Dire qu’il ressemble à son père est un lieu commun qui doit d’ailleurs commencer à lui peser. Mais ce qu’il doit apprécier c’est qu’aujourd’hui, après avoir dit : “Thomas Dutronc, le fils de…” on commence à dire : “Jacques Dutronc, le père de…”.
Sans oublier Françoise Hardy, sa mère bien sûr.
Après avoir travaillé avec amour la guitare manouche et avoir vécu en dilettante de chansons qu’il composait pour sa famille et quelques autres, il s’est mis à travailler vraiment avec Henri Salvador puis Bireli Lagrène et enfin en écrivant quelques musiques et chansons de films (Les Triplettes de Belleville, Toutes les filles sont folles, entre autres).
Au départ il voulait jouer de la musique, pas plus. Du jazz manouche puisque c’est celle-là qui l’attire et ce n’est pas pour rien que son premier album Comme un manouche sans guitare annonce la couleur. Avec la voix et le physique de son père, la pudeur de sa mère, peu à peu il s’est mis en avant en chantant. Avec légèreté et humour, avec élégance, avec un look de garçon très sage… qu’il n’est pas vraiment !
Bon sang ne saurait mentir.
Après avoir vendu plus de 600.000 exemplaires de son album Comme un manouche sans guitare (disque de diamant) et donné plus de 600 concerts lors de la tournée qui le place 3ème après Johnny Hallyday et Christophe Maé, Thomas Dutronc s’est remis à l’écriture de chansons et voici déjà quelques semaines qu’il nous a offert
Silence on tourne, on tourne en rond avec une nouvelle fois le succès que l’on sait. Et ses chansons tournent dans nos têtes.
Du titre d’ouverture Turlututu au single Demain, difficile de s’en défaire : sans clinquant ni effet tape-à-l’œil, ces mélodies nous reviennent insidieusement au détour d’une balade.
Et même si l’ensemble peut sembler disparate, il a sa cohérence. Tout l’album, aux accents rock dominants, mais accueillant également des bossas et des swings irrévocables, est tenu par un même fil rouge : Silence on tourne, on tourne en rond est un disque qui se situe dans la dernière ligne droite de l’insouciance, lorsque, entre deux claquements de verre, on hésite entre l’envie de se projeter dans une vie d’adulte très sérieuse (pour rester poli) et l’envie de se laisser envahir quelques instants encore par ce gamin qui dort en soi (mais que d’un œil). « J’arrive à un âge où les impératifs familiaux sont de plus en plus serrés.
Heureusement, j’ai la chance de pouvoir tomber encore en embuscade. La liberté de pouvoir s’autoriser ces moments-là c’est ce qui définit tous mes copains. »
Thomas Dutronc s’est créé une bande qui tient dans une (grande) roulotte, toujours prête au départ – d’où la pochette du disque esprit Barnum Circus réalisée par Yann Orlan.
Le revoici donc sur les routes avec sa guitare, ses musiciens, sa roulotte, son flegme et son regard détaché des choses, son talent sûr de guitariste et de compositeur et cette voix de tête reconnaissable entre toutes… sauf une… Cherchez !
Jacques Brachet