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La femme idéale, Monique Senanedj

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Monique Senanedj - Limpact

Femme de poigne, de douceur et de cœur, Monique Senanedj est la femme que tout homme rêve d’avoir. Aussi franche que retenue, elle délivre un message constamment en adéquation avec son temps et les personnes. Elle dirige aujourd’hui, avec son mari, la société Sécuri-France composée de plus de 250 collaborateurs. J’ai souhaité venir à sa rencontre car je pense qu’un homme ne peut pas s’accomplir sans la présence d’une femme à ses côtés, qu’elle soit mère, fille, sœur, femme ou maîtresse.

Première question : est-ce que la femme parfaite existe ?
La femme parfaite, c’est la femme dans toute sa splendeur intérieure et chaque femme est parfaite si elle s’aime et se respecte.
Chaque femme est parfaite du moment où elle s’accepte telle qu’elle est. Il faut juste savoir où l’on met la perfection. Si c’est à travers l’aspect physique, pourquoi se pourrir la vie pour une perfection physique. Il est vrai que l’on voit dans les magazines de superbes femmes mais les photos sont arrangées, même sur les réseaux sociaux, nous arrivons à modifier l’apparence physique par des logiciels. Moi, la femme parfaite je la vois le matin, au réveil.
Ce n’est pas le reflet du miroir physique qui va faire que je suis parfaite. Aujourd’hui je me regarde, j’ai le nez de Cyrano de Bergerac, 10 ou peut-être 15 kilos en trop, mais je connais tellement mes valeurs et je m’aime et me respecte tellement que je peux aimer et respecter les autres. C’est à chacune d’entre nous d’aller chercher où est son bonheur dans la perfection.
Il faut s’accepter telle que nous sommes. Plus tolérante envers nous-mêmes, nous le serons encore plus envers les autres. Le manque de confiance et d’estime en soi me semblent être la problématique de beaucoup de femmes.
Ma version parfaite de la femme correspond à ses ambitions, à son indépendance, elle connait ses qualités et ses faiblesses, elle se respecte et a le sens de la répartie.

Comment une femme voit-elle l’amour au sens large ?
Il est vrai que l’on va être attiré par un regard, par un aspect extérieur, par l’écoute d’une conversation mais l’amour va se dévoiler au fil du temps et s’entretenir tout au long d’une vie commune.
Je dis à mes enfants qui sont au début de leur vie de couple, l’amour ne se construit pas en un jour, l’amour se travaille. Il y en a un qui m’a dit : “Alors ça veut dire que tu vas être amoureux à 60 ans ?”. Ce n’est plus le même amour, l’attirance sexuelle y est encore, mais il y a l’affection, la complémentarité, tu auras laissé l’autre s’épanouir, faire ses choix tout au long de sa vie de couple. Tu ne l’auras pas changé, mais amélioré dans sa façon d’être. Pour ma part, André Senanedj d’il y a 30 ans (époque où nous nous sommes rencontrés) et celui d’aujourd’hui, ce n’est plus le même homme comme je ne suis plus la même femme parce qu’on a su avancer ensemble, prendre des décisions ensemble mais surtout parce que l’on continue à se découvrir.

Monique Senanedj en famille - Limpact

Quels sont les changements par rapport aux années 60/70 ?
Notre société est fortement féminisée.
Dans les années 60/70 les mouvements féministes ont beaucoup œuvrés pour que la femme soit reconnue en tant qu’individu, mais depuis, je trouve que c’est terminé.
Dans la langue française, le masculin domine toujours le féminin. Donc aujourd’hui, les féministes, soit elles pensent avoir gagné, soit elles pensent avoir perdu car on n’a plus évolué.
Dans les années 60/70, on a eu le droit de travailler, d’ouvrir un compte en banque, le code familial a changé car avant, le père était le chef de famille alors qu’aujourd’hui, l’autorité parentale est au deux. Il y a eu l’avortement, la contraception, c’est-à-dire qu’on n’a plus été la femme en tant qu’épouse comme il est dit dans la religion, on n’est pas là que pour faire des enfants et éduquer des enfants.

Et maintenant, les années 2000 ?
Je pense que dans les années 2000 on a stagné. On parle d’égalité salariale entre homme et femme mais là-aussi, la loi nous coince. On parle d’expérience, ton traitement sera en fonction de ton expérience mais si on prend l’homme, il va aller au travail vers 20 ans, tandis que la femme, en tant qu’épouse, va manquer cette expérience. Donc l’homme aura systématiquement plus d’expérience que la femme. Les congés parentaux permettent au couple d’éduquer ses enfants, or aujourd’hui ce sont toujours les femmes qui le demande alors que les hommes pourraient. Le père peut également éduquer ses enfants. Et le couple idéal c’est ça, c’est le père qui a su, à un moment donné, laisser sa place parce que sa femme était carriériste et qu’il l’a accepté, car certains hommes n’acceptent pas que leur femme ait une carrière plus importante ou plus noble.

Quelle est la meilleure place de la femme dans le couple ?
La place dans le couple pour une femme, je dirai que c’est la même que pour un homme. La femme ne doit pas se reposer sur les épaules de son compagnon, chacun doit prendre des initiatives.
Les décisions, ne doivent pas être prises que par l’homme (l’achat d’une maison, le lieu des prochaines vacances, la décoration de la maison, les règles du foyer). Il faut discuter ensemble de tout ce qui concerne la vie à deux, puis à trois, à quatre, avec les enfants. Il ne faut pas être observatrice de sa vie de couple mais être active. Faire valoir nos idées, nos pensées, nos choix, nos accords, nos désaccords.
La place de la femme dans le couple, c’est la même que dans la société, c’est celle qu’elle veut prendre.

Comment doit se gérer la vie en couple ?
Que ce soit dans le couple ou dans la société, c’est à la femme de décider quelle place elle veut occuper.
Quand je dis à mon entourage que j’ai mon compte et qu’André a son compte, on me dit que c’est un manque de confiance. Le fait de ne pas avoir de compte joint me permet de gérer mon argent sans avoir de compte à rendre à mon mari. Si j’ai un petit achat à faire, je ne lui en parle pas ; par contre, si je veux changer ma voiture, bien évidemment je lui demande ce qu’il en pense.
On ne doit pas se reposer sur l’un ou l’autre. Si aujourd’hui, j’ai réussi aussi bien dans ma vie professionnelle que dans ma vie familiale, c’est qu’on a su, André et moi être complémentaires dans nos carrières et dans notre vie de couple, qu’on a su discuter, se parler, sans que chacun ne prenne des décisions comme ça, seul et au hasard.
Quand nos enfants étaient encore à la maison, si mon mari voulait aller manger avec ses amis, il n’avait pas besoin de me le demander, juste il me prévenait. Idem pour moi mais quand je demandais à mes copines de sortir le soir, c’était plus complexe et les questionnements étaient toujours les mêmes : “cela va être compliqué, il faut que je vois avec mon mari s’il veut bien garder les enfants, s’il n’a rien prévu…” Mais vous, les hommes, vous vous posez rarement ces questions.
On ne doit pas laisser l’un des deux s’imposer mais accepter le dialogue. Entretenir les différences permet de s’épanouir.

Il y a aussi le professionnel et un aspect carrière ?
Au niveau des carrières, quand on propose un poste de cadre à un homme, il accepte immédiatement même s’il a une femme, des enfants. Une femme va réfléchir aux enfants, à la maison, aux heures qu’il ne faudra plus compter. Dans un couple idéal, l’homme dira, comme la femme, je vais en discuter avec mon mari ou ma femme. Comme je le dis à mes collaborateurs, voyez avec votre compagnon ou votre compagne, parce que j’ai du personnel féminin, et on revoit la proposition.

Comment faites-vous pour nous rendre si grand ou beau ?
Contrairement à ce qu’on peut penser, l’homme a moins confiance en lui que la femme, parce que malgré tout, la femme reste féministe et sexuelle. Les hommes, en majorité, voient la femme comme un symbole sexuel et c’est la façon d’être de la femme qui va faire qu’elle va changer l’homme. On va montrer qu’on vous aime, qu’on est à votre écoute, en usant de nos charmes tant sexuels qu’intellectuels, ce qui va faire que vous allez prendre confiance en vous et vous dévoiler. Un homme devient grand et beau quand il arrive à se dévoiler.
Quand j’entends dire qu’un homme ne doit pas pleurer, je trouve ça scandaleux. Vous vous mettez des carapaces, en vous disant il ne faut pas qu’elle voit que je suis sensible à son charme, il ne faut pas qu’elle sache que je suis allé boire un verre avec une autre… Qui de mieux que la femme, qui deviendra la meilleure amie du compagnon ou l’inverse, pour vous dévoiler ? Pour avoir confiance et prendre confiance en vous, contrairement aux femmes, les hommes doivent se sentir aimés.

On dit que derrière chaque grand homme il y a une femme ?
C’est vrai. La société ne peut pas se passer d’une femme et les hommes ne pourront pas avancer sans les femmes.
Par contre, il y a des tas d’exemples qui montrent qu’une femme pourrait avancer sans homme. Le meilleur exemple est celui d’une mère. Une mère, dès le premier enfant, reconnaît les différents pleurs et va savoir pourquoi son bébé pleure puisqu’il ne sait pas parler. Quand il va commencer à grandir le langage est compliqué, mais là encore la mère va comprendre les attentes de son enfant, s’il a faim, s’il a sommeil, s’il veut aller au pot, s’il veut changer d’habits, s’il veut jouer. La mère le ressent sans que l’enfant l’exprime.
Nous les femmes, rien qu’en vous regardant, sans que vous vous exprimiez, à travers vos yeux, vos attitudes, on est capable de vous comprendre parce qu’on a ce sens inné de tout deviner.
La majorité des hommes ont peur de ne pas être à la hauteur et sont moins méfiant lorsqu’ils se sentent aimer.
Pour ma part, rendre un homme grand et beau c’est rendre un homme heureux, et rendre un homme heureux, c’est surtout respecter ce qu’il est, respecter sa personnalité, le comprendre, l’aider à s’améliorer en restant derrière lui avec tous nos pouvoirs et sans qu’il s’en aperçoive, nous le dirigerons : c’est notre domaine de prédilection.

Monique Senanedj : "Ma vie professionnelle, je l'ai organisée comme ma vie de famille" - Limpact

Quand on dit une femme chef d’entreprise, comment fait-elle ?
Comme à la maison. Mes rôles d’épouse et de mère m’ont donné une force incroyable pour gérer ma carrière.
A la maison la femme sait s’organiser : Qui fait les courses ? Le ménage ? On ne nous a rien appris, on n’a pas suivi de formation pour tenir un balai, pour faire les courses ou le ménage. Qui emmène les enfants à l’école ? Qui les emmène chez le médecin ? Au sport, du moins aux entraînements dans la semaine ? Parce que le dimanche, le père y va sur le gradin pour encourager son petit au foot ou au rugby. Tout ça l’homme ne le fait pas. La femme qui a su structurer sa vie de famille, qui sait que le budget alimentaire c’est tant d’euros par semaine, qu’il faut payer les charges. C’est elle qui fait pratiquement tout. Si ce n’est que l’homme lui dit : ” tu vas faire du shopping, tu es folle ou quoi ?” Sauf que si on fait du shopping, c’est que nous avons mené à bien notre budget.
Mes valeurs familiales ont été primordiales et sont donc un atout important pour mener à bien ma vie professionnelle.

Comment gères-tu le professionnel et la vie de famille ?
Il faut surtout optimiser le temps que nous avons et nous organiser pour profiter de notre famille tout en ayant une vie professionnelle intense.
On arrive très bien à le cumuler, encore faut-il que ton compagnon te laisse la place de t’épanouir dans ta vie professionnelle. Et aujourd’hui, c’est très rare. J’entends des femmes dirent qu’elles voudraient avoir une vie professionnelle intense mais ce n’est pas du goût de leurs compagnons. Mais tu peux t’organiser, aujourd’hui il y a des crèches, des garderies après l’école, on peut s’arranger entre amies, entre voisines… Si nous discutons dans le couple des envies de carrière de l’un et l’autre.
Ma vie professionnelle, je l’ai organisée comme ma vie de famille.
Sécuri-France est une entreprise familiale, nous travaillons André et moi, avec nos garçons mais aussi nos belles-filles. Il est souvent dit à André et à moi, comment vous faites pour travailler et vivre ensemble. Je réponds systématiquement que nous avons tous différencié notre vie professionnelle et notre vie familiale. Au sein de l’entreprise, je reste la Directrice, je ne suis ni mère ni épouse, je considère mes enfants et mes belles-filles comme des collaborateurs et collaboratrices. Et vice versa : au sein de ma famille, je redeviens l’épouse, la mère, la belle-mère. Nous évitons de mélanger nos vies professionnelles et nos vies familiales. Pas toujours avec succès, il faut le reconnaître mais c’est naturel.
Nous allons profiter et user de ces liens et de cet amour qui nous unissent dans notre vie familiale pour remédier à des petits soucis rencontrés de temps en temps au sein de la société : pour un travail mal exécuté, par exemple.

Pour toi, c’est quoi le couple idéal ?
Pour moi, c’est de ne surtout pas croire que mon bonheur va dépendre de mon compagnon ou de ma compagne. Le bonheur se construit à deux. Le couple idéal, c’est celui qui va laisser à l’autre sa part d’oxygène, c’est avancer ensemble, avoir cette complicité qu’elle soit sensuelle, parce qu’on en a besoin, mais surtout ne pas faire abstraction des problèmes de la vie.
Je pourrais comprendre, je suis peut-être stupide de dire ça, une aventure dans un couple, par contre je ne tolérerais pas une liaison. Parce que je dis toujours, qu’elle soit blonde, brune, mince ou grosse, si tu n’as pas su discuter, si tu n’as pas su avancer, si tu n’as pas su donner à l’autre la liberté de s’épanouir, tu rencontreras les mêmes problèmes.
Ne pas être dans un rapport de forces mais sur un pied d’égalité. Respecter chacun la personnalité de l’autre, l’intégrité physique et morale donc son individualité.

Quel conseil donnerais-tu à toutes les jeunes filles ?
Les adolescentes, j’aurais envie de leur dire, surtout si j’avais eu une fille et ce que je dis à mes belles-filles : ne soyez pas dépendantes de quelqu’un ou de quelque chose, ne donnez pas d’importance à l’apparence physique, avancez tête baissée car même s’il y a un échec, on se relève. Assumez-vous pleinement et financièrement

Monique Senanedj et son époux André Senanedj - Limpact

Ton mari idéal ?
Vous attendez tous que je dise que c’est André.
Le mari idéal, il se peaufine, il se travaille au fur et à mesure des jours et des semaines, des années. Personne n’est idéal, tout le monde est parfait. L’idéal c’est qu’on cherche notre bonheur, or il ne peut pas dépendre de quelqu’un. Un bonheur se fait à deux puis à trois et à quatre… quand on a des enfants, une famille. Alors oui, mon mari idéal, c’est André parce qu’il a su me laisser une place, ma place et je sais que ce n’est pas le cas dans beaucoup de couples.

Un dernier mot ?
Il faut que la femme garde son statut de femme, qu’elle soit reconnue comme individu. Pareil pour l’homme. Donc à un moment donné, arrêtons tous ces mouvements féministes, sexistes qui font que nous stagnons et prenons la place que l’on veut bien prendre.
Pour moi, la femme aujourd’hui, est plus influente dans la société que l’homme parce qu’‘elle est plus intègre, plus morale et moins corrompue. C’est pour cela qu’il y a très peu de femmes dans la politique. La femme va user de ses charmes mais pas que ses charmes physiques pour y arriver.
Je ne vois pas à quel moment j’aurais pu user de mes charmes physiques pour amener ma société là où elle est. J’ai trouvé mes atouts et ma force dans les valeurs qui sont les miennes, l’écoute de la personne, le respect, les différences. On ne peut pas respecter quelqu’un sans se respecter soi-même. On ne peut pas aimer quelqu’un sans s’aimer soi-même.

Propos recueillis par Manouk B.

Sécuri-France La Farlède - Limpact