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Mika « Je me perds dans ma musique et j’adore ça »

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On l’avait vu voici deux ou trois ans aux Voix du Gaou et l’on était resté sur sa faim. Une première partie très longue, une seconde… trop courte ! Trois quart d’heure, c’est peu. Mais Mika a grandi, a plusieurs albums à son actif et son spectacle est on ne peut plus jubilatoire tant l’énergie, la sympathie qu’il dégage sont énormes.
Evidemment, en deux secondes il a mis le feu au Théâtre de Verdure de Nice et durant deux heures, debout, on a chanté et dansé avec lui. Des musiciens d’enfer, des lumières magiques, une connivence totale avec lui, un lâcher de ballons, un lâcher de confettis, c’était la fête avec ce grand bonhomme talentueux et attachant. Ce fut vraiment… crazy !

On avait rendez-vous à 17h30 au Théâtre de Verdure de Nice avec Mika qui ouvrait le festival « Crazy Week ». Nous avons dû attendre une heure en plein soleil qu’il finisse sa répétition. Mais ensuite, notre rencontre a été un vrai bain de fraîcheur tant cette boule d’énergie a la vraie gentillesse, la joie de vivre et de chanter qu’il nous raconte avec un cœur gros comme ça.
Réservé, presque timide, sensible, il s’illumine lorsqu’il parle musique… Et lorsqu’il est sur scène alors là, c’est un feu d’artifice de rythme, de bonheur. Le petit lapin Duracel ce n’est rien à côté de lui ! Il est monté sur ressorts et nous apporte une incroyable joie de vivre, de chanter, de danser avec lui. La soirée fut un enchantement.
Tout d’abord il s’excuse de son retard car il est d’une politesse extrême.

« Ce n’est que mon quatrième concert de l’été, ça faisait cinq ans et demi que j’avais les mêmes musiciens et je viens d’en changer et je viens d’ajouter trois nouvelles chansons de mon dernier disque alors tous les soirs je répète car je suis un perfectionniste. Je teste, je cherche ce qui sera le mieux et surtout… je me réhabitue à la scène.

C’est le genre de chose qui se perd ?
Pour ma part oui. J’avais arrêté voilà plus d’un an et demi, fatigué et c’est vrai que j’avais vraiment besoin de ne plus en faire et puis, lorsque j’entre en studio, j’oublie toute autre chose. Je me concentre, j’adore être en studio et la scène ne me manque pas. Lorsque j’y retourne il me faut une période d’adaptation. Au début, je me sens comme un étranger. Vous savez, il y a deux Mika : celui de la scène et celui de la vie de tous les jours.

Voilà que vous nous offrez pour la première fois des chansons en français…
Il y a longtemps que j’ai envie de le faire mais, si je m’exprime assez bien en français, il n’en est pas de même pour écrire. Il me fallait donc trouver la bonne personne et avec Dorian, je me suis trouvé un alter ego. Nous sommes sur la même longueur d’onde, il comprend ma sensibilité et tout de suite nous nous somme reconnus. Nous nous sommes enfermés dans un petit studio de St Rémy de Provence et très vite nous avons écrit la première chanson : « Karen », souvenir d’une rencontre dans un bar parisien, le 82.

Que vous a apporté Dorian ?
Une certaine façon de voir les choses, une façon de me renouveler, d’avoir une nouvelle inspiration tout en restant le Mika que l’on connaît, que les gens aiment. Je pense que dans ces chansons on me reconnaît quand même. Et puis surtout, une nouvelle envie de rechanter.

Pourquoi, vous n’aviez plus envie ?
Durant un an et demi je n’avais plus le désir d’écrire. Il y a eu plein d’événements, de changement dans ma vie dont un très grave accident arrivé à ma sœur qui m’a fait tout arrêter. Là, je me suis posé des questions : pourquoi chanter par rapport à ce genre d’événement ? Et puis tout est rentré dans l’ordre et une fois ma sœur remise, j’ai eu besoin de faire le point, de m’interroger. Je suis parti à Nouméa durant six mois. Une fois arrivé là-bas, le premier soir j’écrivais une chanson.
Et puis, je suis tombé amoureux et j’ai commencé à écrire une sorte de journal intime et pour la première fois, je me suis rendu compte que j’écrivais en parlant de moi… Ça a été un déclic.

Vous écrivez souvent des textes graves mais votre musique, elle, reste festive !
(Il sourit) Ça, ce doit être mon tempérament libanais qui ressort. Vous savez : on est en guerre, pourtant on mange tranquillement dans un restaurant. Mes chansons, c’est un peu ça. Les textes sont graves, quelquefois même totalement déprimants mais chantés avec une certaine légèreté, sur des musiques qui font danser. Je crois que les mélodies joyeuses donnent de la force et, mélangées à des paroles plus quotidiennes, ça donne une certaine puissance.

Lorsque vous écrivez une chanson, qu’est-ce qui vient en premier : la musique ou les paroles ?
C’est très bizarre car j’écris les deux complètement en même temps. Et avec Dorian, c’est pareil, une mélodie entraîne un texte et vice-versa.

Quelles ont été vos influences artistiques ?
La pop, comme la musique des Bee Gees car en plus des mélodies, il y avait la voix. Et je suis très sensible aux voix. Elton John aussi. C’était ce que j’appelle « la pop dorée » car les claviers avaient du caractère et on entendait de vraies voix. Dans la musique électro il y a de bonnes choses mais je n’aime pas en abuser, ce n’est pas complètement moi.
Il me faut aussi un côté humain avec de vrais instruments.

Avez-vous eu des idoles ?
Non, jamais. J’aimais LA musique, toutes les musiques. J’écoutais tout ce qui passait car c’est avant tout la musique qui m’intéresse. Je peux apprécier plein de choses, plein de chanteurs mais il n’y a jamais eu une photo de qui que ce soit punaisée dans ma chambre. En plus, lorsque j’aime un artiste, je n’ai surtout pas envie de le rencontrer car j’ai peur d’être déçu. Je préfère rester sur le mystère. J’ai cité cette phrase : « Il faut détruire les idoles avant qu’elles ne te détruisent ! »

Comment concevez-vous un spectacle ?
Il faut que ce soit à la fois musical et théâtral. J’aime que ce soit accompagné d’éléments visuels, qu’il y ait des effets de surprise, qu’il y ait aussi de la magie. Il faut que ça commence en noir et blanc que ça finisse en couleurs.

Parlez-nous de vos projets à venir.
Cette été je ne tourne que dans des festivals car l’été, le plein air, c’est festif et ça me permet de régler ce nouveau tour. Puis il y aura une grande tournée des zéniths et autres grandes salles et je ferai le Casino de Paris car c’est une de celles que je préfère. C’est une belle salle qui a une belle histoire. Mais mon rêve serait de faire une nuit au Châtelet car je garde le souvenir d’une salle similaire lorsque j’avais 11 ans : l’Opéra Royal de Londres. Y entrant, voyant ces rouges, ces ors, je me suis dit : « C’est mon monde » !

Vous dites dans une chanson que l’amour et la musique sont votre drogue…
Et c’est vrai, je ne pourrais vivre sans l’un ou l’autre. Côté musique, j’en suis même devenu esclave, quelquefois je me perds dans ma musique mais j’adore ça. Et lorsque je vois les fans hurler, danser, connaître toutes les paroles de mes chansons, ça me réchauffe le cœur et je me dis que je ne me suis pas trompé et que ce que je fais, ça vaut le coup ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet