C’est un nom magique dans le milieu du spectacle.
Elle a triomphé sur les scènes du monde entier en chantant et en descendant les marches des casinos de Paris et de Las Vegas. Quant à sa reconversion, elle est exemplaire, tant son talent de comédienne brille sur les planches ou derrière les caméras de cinéma et de télévision.
Sans parler de son investissement pour la cause du SIDA.
Elle a su rallier toutes les critiques, même les plus difficiles, et, dans ce métier du show-biz pas toujours très gentil, elle est adorée de toutes les générations.
Line Renaud, c’est de l’énergie, de la bonne humeur, de l’amour, de la passion…
La voilà repartie pour une grande tournée théâtrale après celle qu’elle fit avec la pièce d’Israël Horovitz « Très chère Mathilde », mise en scène par Ladislas Chollat, où elle partageait la scène avec Samuel Labarthe et Raphaëlle Goupilleau. Aujourd’hui elle est donc à nouveau sur les routes avec “Harold et Maude” de Colin Higgins, mise en scène par Ladislas Chollat – encore lui ! – avec son talentueux jeune protégé : Thomas Solivéres (Intouchables) et Claire Nadeau.
Elle s’arrêtera à l’auditorium du Casino d’Hyères le samedi 4 mai à 21h.
Avec Line, ce sont des années de complicité. J’ai été bercé par ses chansons car ma mère l’adorait et lorsqu’elle chantait “Les enchaînés”, je pleurais. J’avais 10 ans.
Je ne l’ai connue que lors de sa première tournée, en 1981 avec “Folle Amanda” qu’elle reprenait avec maestria après Jacqueline Maillan. De ce jour, nous nous sommes écrit, rencontrés, toujours avec un égal plaisir, un grand bonheur. Toulon, Ramatuelle, Marseille, lors de ses tournées, Le Pradet pour le tournage de “Simple question de temps”…
« Quel bonheur – me confie-t-elle – de revenir dans la région, à Toulon qui est pour moi une ville pleine de souvenirs, sans compter que j’ai de très chers amis à Hyères et c’est donc aussi un plaisir de venir y jouer.
C’est vrai que j’ai surtout des souvenirs de chanteuse car à l’époque, à chaque tournée, je m’arrêtais à l’Opéra de Toulon. Je me souviens d’ailleurs y être passée en 75, de retour de Las Vegas et pour mon ultime tournée puisque je faisais, après cette tournée, le Casino de Paris et que je me suis arrêtée de chanter…
Je suis toujours tellement heureuse de me retrouver dans cette région. Dis-leur bien que j’ai hâte de tous les revoir !
Line, après Madeleine Renaud, Denise Grey, Danielle Darrieux, tu es donc la quatrième Maude !
Oui et ce qui est drôle c’est que Danielle l’a jouée il y a vingt ans chez Jean-Claude Brialy et elle lui avait dit alors : “la prochaine Maude, ce sera Line” ! D’ailleurs, le soir de la première, j’ai reçu un mot magnifique d’elle avec une photo où elle est Maude…
C’est magnifique, non !
Tu avais vraiment envie de jouer ce rôle !
Oui et depuis longtemps. J’ai toujours su que Maude faisait partie de mon destin et que je la jouerais un jour. On me l’avait alors proposé il y a 15 ans mais je me trouvais trop jeune. Il faut vraiment que ce soit joué par une comédienne de 80 ans car la pièce repose sur cette vérité. Denise Grey l’a jouée à 92 ans et elle était un peu trop âgée…
Qu’est-ce qui t’attire chez ce personnage ?
Elle est tellement moi ! Elle me ressemble de cœur, pour son amour de la vie, pour sa lucidité. Ella a un tel amour de la vie, c’est une passionnée qui aime transmettre et lorsqu’elle rencontre ce garçon de vingt ans qui est mal dans sa vie, elle le prend sous son aile, avec légèreté, avec subtilité.
Note bien dans ton article que ce petit Thomas Solivéres est un gosse magnifique. Mais tous les comédiens qui m’entourent sont merveilleux. Car, précise-le aussi, nous sommes neuf sur scène et, chose rare pour un théâtre privé, nous avons huit décors. En tournée nous sommes en tout vingt-deux sur la route et c’est le bonheur car le succès est partout au rendez-vous.
Tu sais, c’est une pièce pleine d’énergie, on rit énormément et il y a aussi des moments d’intense émotion. C’est une bouffée d’optimisme !
Tu as le même metteur en scène…
Oui, Ladislas Chollat. C’est lui qui a mis en scène “Très chère Mathilde”. Je lui ai porté chance car c’était sa première pièce de théâtre. Il a énormément de talent. Je l’aime beaucoup.
Tu es venue bien tard au théâtre et c’était avec la pièce de Barillet et Gredy « Folle Amanda » ! C’est là qu’on s’est connu !
Mais oui, c’est vrai, maintenant que tu me le rappelles, je m’en souviens ! C’était avec les tournées Karsenty-Herbert et c’était ma première pièce de théâtre. C’était… attends… Mon Dieu… en 1981… 32 ans !!!
Comme le temps passe…
C’est incroyable !
Pourquoi y es-tu venue si tard ?
Parce que je chantais, que j’ai fait vingt ans de Casino de Paris et je suis allée chanter dans tous les pays. Fin 79 j’ai fait mes adieux aux Casino de Paris en disant au public : “Ce n’est pas un adieu, ce n’est qu’un au revoir car j’ai d’autres cartes à jouer…”
Loulou m’a alors dit : “C’est quoi tes cartes ?
– Pour le moment, une année sabbatique !”
Début 81 j’étais sur scène avec “Folle Amanda” !
Et voilà que tu as repiqué à la chanson !
Ça n’était pas prévu mais je crois que la chanson était enfouie en moi et qu’elle n’attendait qu’une occasion pour revenir à la surface. Et puis, je rencontrais tellement de gens qui me disaient : “Alors, on vous revoit quand sur scène ?” Les plus âgés voulaient me revoir chanter et beaucoup de jeunes aussi voulaient découvrir la chanteuse… Alors j’ai dit oui. Ça a été une belle aventure. Pourtant Dieu sait si j’ai hésité à revenir à la chanson… C’est toujours le public qui me dicte mon destin.
Un public qui bat celui de Tintin car tu es l’idole de toutes les générations confondues !
Tu es gentil, mon chéri mais je sais que j’ai beaucoup de chance et de voir tout cet amour autour de moi, tant chez les artistes qu’auprès du public qui m’aime et que j’aime infiniment, ça me donne beaucoup de joie et d’émotion.
Referas-tu un disque ou une scène ?
Il ne faut pas dire “fontaine, je ne boirai pas de ton eau”… la preuve, j’ai mis trente cinq ans pour y revenir ! Mais pour le moment je suis au moins occupée… pour deux ans !
C’est-à-dire ?
Cette tournée me met tout autour de la France, la Suisse, la Belgique. Après je tournerai pour la télévision “Jacqueline et Belinda” puis je ferai le premier film réalisé par Didier Van Cauwelaert “J’ai perdu Albert” avec François-Xavier Demaison, Robert Hirsch. C’est un sujet magnifique.
Tu n’arrêtes jamais… Comment fais-tu ?
Je ne sais pas… Si, je sais… C’est dans ma nature, je ne peux pas rester sans rien faire. Et puis, j’ai toujours travaillé et j’ai toujours aimé ça. C’est ma passion. On m’offre aussi de belles choses à faire et tant que je pourrai, tant que je serai en bonne santé, j’aurai des projets.Et puis le public est toujours là et je l’aime autant qu’il m’aime.
Alors… Je continue ma route”
Jacques Brachet