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Draguignan : sur la route du miel

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A l’heure où l’on parle de la disparition de plus en plus problématique de l’abeille, nous avons voulu en savoir plus sur ce nectar fabriqué par ces petits insectes si piquants et pourtant si indispensable pour féconder fruits fleurs et arbres fruitiers.
Philippe Mandard nous raconte ainsi la vie d’une ruche avec toute la passion qu’il a en lui.

On dénombre environ 20000 abeilles par ruche en hiver et 60000 en saison active, c’est à-dire au printemps. Une seule abeille régente tout ce petit monde et il faut savoir que cette pauvre reine sera fécondée par une dizaine de mâles sur les 4000 que peuvent contenir la ruche et qu’elle passera ensuite cinq ans de sa vie à pondre quelques 2000 œufs par jours avant de mourir. Belle perspective !

Pour les autres, la durée de vie est de un à six mois. Une précision : les dix mâles qui fécondent la reine… meurent aussitôt. La vie d’une abeille est une vie de labeurs car elle travaille sans cesse, allant chercher leur butin (d’où le verbe butiner), gardant et nettoyant la ruche, l’aérant de leurs ailes… Quelle vie… de chien… On comprend qu’elles meurent jeunes… de vieillesse précoce !

Dans la natures, les abeilles créent elles-mêmes leurs alvéoles mais la ruche les leur apportent toutes faites, elle n’ont plus qu’à les remplir, et ceci depuis une centaine d’années. Les abeilles sont très serrées dans la ruche et déposent leur miel sur des hausses qui sont vidées une fois remplies. Dans certains pays encore, les ruches sont des troncs d’arbres duquel on récupère le miel, mais il faut tuer les abeilles pour cela. Alors que chez nous, il suffit de les « sonner » avec un souffleur qui leur envoie de la fumée d’aiguilles de pin.

Les abeilles ramènent aussi des petites pelotes de pollen plein de protéines, dont elles se nourrissent. Il faut savoir qu’une abeille butine quelque 500 fleurs avant de revenir à la ruche. Lorsque la reine meurt, les abeilles choisissent un œuf de moins de trois jours et la larve est nourrie de gelée royale.

Il y a de nombreuses sortes de miels aujourd’hui et Jean-Philippe Mandard nous explique que, pour récolter du miel de lavande, par exemple, il emmène ses ruches sur le plateau de Valensolle au moment où la plante est en pleine floraison. Le choix d’autres lieux se fait par rapport à la concentration de certaines variétés de fleurs et de plantes. La transhumance se fait alors selon le choix du miel voulu mais elle peut se faire très loin. Pour cela, il faut que les abeilles, une fois rentrées à la ruche à la nuit tombée, restent dans le noir jusqu’à l’arrivée du lieu choisi afin qu’elles se sortent pas. La période d’adaptation au nouveau lieu est d’une heure à peine. En quelques heures, elles sont déjà en plein rendement.

L’abeille butine dans un rayon de trois kilomètres. Les éclaireuses font alors un périple puis reviennent à la ruche où elles exécutent une danse pour expliquer où se trouvent les plus grandes concentrations de fleurs. Elles sont guidées par le soleil et certaines couleurs car elles ne verraient pas les mêmes couleurs que nous.

A noter que la transhumance se fait en collaboration avec les agriculteurs, les particuliers et l’ONF qui prête ses bois pour installer les ruches. Lorsque la ruche est trop peuplée, la reine part avec la moitié des abeilles et colonise un autre lieu ou une autre ruche. Une ruche peut produire jusqu’à 120kgs de miels dont seulement 30kgs sont prélevés, le reste étant pour nourrir les abeilles. Une ruche fait en principe 4 miellées par an.

Aujourd’hui, le Var compte 80 apiculteurs. Il est devenu le premier département apicole, depuis l’an dernier, talonné, il est vrai, par l’Isère et les Bouches du Rhône.

A propos des controverses sur le miel Bio, Jean-Philippe Mansard pense que soit tous les miels sont bio : soit il n’y en a aucun car en principe, les ruches sont installées loin de la pollution et des grandes cultures à cause des insecticides. Si l’abeille ingurgite des insecticides, elle ne peut polluer la ruche car elle meurt avant d’y revenir. Et comme dans notre région, la mortalité est très faible, on peut donc considérer le miel comme pur et donc, bio !

Il est une maladie qui nous vient de l’Inde : le Vaorois qui est un acarien s’attaquant aux larves. Mais il est encore très peu prolixe dans le Var.

Quant au frelon, dont on dit aujourd’hui qu’il décime les ruches, il faut peut-être y mettre un bémol car Jean-Philippe nous explique que les abeilles savent très bien s’en défendre et que, très vite, elles peuvent, lui rendre raison en attaquant en nombre.

La qualité du miel fait qu’aujourd’hui le fameux « label rouge » sur les miels de lavandes et celui des fleurs de Provence est en progression sur la région. Ce label rouge pour le miel de lavande qu’on retrouve d’ailleurs chez Jean-Philippe.

Le « bon » miel est éternel car il peut se conserver une éternité… La preuve ceux que l’on a retrouvé dans des fouilles égyptiennes.

Les miels sont plus ou moins liquides car ils épaississent au long des jours, sauf ceux d’acacia et de sapin. Pour les rendre pâteux, il faut les brasser doucement et pour les liquéfier, il suffit de les mettre à la chaleur. Le mieux est de le garder au frais et de le laisser se réchauffer tout seul. Quant-à la date de consommation mise sur le pot, elle est là à cause d’une loi européenne qui est obligatoire mais qui est sans fondement pour la conservation du miel.

Il existe de nombreuses races d’abeilles mais en Provence, la plus commune est celle que l’on appelle « la noire ». Il a été créé sur l’île de Porquerolles un conservatoire pour la préserver.

 

Quelques miels particuliers :

Le miel de bruyère : Teinte rousse, odeur prononcée de réglisse, caramel, cacao.

Le miel de châtaignier : Teinte brune, odeur pénétrante, saveur tannique et amère.

Le miel de lavande : D’un jaune doré au blanc nacré. Acidulé mais… sans goût de lavande !

Le miel de tilleul :Très frais en bouche, saveur mentholée.

Le miel d’arbousier : Possède une amertume très prononcée.

Miel de bruyère blanche : Très clair, au goût de caramel et de pain d’épice.

Jacques Brachet

 

Jean-Philippe MANDARD
Mas des Salles
83300 Draguignan
04 94 68 05 10