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Pascal Orsini – La BD dans tous ses états

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Le festival de BD de Solliès-Ville connaîtra sa 28ème édition du 26 au 28 août prochain. Nous avons donc passé un moment avec Pascal Orsini, chef d’orchestre de la manifestation, qui a décortiqué pour nous l’organisation prévue pour cet événement de taille, les intervenants attendus, les animations… Bref. Vous allez tout savoir.

Bonjour Pascal Orsini, comment s’annonce cette 28ème édition du Festival de BD de Solliès-Ville ?
Elle s’annonce très riche, aussi bien par les auteurs que nous allons accueillir que par les animations qui vont jalonner les trois jours de ce bel événement.
Cette année notre invité d’honneur est Hervé Barulea dit Baru. En effet, l’auteur qui a gagné le Grand Prix du précédent festival, ce qui était son cas, devient de fait l’invité d’honneur de l’édition suivante. C’est également lui qui crée l’affiche. Elle évoque toujours la BD et le village de Solliès-Ville donnant naissance à des créations toutes plus splendides les unes que les autres. Une exposition d’une cinquantaine de planches originales de BARU sera mise en place dans la salle d’expo du Moulin d’Oli.
Aux côtés de Baru viendront une cinquantaine d’auteurs de bandes dessinées, originaires du monde entier, offrant ainsi un large panorama de la BD actuelle. Un coup de projecteur spécial sera donné sur la BD asiatique (Manga et Manwa) avec la venue simultanée d’auteurs chinois, coréens et japonais.

Affiche de Baru, qui a gagné le Grand Prix du festival l'an passé, pour le 28e festival BD de Solliès-Ville - Limpact

Pouvez-vous nous donner une première liste d’auteurs attendus pour le festival ?
Comme je l’ai dit, ils seront 50 au total. Les auteurs ayant accepté l’invitation à ce jour sont : BARU, Alessandro BARBUCCI (Italie), BATEM (Belgique), Charles BERBERIAN, Joan BOIX (Espagne), Serge CARRERE, Eric CARTIER, COSEY (Suisse), Didier CRISSE, Michaël CROSA, DANY (Belgique), Zao DAO (Chine), DAVID B., Jean-C. DENIS, FRANK (Belgique), Philippe GAUCKLER, Loïc JOUANNIGOT, Grazia LA PADULA (Italie), Nolwenn LEBRETON, Emmanuel LEPAGE, Thierry MARTIN, José-Luis MUNUERA (Espagne), Renaud NATTIEZ, Julien NEEL, NOB, Frédéric PILLOT, Michel PLESSIX, Jean-Marc PONTIER, Tony SANDOVAL (Mexique), Gilbert SHELTON (USA), Paolo Eleuteri SERPIERI (Italie), SICOMORO (Italie), Gradimir SMUDJA (Serbie), Masashi TANAKA (Japon), Johan TROÏANOWSKI, WASTERLAIN (Belgique), YOANN.
Une très belle palette d’auteurs très variés en mesure de faire connaître la BD sous toutes ses facettes et dans un spectre international.

Quelle installation prévoyez-vous ?
Nous accueillons les auteurs dans des petits chapiteaux répartis sur la place du village et dans la cour de l’école. Les séances de dédicaces se tiennent en fin de matinée et fin d’après-midi. L’accès du village est uniquement piéton bien entendu. Cinq librairies participent aussi à l’événement ainsi que des éditeurs. Vous pouvez trouver des stands de livres neufs, de BD d’occasion tenus par des bouquinistes, ou de libraires spécialisés dans la BD de collection.
Depuis quelques années, nous avons créé un espace réservé à la littérature jeunesse pour que les auteurs de BD pour enfants et les illustrateurs de cette littérature bien spécifique se retrouvent dans un lieu unique. C’est un concept très apprécié par les auteurs comme par le public. Il y aura aussi un espace consacré aux fanzines (un fanzine (contraction de l’expression anglaise « fanatic magazine ») est une publication imprimée périodique ou non créée et réalisée par des amateurs passionnés pour d’autres passionnés qui s’auto éditent).

Quelles sont les animations prévues autour du festival ?
Il y en a de nombreuses. En amont du festival, nous organisons un stage de BD gratuit, ouvert aux jeunes entre 10 et 20 ans, la formation étant assurée par 3 auteurs de BD. Cette année les artistes formateurs seront José-Luis Munuera (Espagne), Tony Sandoval (Mexique) et Gradimir Smudja (Serbie). Ils ont chacun un univers bien marqué ce qui rendra la formation extrêmement riche.
Les stagiaires peuvent, au moment du festival, participer au concours que nous organisons chaque année pour les amateurs de toute la France qui le veulent en nous soumettant une reproduction d’une planche conçue par leurs soins et que le jury récompense à l’issue des trois jours de la manifestation.
Nous organisons également des « lectures en peinture » : sur un texte lu par Patrick Sirot, artiste et enseignant, un artiste peint des planches. C’est Franck Pé, un dessinateur belge, qui fera les illustrations cette année encore. C’est impressionnant de voir ces réalisations faites en direct.
L’auteur coréen qui vient nous a également soumis l’idée séduisante de faire des battles entre dessinateurs. Donc, le programme s’annonce passionnant.

Y aura-t-il des conférences ?
Nous avons prévu des tables rondes. Une première sur la bande dessinée italienne qui est assez spécifique dans ce sens qu’il n’y a pas vraiment d’éditeur de bande dessinée en Italie. Les dessinateurs italiens sont donc presque tous obligés de travailler en France. Par ailleurs, en Italie, il y a deux courants de dessinateurs de BD. Le premier, l’école de Topolino – Mickey en italien – où se décline le personnage de façon plus libre, moins formatée que par Disney. Les auteurs peuvent créer de nouvelles histoires de Topolino, de nouveaux personnages. Et le deuxième, l’école des Dylan Dog, Martin Mystère, etc, où les auteurs travaillent pour ces fumetti de l’éditeur récemment disparu, Sergio Bonelli, et reprennent des personnages existants pour leur écrire de nouvelles aventures. Ces auteurs sont donc un peu bridés dans leur créativité et la liberté c’est de venir travailler pour la France. Nous aurons des artistes formés aux deux écoles qui pourront, autour de la table, nous parler de ces difficultés. C’est d’ailleurs aussi le cas pour l’Espagne, l’Allemagne, la Suisse… La bande dessinée sous forme d’album avec couverture cartonnée est une spécificité franco-belge. Les comics américains ou les mangas au Japon n’étaient pas faits non plus pour être conservés mais jetés à la fin de la lecture. C’est d’ailleurs pour cela qu’aujourd’hui certains exemplaires rares sont vendus une fortune : personne ne les a gardés. C’était du jetable.
Enfin, la deuxième table ronde, qui aura vraisemblablement lieu le dimanche, portera sur l’universalité de l’œuvre de Hergé. Qu’est-ce qui fascine tant dans l’univers de Hergé ? Un vaste programme.

L’association ALIEN dont vous êtes le président et qui organise le festival mène des actions humanitaires. Pouvez-vous nous parler des livres que vous éditez en ce sens ?
Depuis sa création, l’association A.LI.EN. (Association LIttérature ENfantine) édite régulièrement des livres à but humanitaire. Regroupant autour d’un thème commun des dessins d’auteurs invités, ces albums collectifs sont vendus au profit d’associations ayant pour but soit de préserver l’environnement, soit de venir en aide à des populations dans le besoin. En général, il y en a un premier livre dont le texte est écrit par les enfants de l’école de Solliès-Ville et illustré par un des auteurs du festival et un deuxième, fruit de la collaboration entre plusieurs auteurs. Cette année, les enfants ont donc travaillé sur l’album « Là où souffle la brise », illustré par Gradimir Smudja. Cet auteur serbe a également entièrement créé un deuxième album, Lettre à Antoine, qui est l’histoire de Lucie la baleine. Tous les fonds récoltés grâce aux ventes de cet album seront reversés à Sea Shepherd France.

Si tout cela ne vous a pas donné envie de lire, je vous dis en langage BD : SNIF ! PFOUAH ! BOOM ! Mais je vous souhaite un bon ZZZZZZZZZ… et vous fais quand même un SMACK !

Toutes les informations sur le festival sur www.festivalbd.com

Karine Perrier