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Odile vuillemin, profileuse de charme

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Avec sa chevelure rousse, sa tenue vestimentaire improbable, sa mine boudeuse, son regard bleu, Odile Vuillemin, en quelques saisons, a conquis le public avec la série de  TF1 “Profilage”.
Une équipe de choc qui, au départ, voit arriver Chloé, cette profileuse clinicienne originale avec expectative, énervement et même beaucoup d’ironie mais qui devra s’incliner peu à peu sur sa façon positive d’aider à l’enquête et à retrouver les coupables.
Elle est inattendue, touchante, mystérieuse et Odile Vuillemin s’est glissé dans la peau de son personnage avec délice.
Rien au départ ne la prédestinait à être comédienne et voilà qu’après quelques films comme “Un long dimanche de fiançailles” ou encore “Podium” où elle incarne une Claudette, elle se hisse au top des comédiennes du petit écran avec cette belle série française.
Rencontre de charme à La Rochelle au festival de la Fiction TV où elle a signé des autographes à tour de bras.

Odile, vous attendiez-vous à ce succès ?
Vous savez, le succès, on ne l’attend jamais, on ne le calcule pas au départ même si on l’espère. On choisit un rôle, on le joue et à l’arrivée on ne sait jamais ce qu’il va donner. D’ailleurs, on ne réalise pas tout de suite ce succès, et lorsqu’on s’en rend compte, c’est assez déroutant.

Aviez-vous des velléités de devenir comédienne ?
Pas du tout… J’ai fait plein de choses, j’ai passé un bac sciences, puis HEC, j’ai étudié le Chinois et même le Tahitien ! J’ai aussi fait de la psycho et j’ai travaillé chez un antiquaire… Vous voyez, j’étais très loin de ce métier de comédienne !

Mais alors ?
Mon père, qui était ingénieur, disait que j’avais des dons de comédienne et qu’au lieu de partir dans tous les sens, je devais l’exploiter… “Au moins, que tu fasses quelque chose d’utile”, me disait-il.
Vous avez quand même pris de drôles de chemins de traverse !
Oui mais j’aime ça, c’est dans mon tempérament, je suis curieuse de tout, j’aime découvrir des choses et je trouve que ce n’est pas drôle de suivre le chemin que tout le monde prend. C’est dans ma normalité de ne pas faire des choses… normales ! Mais c’est vrai que j’ai eu du mal à trouver ma voie… A un moment j’ai voulu aussi devenir ethnologue !

C’est donc le hasard si aujourd’hui vous avez choisi cette voie ?
Si l’on veut. J’aime à dire que c’est la vie. C’est “ma” vie. J’ai commencé à faire du théâtre et tout s’est alors enchaîné.

Et ce rôle de Chloé St Laurent ?
Il m’est tombé sur la tête. Je sortais d’une pièce de théâtre, je suis allée faire un casting, j’ai rencontré le réalisateur et le producteur… Et voilà !

Ce rôle est très spécial, souvent ambigu, complexe… Comment y entre-t-on ?
Comme on peut ! Je pense que mes études de psy m’ont beaucoup aidée et j’aimais ce côté décalé car Chloé est à la fois lunaire, un peu à côté de ses pompes mais elle a les pieds sur terre. Elle a aussi un passé trouble et est très intériorisée. En fait, je l’ai jouée comme je l’ai ressentie et j’ai fait en sorte qu’il y ait une interaction entre le personnage, mon ressenti, sa personnalité et la mienne.

Vous vous y retrouvez ?
Je m’y retrouve effectivement. Elle a autant de moi que moi d’elle.

Odile Vuillemin et l'équipe de Profilage

Les vêtements, le fameux sac jaune… Ça craint un peu, non ?
(Elle rit). Je plaide coupable ! Oui ça craint mais ça va avec le personnage qui est mal dans sa peau et qui donne en quelque sorte le change avec cette façon de s’habiller. Au départ le réalisateur voulait que je sois sexy et que j’assume. Or, je crois que si Chloé est sexy c’est à son insu, sans s’en rendre compte car elle ne fait rien pour. Elle l’est malgré elle, ça déborde d’elle-même. Aussi, je voulais que sa façon de s’habiller assez inattendue soit à l’encontre de sa personnalité plutôt discrète. Il fallait des trucs voyants et je les ai trouvé à Londres. Je me suis fais prendre en photo avec et j’ai tout envoyé au metteur en scène. Il a trouvé ça marrant. Ça donne au personnage un côté improbable et aussi un peu fantaisiste que j’aime bien car c’est vrai qu’elle ne l’est pas trop dans sa vie. Mais ce côté improbable est cohérent avec le personnage car elle est différente mais reste crédible… C’est en quelque sorte le raté qui marche.

Et cette façon de tenir son sac, le bras replié…
Ça, c’est mon côté psy qui est ressorti. C’est pour moi, sa façon à elle de se protéger de la vie, des autres et d’elle-même, c’est une distance qu’elle met avec les autres.

N’avez-vous pas peur, vu le succès de la série, d’être trop marquée par ce rôle ?
Non, car il est tellement décalé qu’il ne ressemble à aucun autre, on ne peut pas vraiment l’associer à un autre personnage. J’avoue cependant qu’au début, j’ai eu un peu peur de ça mais aussitôt mon agent m’a fait faire des choses très différentes entre deux tournages de la série. J’ai donc joué une actrice de porno repentie, une amante déçue par la vie…

Pas encore lassée de ce rôle ?
Non car je l’aime et je sens que je peux encore le faire évoluer dans de multiples directions. Il n’y a donc pas de lassitude. Entre temps, j’ai aussi changé de partenaire, Philippe Bas ayant remplacé
Guillaume Cramoisan. Dans la série nous formons un duo et nos personnages se construisent ensemble. Tous deux ont des personnalités différentes et j’ai donc dû m’adapter à Philippe et ça c’est excitant et de plus, ça relance l’intérêt de la série.

Et le cinéma dans tout ça ?
J’ai très envie d’y retourner mais c’est comme pour le théâtre. Il y a un rythme assez effréné, on tourne deux épisodes sur deux mois et l’on reprend après trois semaines d’arrêt. Difficile entre les deux de pouvoir faire autre chose, le temps est trop court. Quant au théâtre, je ne me vois pas tourner toute la journée et filer jouer le soir. Donc difficile de faire autre chose.

D’après vous, qu’est-ce qui fait le succès de cette série qui est la nième policière du genre ?
Justement ce personnage atypique que l’on n’a pas l’habitude de voir chez nous. Dans les séries françaises, on trouve rarement des personnages aussi décalés. On retrouve ce genre de personnages dans les séries anglo-saxonnes et son originalité, sa force, c’est peut-être plus la personnalité du personnage que la force de l’intrigue, même si les intrigues tiennent la route.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier