famille n’a pas eu cette chance. Je m’inspire de mon expérience personnelle pour traiter de sujets que je connais et qui m’ont affectés et m’affectent encore aujourd’hui.

Justement, quels sujets avez-vous voulu défendre ?
Des sujets qui me touchent au quotidien, tout ce qu’il se passe ici ou ailleurs, les nombreuses
manifestations à travers le monde, l’injustice du système, les conditions de vie d’un monde qui pourrait être tellement meilleur que ce qu’il est actuellement. Ces sujets nous attristent tous à des niveaux différents. Peu de gens ont la chance de voyager, ceux qui ont cette chance ne s’en rendent pas compte, certains travaillent pour voyager, d’autres gaspillent et jettent l’argent par les fenêtres. Je trouve que notre monde est très dur.

Pensez-vous que la musique un moyen d’affirmer votre point de vue ?
La musique est une façon d’inspirer les gens qui m’écoutent au changement, de les inciter à sortir de leurs situations délicates. Je pense que la musique est un peu comme une religion, c’est quelque chose de spirituel avec des pouvoirs guérisseurs. J’ai envie de faire voyager les gens à travers mes titres. Je ne pourrais pas imaginer ma vie sans musique, pour moi il n’y a rien de plus fort et de plus joli.

Et maintenant, quels sont vos projets ?
Actuellement je tourne mon premier film avec le réalisateur Raoul Peck, ensuite je vais partir en tournée et puis je travaille sur un nouveau projet, quelque chose de plus acoustique et de plus intimiste. J’ai plein de projets pour l’année et même plus, je n’ai pas le temps de m’ennuyer !

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?
Souhaitez moi beaucoup de joie et une bonne santé, c’est le principal. Je vous souhaite d’ailleurs la même chose à tous…

Propos recueillis par Marine Astor
Crédits photos : Kate Barry / Bernard Benant